Algérie : les jeunes préfèrent se jeter dans le vide plutôt que de subir la «Hogra»

L'un des sept jeunes s'est jeté dans le vide, alors que les six autres ont été embarqués vers un commissariat de police pour "trouble à l'ordre public"! 

L'un des sept jeunes s'est jeté dans le vide, alors que les six autres ont été embarqués vers un commissariat de police pour trouble à l'ordre public!  . dr

Sept jeunes âgés de 25 à 35 ans ont tenté mardi un suicide collectif depuis le toit du siège de la wilaya de Bouira, pour protester contre leur précarité sociale. L'un d'eux s'est jeté dans le vide, alors que six autres ont été embarqués vers un commissariat de la wilaya kabyle.

Le 14/03/2017 à 17h32

Une jeunesse en déshérence en Algérie, 11e rang mondial des pays exportateurs de pétrole! Et cette jeunesse n'en peut plus de la "Hogra" qu'elle ressent au fond d'elle-même, au point qu'entre le suicide et vivoter, elle n'a plus l'embarras du choix. Telle est l'explication qui ressort de ce qui vient de se passer, ce mardi matin, quand sept jeunes âgés de 25 à 35 ans ont tenté de se suicider collectivement depuis le toit du siège de la wilaya de Bouira, en Kabylie. "Par cette action, ils voulaient obtenir un rendez-vous avec le wali au sujet de leurs dossiers de logements sociaux qui n'ont pas été pris en considération", rapporte un confrère algérien.

Rien que cela? Les pauvres hères n'étaient pourtant pas au bout de leurs peines, puisque non seulement ils n'ont pas pu voir le wali de Bouira, mais encore, son excellence a ajouté à leur malheur en ordonnant à la police en faction dans la wilaya kabyle de donner l'assaut pour "rétablir l'ordre public". Face à l'intervention policière, l'un des jeunes hommes s'est jeté dans le vide, alors que les six autres ont été maîtrisés et embarqués vers le premier commissariat de Bouira.

A l'heure où nous mettons en ligne, des informations en provenance d'Algérie indiquent que le "suicidé" a été évacué à l'hôpital Mohamed Boudiaf, à Bouira, sans qu'il soit précisé si le pauvre citoyen kabyle est encore en vie.

Une chose est sûre: cette tentative de suicide collectif renseigne sur l'insoutenable misère de la jeunesse algérienne, abandonnée à son sort, et sur l'extrême légèreté avec laquelle les autorités se comportent à l'égard de ses revendications. Alors que cette jeunesse continue d'être livrée en proie au chômage ( 26,7%) et à la "Hogra", les indéboulonnables apparatchiks qui sont aux leviers de commande depuis l'Indépendance de l'Algérie (1962) continuent de s'engraisser, autant que leurs enfants qui ont carte blanche pour faire des affaires juteuses et en devises SVP!

"Il est à espérer que la situation soit gérée au mieux pour préserver les vies humaines et apporter des réponses probantes aux causes qui ont mené à des situations aussi critiques", a écrit notre confrère Le Matin d'Algérie. Un appel qui a peu de chances d'être audible dans un pays où les apparatchiks ossifiés ont élevé au rang de devise nationale cette fichue règle: "que de choses n'avons-nous pas accomplies en les délaissant"!

Par Ziad Alami
Le 14/03/2017 à 17h32