Il y a 70 ans, Marcel Cerdan, le bombardier marocain, était enterré au cimetière de Ben M’sik

Marcel Cerdan

Marcel Cerdan . DR

Le Maroc a vu naître bien des célébrités ses terres. Parmi celles-ci, le champion de boxe Marcel Cerdan. Une légende qui a marqué à jamais l’histoire de la boxe et de Casablanca.

Le 16/11/2019 à 19h54

Né le 22 juillet 1916 à Sidi Bel Abbès, en Algérie, de parents immigrés espagnols, Marcel Cerdan est le quatrième et dernier garçon d’une famille de cinq enfants.

Désargentée, la famille Cerdan finit par plier bagage pour vivre le rêve casablancais, ville en plein boum économique sous l’impulsion du général Lyautey, et s’installe en 1922 au quartier mers Sultan après avoir traversé Oujda, Fès, Meknès et Rabat en camionnette.

C’est précisément au quartier Cuba que la famille s’installe, dans l’une des baraques qui constituent cette espèce de campement en bord de mer. Les affaires du père Cerdan prospèrent plus qu’en Algérie, tant et si bien qu’il fait l’acquisition d’un café-bal au centre duquel il installe un ring pour faire combattre ses quatre fils.

Ses premiers pas dans la boxe, Marcel Cerdan les fera sur ce ring familial, à l’âge de huit ans. Puis à 10 ans, il se produira au cinéma Majestic.

Mais la boxe n’est pas la seule passion de Cerdan. Footballeur émérite qui préférait le ballon rond à l’école, c’est dans les rues poussiéreuses du quartier Maarif de l’époque que l’enfant qu’il était tape dans des balles fabriquées avec des chiffons et des ficelles. Plus tard, il sera sélectionné dans l’équipe nationale marocaine et décrochera le titre de champion du Maroc en 1936 avant d’affronter la France à plusieurs reprises.

A 11 ans, Marcel Cerdan quitte l’école, puis se met au travail. Devient coursier, apprenti-mécanicien, aide-plombier, commis, apprenti-mécanicien, vulcanisateur… Mais à 16 ans, il se consacre uniquement à la boxe et se fait un nom.

C’est ainsi au Maroc, sa patrie, dont il parle la langue aussi bien que l’espagnol, sa langue maternelle, qu’il découvre ce sport et qu’il en gravit les échelons.

Ce n’est qu’en 1938 que Marcel Cerdan se fera un nom en France en devenant Champion de France en mi-moyens par trois fois puis en se hissant au statut de Champion d’Europe, puis entre 1946 et 1948, Cerdan devient Champion du monde.

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Puis survient la seconde guerre mondiale au moment où Cerdan doit combattre aux Etats-Unis après avoir conquis la France et le Royaume-Uni. Son ascension mondiale jusque là sans embuche marque un temps de pause, le temps pour lui de rentrer à Casablanca où il intègre la Marine.

Il reprendra ensuite le chemin des rings, plus fort que jamais jusqu’à gagner son surnom de «bombardier marocain» tant personne n’est en mesure de résister à ses poings.

Il combat en France, sous l’occupation allemande, et assoira un peu plus sa légende en mettant au tapis un adversaire espagnol arborant une croix gammée, et en refusant de faire le salut nazi. Fait rare, après sa victoire fulgurante, le public français chante à l’unisson «La Marseillaise», alors interdite par le régime hitlérien. Cerdan décide alors de retourner chez lui au Maroc, se sentant menacé en France.

Une fois de retour, il se marie avec Marinette Lopez en 1943, mais quelques années plus tard, au lendemain d’un combat en France, il fait la rencontre d’Edith Piaf, qui le subjugue littéralement. La chanteuse partage sa vie tout autant que son épouse officielle quand bien même leur idylle secrète fait la une des journaux à maintes reprises.

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Alors qu’il doit combattre aux Etats-Unis, au Madison Square Garden, en 1949, Marcel Cerdan s’apprête à prendre un paquebot pour traverser l’Atlantique avant de décider deux jours avant le départ de prendre un avion Paris-New York. «Prends l’avion, le bateau c’est trop!» l’aurait supplié Edith Piaf qui se trouve en Amérique pour un concert. Le vol est complet mais pourtant un couple cède ses places au champion qu’il est alors pour qu’il rejoigne au plus tôt sa maîtresse.

Sa femme a beau le prévenir du mauvais pressentiment qui la tenaille, il la rassure, embarque et quelques heures plus tard, son avion s’écrase sur l’une des îles de l’Archipel des Açores. Aucun passager ne survivra au crash survenu le 28 octobre 1949.

Le 8 novembre, le corps de Marcel Cerdan est rapatrié chez lui, à Casablanca, pour être enterré au cimetière de Ben M’Sick au milieu d’une foule de 70.000 personnes venue assister à sa mise en terre. Et bien que le Maroc ait toujours été la terre de Cerdan, sa femme Marinette demandera le transfert de sa dépouille en France, 46 ans plus tard, où il sera enterré à Perpignan le 29 octobre 1995.

Par Leïla Driss
Le 16/11/2019 à 19h54