Dernière trouvaille à Alger: le Maroc accusé d’avoir «infiltré» le FLN!

Abou El-Fadl Baadji, nouveau secrétaire général du Front de libération nationale (FLN).

Abou El-Fadl Baadji, nouveau secrétaire général du Front de libération nationale (FLN). . DR

Samedi dernier, à Alger, le Front de libération nationale (FLN) a choisi un nouveau secrétaire général. Or le seul fait que le nouveau patron de l’ex-parti unique algérien soit marié à une Marocaine a suffi pour déchaîner à nouveau un flot de délire médiatique anti-marocain.

Le 01/06/2020 à 17h28

Dans la nuit de samedi à dimanche, Abou El-Fadl Baadji, avocat de son état, a été élu nouveau secrétaire général du FLN, ancien tout puissant parti unique, ou parti-Etat, qui rase aujourd’hui les murs en Algérie en attendant d’être rangé aux oubliettes de l’Histoire. D’ailleurs, c’est à peine si les médias officiels algériens (APS et Al Moudjahid surtout), qui divinisaient jusqu’à un passé très récent ce parti, ont consacré quelques petites lignes à l’élection de son nouveau patron.

Cependant, un média local a trouvé, lui, l’occasion de tisser des lauriers à ce FLN, qu’il qualifie de «première formation politique en Algérie», ou de «pilier principal» du pouvoir algérien qu’on aurait laissé tomber entre les mains du Maroc!

Comment? Abou El-Fadl Baadji, qui a été plébiscité à la tête du «parti historique», n’est autre que l’époux d’une Marocaine, fille de surcroît d’un officier de l’armée marocaine. Un «scandale», considère ce média.

«Comment une telle aberration a-t-elle pu se produire? Les services de sécurité ont-ils manqué de vigilance? Abou El-Fadl Baadji était déjà membre du Bureau politique du FLN et sa présence au sein de l’instance dirigeante du parti, malgré ses attaches marocaines, est passée inaperçue, au point de le voir carrément parachuté à la tête de la première formation politique en Algérie. Le Makhzen a-t-il noyauté le FLN, donc le pouvoir à Alger, par le biais de son pilier principal?», s’interroge ce média.

Pour donner un semblant de crédit à la prétendue proximité marocaine avec le nouveau secrétaire général du FLN, on attribue son élection haut la main (357 voix pour et 11 contre) à une «instigation» et une «cooptation» de la part d’Amar Saâdani, ancien président de l’Assemblée populaire nationale (APN, Parlement algérien) de 2004 à 2007 et ancien secrétaire général du FLN (2013-2016), entre autres hautes fonctions assumées au sein de différents gouvernements algériens.

Actuellement exilé en France, Amar Saâdani, contrairement à d’autres hauts commis de l’Etat qui partageraient son point de vue, a eu le courage de reconnaître publiquement, et à maintes occasions, les droits historiques et incontestables du Maroc sur son Sahara. Il a également ouvertement dénoncé cette gabegie criminelle entretenue par le régime algérien à l’égard de son peuple, et consistant à dilapider, depuis plus de quatre décennies, des milliards de dollars au profit des dirigeants oisifs du Polisario, laissant pour compte des millions de jeunes Algériens ainsi que de nombreuses régions sous-développées du pays.

Entre l’ancien et le fraîchement élu secrétaire général du FLN, le média algérien croit savoir aussi qu’ils ont tous deux monté un business au Maroc. «Abou El-Fadl Baadji, qui a obtenu sa licence de droit à l’université de Rabat, est l’avocat-conseil d’Amar Saâdani au Maroc, où il serait propriétaire d’une briqueterie. Des liens économiques lieraient donc les deux hommes au Maroc, sans que cela ait suscité une quelconque suspicion», écrit le média algérien.

Nos confrères algériens s’étaient déjà illustrés par une imagination bien fertile en écrivant un scénario, digne d’un film d’espionnage, au sujet de dix ministres israéliens, d’origine marocaine, qui font partie du nouveau gouvernement qui sera dirigé respectivement par Benyamin Netanyahou et Benny Gantz. Nos confrères avaient décelé dans ce gouvernement un pacte entre Rabat et Tel-Aviv. Cette fois-ci, la main du Makhzen frappe au cœur du parti historique, cité deux fois dans la Constitution algérienne. Nous savions que le Maroc a des services parmi les plus puissants au monde, mais nous ignorions que les services algériens étaient faibles au point de ne pouvoir repérer un agent marocain porté à la tête du parti historique de l’Algérie.

Il est également étonnant que le délire paranoïaque de nos confrères algériens ne se soit pas déversé dans le cas de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika, qui est né et a grandi au Maroc, de même que nombre de pontes algériens qui forment ce que l’on surnomme «le clan d’Oujda». Ils ont été bien aveugles, car Bouteflika Lmaroqui est l’un des plus illustres agents du renseignement marocain.

Par Mohammed Ould Boah
Le 01/06/2020 à 17h28