Belgique: reprise du procès des amis de Abdelhamid Abaaoud

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Le procès en appel d'une importante filière de recrutement de combattants pour la Syrie s'ouvre ce jeudi à Bruxelles, avec pour figures centrales un mentor et une égérie du jihad autour desquels gravitaient certains auteurs des attaques de Paris, dont Abdelhamid Abaaoud.

Le 28/01/2016 à 09h01

La justice belge avait ouvert son enquête dès avril 2012 en se fondant sur un rapport des services de renseignement indiquant que des "réunions séditieuses à visée jihadiste" se tenaient dans un appartement de Molenbeek, une commune populaire de Bruxelles, en présence notamment d'un certain Khalid Zerkani.

Cet homme aujourd'hui âgé de 42 ans, arborant une longue barbe, fréquentait notamment le Belgo-Marocain Gelel Attar, arrêté le 15 janvier dernier à Casablanca (Maroc) pour ses "liens avec certains des auteurs des attentats de Paris".

Attar était parti en Syrie en septembre 2012 avec Chakib Akrouh, dont on sait aujourd'hui qu'il a été l'un des membres des commandos jihadistes du 13 novembre et qu'il s'est fait exploser lors de l'assaut policier de Saint-Denis (nord de Paris) cinq jours après.

Une autre figure clé des attentats parisiens faisait également partie de cette mouvance: Abdelhamid Abaaoud, mort lui aussi à Saint-Denis.

Tout comme Ilias Mohammadi, un proche d'Akrouh et de Mohamed Abrini, ce dernier étant soupçonné d'avoir participé aux repérages de Paris avec son ami Salah Abdeslam et qui est, comme Abrini, toujours recherché.

A son retour de Syrie le 25 mai 2014, Ilias Mohammadi était "armé et très nerveux, représentant un danger", selon la Sûreté de l'Etat belge. Lors de son arrestation un mois plus tard, il était "sur le point de commettre des exactions non définies, étant toujours intégré dans une cellule à visée terroriste", selon l'enquête. En outre, "de nombreuses munitions" ont été trouvées à son domicile, "mais aucune arme".

Surveillés mais en liberté

Bien qu'étroitement surveillée, la mouvance Zerkani a été laissée en liberté, ce qui a permis à plusieurs de ses membres de multiplier les aller-retour en Syrie, jusqu'à ce que la police procède à de vastes coups de filet début 2014.

Finalement, l'enquête a débouché sur un procès, qui s'est tenu au printemps devant le tribunal correctionnel de Bruxelles. Les 32 prévenus - dont seuls 13 étaient présents à l'audience - étaient poursuivis, non pour la préparation d'attentats mais pour avoir constitué un "groupe terroriste" spécialisé dans le recrutement de combattants pour la Syrie.

Les 19 autres étaient jugés par contumace, la justice les soupçonnant d'être en Syrie ou d'y avoir été tués.

Dans son jugement, rendu le 29 juillet 2015, le tribunal avait prononcé deux acquittements et 30 peines de réclusion, dont 20 ans ferme pour Abaaoud, 5 ans pour Attar et Akrouh et 7 ans pour Mohammadi.

Khalid Zerkani, lui, avait écopé de 12 ans. Il a fait appel, tout comme Fatima Aberkan (8 ans de prison), sa soeur Naïma Aberkan (10 mois avec sursis) et Maria Rita Grillo (2 ans avec sursis).

«Comportement imprévisible»

Le jugement soulignait le "rôle extrêmement néfaste qu'un gourou autoproclamé comme Khalid Zerkani peut jouer dans la propagation d'idées extrémistes au sein d'une jeunesse naïve, fragile et exaltée". Zerkani isolait des "disciples", souvent très jeunes, pour "susciter leur révolte et leur exaltation afin de les convaincre de rallier les terres de jihad".

Il a "œuvré à corrompre la mentalité de la jeunesse d'un quartier entier" de Molenbeek, avait résumé le tribunal, expliquant que ces jeunes étaient poussés à commettre des vols pour financer "la cause" et leurs voyages en Syrie.

Dans un autre volet du dossier, "on observe qu'une quantité de candidats-jihadistes partis sur zone sont issus du milieu du banditisme" et plus motivés par la "volonté de se lancer dans une vie aventureuse" que par des "motivations religieuses", relevait le jugement.

La seconde figure du procès en appel qui s'ouvre jeudi est Fatima Aberkan, 55 ans. "En agissant en égérie exaltée de l'idéologie jihadiste, elle a contaminé tout son entourage", selon le jugement.

Le tribunal avait averti qu'"à leur retour en Belgique, il y a lieu de craindre le comportement imprévisible d'individus qui étaient déjà peu équilibrés à l'instant de gagner la Syrie".

Le 28/01/2016 à 09h01