Algérie: la grosse bourde protocolaire du Premier ministre Ahmed Ouyahia

Le président Bouteflika et son premier ministre, Ahmed Ouyahia.

Le président Bouteflika et son premier ministre, Ahmed Ouyahia. . DR

Réputé être à cheval sur les règles de bienséance, le Premier ministre algérien, Ahmed Ouyahia, s'est pourtant mélangé les pinceaux en présentant, suite au crash de Boufarik, ses condoléances au vice-ministre de la Défense, Gaïd Salah, et non au président Bouteflika.

Le 16/04/2018 à 14h25

Serait-ce un effet collatéral du crash de l'avion militaire algérien? La bourde a en tout cas été commise, et son auteur, qui n'est autre que le Premier ministre Ahmed Ouyahia, continue de susciter des vagues, dans les colonnes de nos confrères algériens, ou sur la centrifugeuse des réseaux sociaux. Explication: l'ancien chef de cabinet de la présidence algérienne, actuel Premier ministre, devait, à l'instar des autres dirigeants du pays, présenter, suite au crash mercredi dernier de l'avion militaire (257 morts), ses condoléances au président Bouteflika, ministre de la Défense et chef suprême des forces armées algériennes. Mais voilà: en lieu et place du président Bouteflika, le Premier ministre a présenté ses condoléances au vice-ministre de la Défense, le général de corps d'armée Gaïd Salah!

Pour une bourde, c'en est une, mais venant d'Ahmed Ouyahia, rodé et érodé par tant d'années de loyaux services au régime et au président Bouteflika, cette bourde est à tout le moins étrange. D'autant plus étrange qu'Ouyahia ne pouvait ignorer que le numéro 1 de l'armée est le président Bouteflika, qui dans l'ordre hiérarchique est le patron de Gaïd Salah, qui n'est que l'adjoint du ministre de la Défense.

Cette bévue pousse à s'interroger les réelles motivations de son auteur, sachant que ce dernier connaît parfaitement les rouages de l'Etat algérien. A-t-il commis une bourde, un lapsus révélateur ou bien était-ce intentionnel? Voudrait-il marquer son allégeance au Général ubuesque Gaïd Salah, dont les visées sur la présidence ne sont pas à démontrer?

Une chose reste sûre: cette bévue confirme la légendaire "bicéphalité" du pouvoir en Algérie, qui fait que le pays a encore, comme dans le passé, deux patrons, l’un de façade (le président de la République) et l'autre qui en tire les ficelles, à l'instar de l'ancien patron du DRS le général Toufik, "Rab Dzaïr" (Dieu de l'Algérie), qui faisait et défaisait les présidents en fonction de leur allégeance à l'establishment militaire. Visiblement, Ouyahia sait qui est "Rab Dzaïr" aujourd’hui. Et ce n’est assurément pas le président qui projette de se porter candidat à un cinquième mandat.

Par M'Hamed Hamrouch
Le 16/04/2018 à 14h25