Ali Amar et son «Desk-Top» du mercenariat journalistique

Ali Amar. 

Ali Amar.  . DR

«Y en AMAR!». Le patron de «ledesk.ma» adopte une (im)posture de parangon de la vertu et se pose en donneur de leçons du journalisme marocain, alors qu’il s’agit en fait d’un repris de justice, passé maître dans l’art de la falsification. Chapelet de l’embrouillamini de son blog privé…

Le 18/06/2021 à 15h35

Ceux qui lisent régulièrement Le360 savent déjà bien à quoi s’en tenir. Notre ligne éditoriale est claire et assumée. Elle a l’approbation d’une équipe composée d’une cinquantaine de journalistes et reporters d’images qui se démènent à longueur de journée pour fournir un maximum d’informations et produire du sens. Plus de 80 news et articles sont publiés quotidiennement sur nos cinq plateformes, sous divers formats et en flux tendu. Prolifiques en scoops et analyses, nous pouvons parfois nous tromper. Evidemment, nous rectifions et nous capitalisons dessus pour minimiser le risque de reproduire les mêmes erreurs. C’est ce qui fait notre crédibilité auprès de nos très nombreux lecteurs que nous ne remercierons jamais assez.

Si Le360 peut, à l’instar de médias de référence, se tromper, il n’a pour autant aucune leçon à recevoir de quiconque. Encore moins d’un ex-taulard, qui s’est autoproclamé parangon de la vertu journalistique. Tel un blogueur esseulé, ce repris de justice pratique, du fond de la cave d’une villa, un genre journalistique des plus douteux. Vous l’avez sans doute remis: il s’agit du sieur Ali Amar, directeur de rédaction de «ledesk.ma» dont il est l’unique journaliste permanent.

Depuis quelques semaines, il trempe régulièrement son clavier au vitriol pour agresser Le360. Que ce soit sur l’affaire du faux passeport de Brahim Ghali, ou sur le vote du parlement européen –pour ne citer que ces exemples récents– Ledesk s’appuie parfois sur des détails anodins, noyés dans le cœur de l’article, pour dénigrer l’ensemble du travail accompli. Récemment, Le360 semble être devenu la seule source d’inspiration et d’information de sa rubrique présomptueusement nommée «désintox». Sa mauvaise foi, voire sa fixation pathologique à notre égard, devient évidente quand il nous rend responsable des contenus de nos revues de presse. Il omet en effet de mentionner l’organe de presse d’origine d’où Le360 a puisé une revue de presse, alors qu’il est clairement mentionné dans nos publications qu’il s’agit de revues de presse auxquelles une rubrique est dédiée sous le nom «kiosque».

Modèle de papier orientéDégainer son stylo rouge pour critiquer les articles des confrères est à la portée de tous. Il est même un peu facile, quand il s’agit des «investigations» de Ledesk, dégageant des relents de guerres de clans, potentiellement monnayables. Prenons l’exemple de cet article, accouché (à 2h23) le 15 juin sous le titre «Evénementiel. La grand-messe du tourisme mondial prévue à Marrakech entachée par des soupçons de ‘marché pipé’». Kenza Filali, pseudonyme d’Ali Amar, ne mentionne pas que son article a été largement inspiré d’une «alerte presse» anonyme qui circulait dans des groupes WhatsApp. Difficile d’imaginer qu’un tel document n’est pas parvenu à «ledesk» puisqu’il y puise des passages mot à mot. «En ces temps de crise et de relance économique tardive, Imad Barrakad, Directeur de la SMIT, osera-t-il attribuer un marché à un concurrent dont l’offre dépasse son budget?», peut-on lire, entre autres, aussi bien dans l’article du Desk que du document anonyme. Ni l’un ni l’autre ne rappelle pourtant cette règle élémentaire des marchés publics, selon laquelle l’offre financière peut dépasser de 25% le budget estimatif.

Lorsqu’il évoque les postulants à ce marché, ces «grands fauves de l’événementiel», il n’en cite que quatre sur les cinq soumissionnaires qui étaient en lice. Les deux retenus pour leurs propositions techniques ne sont pas désignés en tant que consortiums par Ali Amar qui se permet même de les juger à sa guise. First Class Events est ainsi affublée du statut de «lièvre» «au palmarès léger», alors qu’elle était en consortium avec Publicis Event, l’agence française en charge pendant deux décennies du forum de Davos. Pour Capital Events, en passe de s’adjuger le marché pour 56,5 millions de dirhams, Ledesk n’a pas précisé qu’elle est à la tête d’un groupement composé de quatre autres sociétés marocaines, mais plutôt comme prestataire «abonné aux marchés des gros ministères RNI». C’est à peine si son propriétaire, Adil Lazrak, n’a pas été rabaissé au rang de simple traiteur pistonné, alors que son agence est rompue à l’organisation d’événements en présence du Souverain.

Ali Amar n’a pas fait que plagier grossièrement le contenu d’un document anonyme aux dénonciations orientées quant à l’octroi de ce marché de l’organisation de la 24e assemblée générale de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT). Ledesk a surtout emballé les manquements du document pour donner à l’article une dimension de suspicion et de racolage sur plusieurs fronts: ministère du Tourisme, ses organismes, les soumissionnaires, sans parler des lecteurs qui peuvent être trompés par un sens de la formule mis au service du maquillage des faits.

Un maître faussaireSa réputation sulfureuse, Ali Amar se l’est faite construite avant même qu’il ne se convertisse dans la presse. Car la première fois que son nom apparaît dans un journal, ce n’est pas en tant que signataire d’un article, mais plutôt comme protagoniste d’une arnaque bancaire qui a secoué la place financière. Le 20 septembre 1995, il a été condamné à un an de prison ferme, avec un de ses collègues de la Wafabank où il travaillait au département international. Les deux criminels en col blanc avaient tenté de détourner la somme de 100 millions de dollars à travers des documents falsifiés, mais ont pu bénéficier d’une grâce royale après quelques mois de détention.

