Algérie. Un nouveau Front se crée en vue de la destitution du président Bouteflika

De gauche à droite: Rachid Benyellès, Ali-Yahia Abdenour et Ahmed Taleb Ibrahimi.

De gauche à droite: Rachid Benyellès, Ali-Yahia Abdenour et Ahmed Taleb Ibrahimi. . dr

Un ancien patron de la Marine de guerre, un ex-ministre et un intellectuel signent une déclaration appelant à «faire barrage à ceux qui préparent la candidature pour un 5ème mandat présidentiel d’un vieil homme impotent et incapable de s'exprimer". Le clan Bouteflika est sur le gril.

Le 09/10/2017 à 09h53

"Trop, c'est trop!". "Ça suffit!"... C'est ainsi que s'expriment trois éminentes personnalités algériennes dans une dclaration appelant à un front commun pour "faire barrage à ceux qui ont confisqué notre destin" et "préparent la candidature pour un cinquième mandat présidentiel d'un vieil homme impotent et incapable de s'exprimer".

Cette déclaration portant la signature de l'ancien patron de la Marine de guerre, le général Rachid Benyelles, Me Abdennour Ali Yahia, avocat, homme politique et militant des Droits de l'Homme, et Ahmed Taleb Ibrahimi, homme politique, médecin (hématologue), intellectuel, et écrivain.

A l'appui de leur appel "urgent", ces trois influentes personnalités invoquent deux arguments en béton: "l’état de santé du président de la République, un handicap qui l’empêche, depuis sa dernière hospitalisation, en 2013, de continuer à diriger le pays". "Totalement absent de la scène nationale et internationale, il apparaît dans les rares occasions où il est exhibé pour dissiper les rumeurs et montrer qu’il est en vie, dans un état de délabrement physique qui ne laisse aucun doute sur son incapacité à gouverner", relèvent-ils.

L’autre argument est lié à "la gestion économique du pays par l’entourage du Président", autrement dit, comme les signataires de la Déclaration le désignent, "des oligarques qui ont fait main basse sur les ressources financières du pays". "L’entourage familial du Président est un groupe de puissants oligarques disposant des richesses du peuple selon leur bon vouloir. Gérant le pays au jour le jour, ils ont acheté la paix sociale en inondant le marché de produits et services d’importation, en empochant au passage des commissions faramineuses transférées ou gardées à l’étranger", dénoncent-ils. "Une situation qui risque de mener vers l’explosion sociale et de porter atteinte à la cohésion nationale", avertissent-ils.

Evoquant "l'attitude passive" ou "la réserve de la population" par rapport à cette situation, les initiateurs de cet Appel l'expliquent par "la peur des citoyens de compromettre le rétablissement de la paix sociale enfin retrouvée et de revenir aux années les plus sombres du terrorisme avec les conséquences dramatiques qui pourraient en découler". "Devant cette absence de réaction de la population, les tenants illégitimes du pouvoir se croient, selon la déclaration, tout permis, jusqu’à préparer un cinquième mandat au président de la République". "Forts de l’impunité dont ils ont bénéficié jusqu’à présent et persuadés qu’ils peuvent tout se permettre en l’absence de réactions significatives de la part des partis d’opposition et de l’opinion, les responsables de cette banqueroute poussent l’arrogance et le mépris envers les citoyens jusqu’à préparer la candidature pour un cinquième mandat présidentiel d’un vieil homme impotent et incapable de s’exprimer", dénoncent-ils encore.

"Ça suffit!"

Et pour remédier à cette situation et éviter le naufrage au pays, les trois personnalités lancent un appel à une mobilisation de toutes les forces du pays, en laissant de côté les divergences, pour “crier à l’unisson: "Ça suffit !”. “Pour nous faire entendre et faire barrage à ceux qui ont confisqué notre destin depuis près de vingt ans, nous devons parler d’une seule voix et nous mobiliser derrière ceux des partis d’opposition qui s’engageront à respecter un programme d’action commun visant l’instauration de la démocratie, l’application de la justice sociale et le respect des libertés publiques individuelles et publiques. Nous n’insisterons jamais assez sur le fait que seul un front commun est en mesure de peser sur la situation pour changer le rapport des forces, favoriser l’avènement d’hommes et de femmes de qualité”, précisent-ils.

Dans le même élan, les trois personnalités, dont l'ancien commandant de la Marine de guerre Rachid Benyelles, connu pour son franc-parler, appellent l’armée à ne pas s’impliquer et “se démarquer du groupe qui s’est emparé indûment du pouvoir et entend le conserver en laissant croire qu’il a le soutien de cette institution”.

Cet appel intervient alors que la pression s'accentue sur le clan présidentiel, accusé de lorgner un cinquième mandat pour Bouteflika en dépit de la Constitution et son invalidité physique et mentale depuis son accident vasculaire cérébral, diagnostiqué en 2013 à l'hôpital militaire Val-de-Grâce, à Paris.

Après l'appel du parti "Jil Jadid" de Soufiane Jilali, pour l'application de l'Article 102 stipulant la destitution du "président" en cas d'invalidité, une autre figure éminente de l'intelligentsia algérienne, en l'occuence Noureddine Boukrouh, s'est manifestée à travers une initiative citoyenne appelant à "une révolution pacifique" du peuple tout en exhortant l'armée à ne pas s'impliquer et éviter de réprimer le peuple.

Par M'Hamed Hamrouch
Le 09/10/2017 à 09h53