Côte d’Ivoire: le procès des assassins du général Guéï peine à démarrer

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Le procès des assassins du général Guéï, ex-président et putschiste, et de ses proches ouvert jeudi 17 décembre, a été renvoyé au 21 janvier 2016. Toutefois, l’audience a permis d’en savoir un peu plus sur les conditions de son exécution le 19 septembre 2002.

Le 18/12/2015 à 18h12

Le ministère public, est revenu dans son exposé sur de plus amples détails mettant directement en cause deux proches de l’ex-président Laurent Gbagbo sur qui d’ailleurs avait toujours pesé des soupçons.

Il en ressort que le général Guéï, qui s’était réfugié à la Cathédrale Saint Paul du quartier des affaires (le Plateau), non loin de sa résidence, dans la matinée du 19 septembre 2002, y a été extrait par le général Dogbo Blé, le commandant de la Garde présidentielle de Laurent Gbagbo (ce dernier était en voyage officiel en Italie), avant d’être remis sur le champ au capitaine de gendarmerie Anselme Séka Yapo (dit Séka Séka), alors garde-de-corps de l’ex-Première dame, Simone Gbagbo.

La suite est connue, le général est retrouvé mort (en compagnie de son aide-de-camp Fabien Coulibaly), tué de six balles de 9 et 7,2 mm, habillé en tenue de sport, aux abords de la Corniche (voie menant à la commune résidentielle voisine de Cocody).

A l’époque, le régime en place avait soutenu qu’il avait été tué alors qu’il se rendait à la télévision ivoirienne pour annoncer sa prise du pouvoir (une tentative de coup d’Etat était en cours).

Concernant son épouse Rose Doudou Guéï, l’audience a permis d’apprendre qu’elle a est décédée «de mort violente», au domicile familial de deux balles, une à la tempe et l’autre à la jambe, sans autre précision.

Le contexte

Ex-Chef d’état-major de l’armée ivoirienne, le général Guéï avait connu des déboires en 1995, accusé de tentative de coup d’Etat, avant d’être mis à la retraite. Mais le 24 décembre 1999, il prend la tête de la junte militaire qui renverse l’ex président Henri Konan Bédié à l’occasion du premier et unique coup d’Etat (réussi) qu’ait connu le pays.

Indiquant être venu «balayer la maison avant de se retirer», Robert Guéï avait fini par se présenter par l’élection présidentielle d’octobre 2000. Une élection dont les résultats contestés avaient occasionné des marches populaires (et des violences qui l’avaient contraint à céder le pouvoir) et avait vu la prise du pouvoir par Laurent Gbagbo, réclamant la victoire des urnes.

Depuis, le général à la retraite s’était mué en farouche opposant politique jusqu’à son assassinat le 19 septembre 2002, à la faveur d’un coup d’Etat manqué qui a évolué en une rébellion armée. Il était accusé d’être le cerveau de l’opération. 

19 prévenus

Dix-neuf prévenus, essentiellement des militaires, accusés d’assassinat et complicité d’assassinat, ont été présentés ce matin au procès dont Dogbo Blé, Anselme Séka, désigné comme le présumé coupable, ainsi que Affi N’Guessan, alors Premier ministre (et actuel chef du FPI, le parti de Gbagbo) et Lida Kouassi, ministre de la Défense à l’époque, en qualité de témoins.

Le tribunal a justifié le renvoi de l’audience par la nécessité de donner le temps à l’accusation et à la défense de mieux se préparer dans les débats. Une position soutenue par le procureur militaire Ange Kessi, arguant que le procès, une première en Côte d’Ivoire, se devait d’être exemplaire. Une stature attaquée aussitôt par Me Mathurin Dirabou, l’un des avocats des accusés, dénonçant un «amateurisme» et une «instruction bâclée et faite uniquement à charge».

Par Georges Moihet
Le 18/12/2015 à 18h12