Ali Benflis: «L'Algérie connaît une crise politique profonde»

Ali Benflis, ancien Premier ministre algérien et président de «Talaie El-Hourriyet».

Ali Benflis, ancien Premier ministre algérien et président de «Talaie El-Hourriyet». . DR

L'Algérie connaît une crise politique profonde dont l'issue consiste à redonner la parole au peuple, à travers le retour à l'urne, a affirmé samedi 24 mars Ali Benflis, ancien Premier ministre algérien et président de «Talaie El-Hourriyet».

Le 25/03/2018 à 13h48

«Il n' y a pas d'autres issues à la crise que le retour à la souveraineté populaire, à la légitimité politique et institutionnelle», a déclaré Ali Benflis à l'ouverture des travaux de la cinquième session du Comité central du parti, tenue à la Mutuelle générale des matériaux de construction de Zéralda, à l'ouest d'Alger.

Il estime que pour surmonter la crise politique globale, l'Algérie n’a pas d'autre recours que la mise en place d'une instance effectivement indépendante pour la gestion du processus électoral, créée et composée de ceux qui participent aux élections, mettant l'accent sur la nécessité d'un «retour à la légitimité» avec l'organisation d'élections à tous les échelons de l'État, supervisées par une instance indépendante.

Par ailleurs, il a souligné que «tous les ingrédients d'un dérapage dangereux étaient réunis: le rétrécissement de l'espace des libertés, des conditions de vie rendues plus difficiles avec les mesures d'austérité imposées, la hausse des prix et du coût de la vie, l'érosion de la monnaie nationale et l'augmentation du chômage». 

Par conséquent, préconise-t-il, «il est de la plus haute responsabilité du pouvoir d'éviter un tel dérapage, en ouvrant un dialogue sincère pour une solution consensuelle de la crise globale que nous vivons». La recherche d'une solution consensuelle à la crise globale qui affecte le pays, a-t-il dit «est d'une urgence indiscutable».

L’ancien Premier ministre constate que, malheureusement, «le pouvoir politique en Algérie s'est enfermé, jusqu'à présent, dans une attitude autiste face aux appels répétés de partis politiques de l'opposition et de personnalités politiques nationales, en vue de l'ouverture d'un dialogue national salutaire pour le pays».

«L'approche de l'échéance présidentielle a réveillé les ambitions et aiguisé les appétits au sein du sérail, comme elle a exacerbé les rivalités entre les cercles du pouvoir qui s'activent à s'affaiblir les uns les autres en s'affrontant par médias et clientèles interposés, pour se positionner dans le cas où la succession serait ouverte», a-t-il expliqué. Et d’ajouter que tout cela alimente l'impasse politique qui gagne en complexité et qui, conjuguée à la crise économique et à la montée des tensions sociales, présente un facteur d'aggravation de la crise globale qui affecte le pays.

«La perspective de l'élection présidentielle (...) a amené le pouvoir politique à adopter une démarche qui consiste à gérer le statu quo et à gagner du temps (...). Il joue sur la diversion pour détourner l'attention des acteurs politiques et du citoyen, d'une situation politique économique et sociale délétère et dévier le débat politique sur l'échéance présidentielle et d'autres questions périphériques», retient encore Ali Benflis.

Il a également indiqué que les partis politiques et les acteurs de la société civile se doivent d’amener le pouvoir politique à «reconnaître que notre pays vit une crise globale, qu'il ne peut être la solution, à lui seul, parce qu'il en est l'origine, qu'il doit abandonner sa prétention obsessionnelle à la pérennité (...) et accepter le principe de l'alternance pacifique au pouvoir». 

«Le dialogue auquel nous appelons ne doit pas être un dialogue pour la forme. Pas un dialogue qui consacrerait le statu quo et qui servirait de faire-valoir au régime actuel, mais un dialogue dont le format, le calendrier, le choix des participants et la finalité seront définis par la voie consensuelle», a-t-il conclu.

Le 25/03/2018 à 13h48