Amnesty International dénonce une "répression sélective" des médias en Algérie

Abdelaziz Bouteflika à l'hôpital de Grenoble après un accident vasculaire cérébral en 2013.

Abdelaziz Bouteflika à l'hôpital de Grenoble après un accident vasculaire cérébral en 2013. . Le360

Amnesty International a dénoncé, vendredi, une "répression sélective" des médias en Algérie, appelant les autorités de ce pays à "respecter, protéger et promouvoir" la liberté de la presse.

Le 02/07/2016 à 10h45

"Les restrictions à l’encontre des médias indépendants ont augmenté ces derniers mois", relève la section locale d’Amnesty International dans un communiqué publié sur son site, considérant la mise en garde du ministre de la communication adressée il y a trois jours aux chaînes de télévision privées comme un "message dissuasif", contestant la loi relative à l’activité audiovisuelle qui manque de clarté.

L’ONG de défense des droits de l’Homme critique notamment la gestion du dossier des télévisions privées par le gouvernement. "La loi ne précise pas le délai dans lequel les autorités doivent répondre aux demandes d’autorisation et elle ne permet pas de contester ce délai devant une autorité judiciaire, ce qui expose les chaînes au risque de censure par le biais de délais non raisonnables", avertit l’organisation de défense des droits de l’Homme.

AI dénonce également les poursuites contre les cadres de la chaîne privé KBC, qui "risquent jusqu’à 10 ans de prison" à propos des autorisations de tournage de deux émissions satiriques enregistrées dans des studios utilisés par une autre chaine sans qu’elle ne soit inquiétée.

Le directeur de KBC appartenant au groupe de presse El Khabar et le producteur d’une émission satirique qui traite sur le mode de la dérision des problèmes que vivent les Algériens, ont été placés la semaine dernière en détention préventive, rappelle-t-on.

L'organisation de défense de la liberté de la presse Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé dans un communiqué une "atteinte au journalisme indépendant", appelant "les autorités à ne pas entraver le travail" de la chaîne KBC.

Une directrice centrale au ministère de la Culture a également été placée en détention préventive dans cette affaire, tandis que le directeur général du groupe El-Khabar, Zahir Smati et sa comptable sont cités comme témoins.

Cette nouvelle affaire intervient alors que la justice algérienne, saisie par le gouvernement, a suspendu le 15 juin le rachat du groupe de presse El-Khabar par le milliardaire Issad Rebrab, qui se dit traqué par le régime.

Réputé pour son opposition au président algérien Abdelaziz Bouteflika, ce groupe de presse comprend l'un des principaux quotidiens algériens (du même nom, un des plus forts tirages du pays), la chaîne de télévision KBC, une imprimerie et une société de diffusion. Une décision sur le fond sur le rachat du groupe devrait être rendue "au plus tard le 15 juillet".

Depuis plusieurs mois, les médias sont dans la ligne de mire du régime algérien, menant une véritable purge toutes les voix dissonantes, particulièrement celles ayant décrié la réélection du président Bouteflika pour un quatrième mandat en avril 2014.

Plusieurs journaux ont déclaré être privés des annonces publiques, leur principale source de subsistance contrôlée par l'Agence nationale de l'édition et de la publicité (Anep), chargée de la mise en œuvre de la politique officielle dans ce domaine.

Le 02/07/2016 à 10h45