L’école à la maison: le petit guide des parents en rupture avec le système scolaire

Homeschooling.

Homeschooling. . DR

Le confinement aura permis de faire entrevoir à de nombreux parents et enfants les avantages de l'école à la maison. Ils sont de plus en plus nombreux à sauter le pas du télé-enseignement pour mieux consommer leur divorce avec ces écoles privées qui ont beaucoup déçu ces dernières semaines.

Le 27/06/2020 à 16h46

La pandémie de Covid-19 et le confinement qui en a résulté auront été riches en enseignement, tant pour les parents que pour les enfants. Paniqués dans un premier temps à l’idée de devoir faire l’école à la maison, ils ont trouvé que l’expérience n’était pas finalement si catastrophique. Elle s’est même avérée très concluante dans de nombreux cas avec des enfants plus épanouis, plus concentrés ayant gagné en sens de l’organisation. De quoi redonner du baume au cœur de parents malmenés par le système scolaire au Maroc, tant dans les établissements publics que privés ou dans les écoles étrangères.

Et si le monde d’après commençait par revoir les fondamentaux de l’enseignement? Et si nos enfants pouvaient avoir accès au savoir sans pression, sans stress, sans humiliation, sans contraintes de places disponibles, de proximité géographique?

Cela parait illusoire présenté comme ça, mais c’est pourtant possible, pour tout le monde, quels que soient la nationalité, le lieu de résidence, le niveau scolaire et le tout… à un prix accessible.

Le homeschooling, l’école de nos rêves d’enfantQui n’a pas rêvé étant enfant de rester à la maison pour ne pas aller à l’école. Aujourd’hui, ce rêve rarement exaucé devient quasiment une tendance, reflet d’un mode de vie où l'on favorise le lâcher-prise, où l’on décide de s’extirper d’un schéma de réflexion à bout de souffle. Dans un monde devenu anxiogène à souhait, c’est aussi une manière de préserver les enfants.

Le homeschooling n’est pas une histoire récente au Maroc, il y a belle lurette que des parents téméraires ont, pour diverses raisons, opté pour ce système. Loin d’être des cas isolés, ceux-ci se sont organisé en groupes WhatAapp ou Facebook pour tisser la toile d’un réseau qui couvre tout le Maroc.

Dans ces groupes de parents, on échange des avis et des expériences, on vient à la recherche de conseils, de recommandations, et autant dire qu’il y a à boire et à manger. On y trouve des personnes ayant vécu à l’étranger avant de revenir s’installer au Maroc, qui refroidies par les prix exorbitants des écoles et par la pédagogie dispensée préfèrent opter pour un enseignement à la maison.

On y trouve aussi des personnes très religieuses qui souhaitent dispenser à leurs enfants une éducation à la carte, conforme aux préceptes de l’islam.

Ou, massivement depuis le début du confinement, des parents qui ont décidé de consommer leur divorce avec les écoles dites classiques. Le peu de répondant quant à la diminution des frais de scolarité du troisième trimestre confiné a eu raison du peu d’espoir qu’ils nourrissaient encore quant au bien fondé de ce système, sans compter que la régularité et le sérieux des professeurs ont bien souvent fait défaut.

Enfin, un autre profil de parents futurs homeschoolers se détache avec ceux qui craignent la résurgence d’une deuxième vague de la pandémie de Covid-19 et qui, faute de mesures préventives annoncées par les écoles pour la rentrée, préfèrent prendre leurs précautions en gardant leurs enfants chez eux.

Alors, pourquoi ne pas sauter le pas ?

A chaque famille sa façon de faireBeaucoup se disent que pour faire l’école à la maison, au moins l’un des deux parents doit être présent pour assurer les cours. Ce n'est pas forcément nécessaire, car tout dépend de l’âge de l’enfant et de son degré d’autonomie dans le travail.

Parmi les autres craintes, il y a celle de la désociabilisation de l’enfant. D’où l’engouement de certains pour adhérer aux groupes de parents homeschoolers afin de tisser des liens entre enfants dans le même cas et d'organiser des activités parascolaires entre familles.

D’autres choisissent un mix entre le télé-enseignement et une classe classique en regroupant au sein d’un même groupe plusieurs enfants de même niveau et en embauchant un professeur particulier chargé de veiller à la bonne intégration par les élèves des cours dispensés à distance. Dans ce cas-là, chaque parent se charge de l’inscription de son enfant au système de cours particulier adéquat, puis c’est ensemble qu’ils se cotisent pour payer le salaire du professeur.

Il y a aussi ceux qui ont les moyens de s’offrir les services d’un professeur à temps plein à domicile ou ceux qui préfèrent opter pour quelques-unes des structures présentes au Maroc: des centres CNED ou des centres de cours particulier qui ont pour vocation d’encadrer les élèves qui suivent ces cours à distance. Ceux-ci peuvent donc étudier chez eux et à la fois se rendre dans ces mêmes centres pourvus de classes… en somme, une école, mais qui s’adapte au rythme de chacun, car ne l’oublions pas, le principe même de l’enseignement à distance est de permettre à l’enfant de s’épanouir en dehors de l’école.