Cette expertise de faussaire, Ali Amar la mettra en pratique dans ses différentes figures de style journalistique. Il peut par exemple se permettre de pomper outrageusement la photo d’un reporter chez Le360, pour la recadrer à sa guise et l’attribuer sans sourciller à une agence de presse locale.

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En effet, dans un article consacré à une affaire immobilière, Ali Amar a volé une image à notre média. La photo originale avait été prise par notre photographe Ali Gadrouz à la galerie l’Atelier 21. Cette photo figure dans un diaporama de personnalités qui se sont déplacées à un vernissage de l’artiste peintre Yamou.

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Le chantre de la déontologie journalistique a non seulement volé une photographie dont les droits sont détenus par Le360, mais en a refait le cadrage et l’a attribué à l’Agence internationale de communication et de presse (AIC PRESS) dans l’espoir d’effacer son méfait. Le jeune faussaire qui travaillait à Wafabank a de toute évidence gardé intacts tous ses réflexes, 25 ans plus tard.

Ali Amar est également capable de reprendre une dépêche d’agence sur une sinistre affaire d’avortement clandestins, en l’illustrant de la photo d’un médecin qui pratique un accouchement par voie basse.

Les exploits de Ledesk ne s’arrêtent pas là. En pleine campagne de boycott de 2018, Ledesk a publié un reportage dithyrambique sur les sources d’Oulmès. C’est l’une des rares fois où il a quitté la cave de sa villa pour faire du terrain. Bien mal lui en a pris. Car son film institutionnel est devenu une référence dans l’art de la fourberie journalistique pour nombre d’influenceurs sur Twitter.

Ali Amar est capable d’annoncer la mort de personnes en vie, en citant «une source autorisée». C’est ce qu’il a fait avec le général Bouchaïb Arroub, avant de se confondre dans un pitoyable plaidoyer pour se justifier de cette inexcusable faute professionnelle.

Ali Amar est capable aussi de réaliser des reportages sur le Maroc en téléportation depuis la Slovénie où il vivotait par les bonnes grâces de bourses européennes que ce Slaoui excelle dans l’art de quémander. Sa comédie journalistique digne «des envoyés très spéciaux», lui a d’ailleurs valu d’être viré par le site Slate Afrique avec lequel il a collaboré un certain temps.

Un épisode et un revers qui en dit long sur le faux rayonnement à l’international dont se gargarise l’ancien cofondateur de «Le Journal». Son partenariat avec le site français «Mediapart» dont il se prévalait au lancement de «Ledesk» a vite tourné en dénonciation des pratiques «amariennes». Mediapart a brutalement mis un terme au partenariat avec le blog d’Ali Amar. D’ailleurs nombre des journalistes qui ont travaillé à ses côtés se méfient de ses tartuferies et remettent sérieusement en cause sa probité. Ali Lmrabet, un ancien rédacteur en chef de «Le Journal», en témoigne à longueur de tweets depuis des années…

Blog de fortuneDe la pénombre de la cave de sa villa où sont «pushés» les articles de Ledesk, Ali Amar, armé de sa plume acéré, prétend pratiquer un journalisme exemplaire. Alors qu’en réalité ce prétendu pure-player n’est qu’un simple blog privé à l’audience confidentielle. Les deux moteurs de référence qui mesurent l’audience des sites, Alexa et Similarweb, classent Ledesk, respectivement à la 752e et à la 514e au Maroc. Autant dire, une audience insignifiante. Mieux: Alexa nous informe que la très petite audience du blog d’Ali Amar est à 92% locale.

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Le classement pitoyable du blog d’Ali Amar dans les sites de référencement internationaux et la nature de sa diffusion ne sont peut-être pas connus des dirigeants qu’il a peut-être tendance à terroriser. Sinon comment expliquer le flot de publicité sur «Ledesk», disproportionné par rapport à la très faible audience de ce «site d’information». Ledesk croule littéralement sous la publicité des entreprises publiques. Même le ministère de l’Intérieur achète de l’espace sur ce blog.

Ali Amar a trouvé d’ailleurs un modèle économique atypique à l’entreprise de presse. Alors qu’il se vantait de l’indépendance de sa formule de départ, exclusivement basée sur un modèle payant, il a rapidement changé de cap pour manger à tous les râteliers. Une grosse fortune est venue renflouer le capital après avoir dilapidé l’argent des mécènes d’antan: publicité quémandée ou décrochée au forceps, abonnements de lecteurs vendus au nom d’une solidarité avec un média indépendant…

Si Pulse Media est la société éditrice de ce qui est présenté comme un pure-player, «Ledesk» a comme centre névralgique la seule demeure d’Ali Amar. Une villa sinistrement réputée depuis qu’elle a été la scène du viol présumé de Hafsa Boutahar par Omar Radi, transformé en affaire d’Etat. Cela ne donne pas des insomnies à Ali Amar qui mène la belle vie dans son petit pavillon, à plus de 5 millions de dirhams, dans la ville verte de Bouskoura. Un bien qui vaut bien plus que toute la société Pulse Média dotée d’un capital social de 500.000 dirhams et qui déclare un chiffre d’affaires de moins de 1,5 million de dirhams pour un bénéfice net de moins de 250.000 dirhams. Un autre jour, on se posera plus de questions sur les intrigues financières du criminel au col blanc qui se fait passer pour le chantre du professionnalisme journalistique…

Par Le360
Le 18/06/2021 à 15h35