Pas touche à mon Wax! Dior taxé de pillage culturel (et de plagiat) suite à son défilé marrakchi

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Le 29 avril, la maison de couture parisienne organisait son défilé Croisière au palais Badii de Marrakech. L’occasion pour Dior de faire valoir le savoir-faire africain en mettant à l’honneur le travail des artisans. Une initiative qui ne passe pas auprès de tous.

Le 11/05/2019 à 09h31

Le 29 avril, la maison de couture parisienne organisait son défilé Croisière au palais El Badii de Marrakech. L’occasion pour Dior de faire valoir le savoir-faire africain en mettant à l’honneur le travail des artisans. L'initiative est aujourd'hui décriée.

Inspiration ou appropriation culturelle? C’est l’éternelle question du moment. Le défilé croisière a, d’une part, été inspiré par la mémoire africaine de la maison, incarnée par la relation fusionnelle de Christian Dior, puis de son successeur Yves Saint Laurent, avec le Maroc.

D’autre part, la maison de couture décrit cette collection comme étant une carte du monde, connectant des images et des ambiances, qui d’un côté de la méditerranée, ont sculpté la vision de la culture. Son inspiration originale – et véritable emblème- est le tissu imprimé Wax. Cette collection est enfin décrite comme étant la célébration du luxe et de la valeur inhérente à cet imprimé africain.

Ainsi, du côté de la maison, les raisons sont nombreuses pour oser se frotter à la très sensible question de l’appropriation culturelle. D’autant plus que Dior a été accusé, en juillet 2018, d’avoir imité et commercialisé une veste à motifs ressemblant trait pour trait à un modèle typiquement roumain.

Alors pour ne pas risquer de tomber dans le même écueil, Dior a cette fois-ci minimisé les risques en proposant une silhouette Dior, revisitée à la sauce africaine, notamment grâce à quelques collaborations judicieuses avec notamment Uniwax, la dernière usine de wax traditionnelle située à Abidjan, ou encore avec Pathé Ouédraogo, alias Pathé’O, styliste star du continent, qui a dessiné pour l’occasion une chemise à l'effigie de Nelson Mandela.

Mais, car il y a un mais… Tout est ici histoire de perspective.

Allier à son défilé le savoir-faire de créateurs africains, sous forme de collaboration win-win, n’a pas convaincu tout le monde.

En effet, pour les détracteurs de la marque, présenter au monde entier les nouvelles tendances 2020 en starifiant l’imprimé Wax et les imprimés africains, voilà, en l’occurrence, là où le bât blesse pour quantités de personnes du continent, qui ont fait de Twitter leur porte-voix.

A la liesse des premiers jours post-défilé, véhiculée et amplifiée par les médias, succède à présent la grogne et la dénonciation d’une totale appropriation culturelle, d’un manque flagrant d’originalité et de plagiats.

Mieux encore, certains internautes se demandent pourquoi, de manière générale, les tendances de la mode doivent toujours être véhiculées par les maisons de couture occidentales pour pouvoir être internationalement reconnues en tant que telles. Une question qui fait sens pour les créateurs de l’hémisphère sud, qui peinent à faire (re)connaître leur talent, leurs idées et leur inspiration au sein de la sphère très fermée de la toute puissante mode occidentale.

Alors quand des imprimés et des tissus portés depuis des lustres en Afrique sont soudainement déclarés «tendance» par Dior, ça fait rire jaune la communauté afro. La preuve en tweets…

Par Zineb Ibnouzahir
Le 11/05/2019 à 09h31