Puis, il y a aussi les parents qui travaillent de chez eux, à leur propre compte, et qui voient dans le télé-enseignement une opportunité de veiller sur leurs enfants, sur leur éducation, tout en gagnant un atout de taille: la liberté de déplacement. Pourquoi se priver de voyager partout dans le monde quand le travail et l’école ne connaissent plus d’attaches grâce à la digitalisation?

Bien entendu, l’école à domicile est aussi le refuge que choisissent les parents d’enfants souffrant de certains troubles déficitaires de l'attention avec ou sans hyperactivité.

L’école à la maison et sans frontièresDans le cas des écoles étrangères, les tests d’admission ainsi que les frais d’inscription exorbitants sont venus à bout de la patience et des finances de bon nombre de familles qui ne sont pas de nationalité étrangère.

L’enseignement à distance, contrairement à ce que de nombreuses personnes croient, est accessible à tous, quelle que soit la nationalité des enfants. Mieux encore, cet enseignement dispensé via certains organismes relève du système public du pays et se trouve être exactement le même que celui que l’on dispense dans les écoles étrangères.

C’est ainsi le cas du Centre national d’enseignement à distance (CNED) français, qui offre, via sa plateforme, un accès à tous, quel que soit l’âge de l'élève, du primaire au lycée, jusqu’aux études supérieures.

Pour s’inscrire, pas besoin d’attendre la boule au ventre. Tout se fait électroniquement, de la préinscription à l’inscription, en passant par l’envoi du dossier, les frais de scolarité et la réception des manuels scolaires.

Les parents peuvent alors choisir entre un enseignement dit libre, à la carte ou une classe réglementée. Dans tous les cas, l’élève reçoit les mêmes manuels, se voient dispensé le même nombre d’heures de cours, avec des professeurs à disposition, des classes virtuelles, des cours à télécharger, des vidéos à visionner… Toutefois, seules les classes réglementées suivent le même calendrier scolaire, avec vacances, dates de rendus des devoirs et passage des contrôles que dans une école classique. Autre différence, l’enseignement libre donne accès à la fin de l’année scolaire à une attestation de scolarité tandis que la classe réglementée permet d’obtenir un certificat de scolarité en bonne et due forme avec bulletins, encore une fois comme dans une école dite normale.

S’agissant du prix, il varie entre 800 et 1.000 euros par an, dépendamment du fait que vous opterez pour la réception des manuels scolaires en format digital, option la moins chère, ou par voie postale.

Quant aux heures de cours à suivre par jour, tout dépendra de l’enfant. «Mon fils de 13 ans finit tous ses cours en 3 à 4 heures», nous explique Malika, adepte du homeschooling et du CNED depuis deux ans. Comment expliquer cela sachant que les cours sont pourtant les mêmes qu’à l’école où les enfants usent leurs fonds de culotte de 8h à 17h avec une heure de pause méridienne? «Il est beaucoup plus concentré à la maison, il travaille à son rythme sans être perturbé par ses camarades, il fait des recherches sur internet et s’il ne comprend pas, il peut échanger avec ses profs en ligne. A ce rythme et de cette manière, l’intégration se fait beaucoup plus vite» nous explique cette mère qui peut par conséquent inscrire son enfant à des activités parascolaires diverses plusieurs fois par semaine.

Ce qui fait toutefois hésiter les parents marocains, c’est la crainte de ne pouvoir réinscrire leurs enfants dans une école étrangère au Maroc au cas où cette expérience ne serait pas couronnée de succès. C’est un risque effectivement, mais cette période de confinement aura permis aux enfants et aux parents de se familiariser avec ce système.

Quid des autres systèmes éducatifs à distance?Bien entendu, le système français via le CNED n’est pas le seul à dispenser des cours à distance relevant du ministère français de l’Education nationale. Chaque pays possède son propre enseignement distance, dispensé comme dans le cas de la France via le système éducatif public ou via des écoles privées qui offrent la possibilité de suivre leurs cours à distance. Enfin, il y a aussi le cas des cours particuliers à distance, plus adaptés aux enfants du primaire qui peuvent alors sélectionner les matières qui les intéressent.

C’est ainsi le cas de la Belgique avec l’enseignement à distance (EAD) de la Fédération Wallonie Bruxelles moyennant un coût de 25 euros par an, sans diplôme à la clé, mais avec attestation de scolarité sur demande.

Aux Etats-Unis, on propose aussi de nombreux enseignements en ligne moyennant des frais d’inscription beaucoup plus élevés et variant en fonction des établissements et des niveaux. Il faudra compter en moyenne entre 2.000 et 6.000 $ pour les seuls frais de scolarité.

Liens utiles:http://www.cned.fr/ www.elearning.cfwb.behttps://hattemer-academy.com/https://www.ecolekerlann.org/https://www.cours-pi.com/https://www.k12.com/ https://www.calverteducation.comhttps://www.keystoneschoolonline.com/https://ohs.stanford.edu

Par Zineb Ibnouzahir
Le 27/06/2020 à 16h46