Vidéo. Saïd Mouline, DG de l’AMEE: «nous avons une carte à jouer, sur le continent, pour l’efficacité énergétique»

Saïd Mouline, directeur général de l’AMEE, lors de la 6e édition des Rencontres africaines de l’efficacité énergétique, le 26 mai 2021.

Saïd Mouline, directeur général de l’AMEE, lors de la 6e édition des Rencontres africaines de l’efficacité énergétique, le 26 mai 2021. . le360

L’Agence marocaine de l’efficacité énergétique (AMEE) et AOB Group ont organisé, ce mercredi 26 mai 2021, à Casablanca , la 6e édition des Rencontres africaines de l’efficacité énergétique. L’événement a permis un partage d’expériences et un échange «riche et bénéfique» dans le domaine des énergies, à l'échelle du continent africain. Reportage.

Le 28/05/2021 à 11h28

Sous le thème «L’innovation au service de l’efficacité énergétique», la sixième édition des Rencontres africaines de l’efficacité énergétique s’est tenue ce mercredi 26 mai 2021, à Casablanca, en format hybride, à l’initiative de l’AMEE, l’Agence en charge d’implémenter la politique gouvernementale visant la réduction de la dépendance énergétique, à travers la promotion de l’efficacité énergétique.

Les participants à cet événement d’envergure, marqué par l’allocution du ministre de l'Industrie, du Commerce et de l'Economie verte et numérique, Moulay Hafid Elalamy, ont traité de l’impact de l’innovation dans l’accélération de la transition énergétique, grâce aux témoignages et au partage d’expériences de plusieurs acteurs des secteurs public et privé, ainsi que d’organisations internationales et de laboratoires de recherche reconnus mondialement.

«Changer de paradigme»…«Aujourd’hui, sur le continent, nous avons une importante carte à jouer dans l’efficacité énergétique, que ce soit au niveau technique ou financier», a d’emblée affirmé Saïd Mouline, directeur général de l’AMEE. Le responsable a mis l’accent sur la nécessité de changer de paradigme économique et de passer à une économie verte pour réussir le pari de la transition économique et de la réduction des gaz à effets de serre, responsable du réchauffement climatique.

«L’économie verte recèle un important potentiel en termes de créations d’emplois pour la jeunesse au sud et au nord de la Méditerranée», a insisté Saïd Mouline. «Le nombre d’emplois dans des métiers d’avenir liés au digital et à l’économie verte pourrait augmenter considérablement, grâce à l’accompagnement et au renforcement des capacités», a-t-il ajouté.

Par ailleurs, a-t-il soutenu, «l’économie verte a gagné en importance dans le contexte de la pandémie, particulièrement en Afrique, où la relance doit porter sur des axes comme l’accès à l’énergie renouvelable, la mobilité durable, la décarbonisation de l’industrie et l’efficacité énergétique». Il a également déclaré, «Il existe des solutions en Afrique portées par les Africains. C’est ce message de partage et de partenariat Sud-Sud que nous portons aujourd’hui».

Les efforts déployés par l’AMEE, depuis plusieurs années, en matière de développement de l’efficacité énergétique dans les différents secteurs, dont l’industrie, vont clairement dans ce sens. Plusieurs actions ont, en effet, été menées, notamment une proposition de mesures fiscales et incitatives pour les équipements industriels à haute efficacité énergétique, a rappelé Saïd Mouline.

De son côté, Badr Ikken, directeur général de l’Institut de recherche en énergie solaire et énergies nouvelles (IRESEN), a fait savoir que 70% de la production de gaz à effet de serre est aujourd’hui émise au niveau des villes, au moment où le continent africain est en pleine phase d’expansion et de développement de nouvelles villes.

Développer l’expertise et l’innovationIl a ainsi appelé à développer l’expertise et à renforcer les capacités pour pouvoir concevoir des villes adaptées, tout en évitant la pollution et ce, pour une contribution au bien-être du citoyen, mais également pour l’amélioration de la compétitivité des entreprises.

«De réelles opportunités pourront être opérées et IRESEN œuvre, à travers différents instruments, au financement de projets collaboratifs et de plateformes de recherches au Maroc et en Afrique de l’Ouest, notamment en Côte d’Ivoire, en vue de développer des infrastructures de recherche qui vont permettre de valoriser, de développer, d’innover et de créer de nouvelles solutions technologiques pour notre continent», a-t-il dit.

Pour sa part, Fatima Zahra El Khalifa, directrice générale du Cluster solaire, a souligné que la performance d’une industrie passe par sa capacité à innover en termes d’efficacité énergétique. La responsable a mis l’accent sur l’importance de l’efficacité énergétique dans le développement de l’économie nationale et surtout pour la relance post-Covid-19, insistant sur la nécessité de traiter ce sujet de façon intégrée et donc sur l’ensemble de la chaîne de valeur pour répondre à l’ensemble des défis du Maroc et du continent africain en termes de compétitivité des entreprises.

Quant à Ali Zerouali, directeur de la coopération au sein de l’agence marocaine pour l’énergie durable (Masen), il a affirmé que l’Afrique est en train de vivre un vrai «paradoxe»: avec 800 millions de tonnes de carbone émis, ce qui ne représente que 1,5% des émissions carbones mondiales, l’Afrique, est le continent qui contribue le moins aux changements climatiques, mais il est en même temps celui qui en souffre le plus.

Le projet Buyers ClubParmi les initiatives concrètes qui ont été présentées, figure le projet du Buyers Club ciblant les équipements de climatisation au Maroc et dans la région d’Afrique de l’Ouest. Ce projet inédit et de dimension continentale, initié par l’AMEE et l’Institut pour la gouvernance durable (Washington) IGSD, est également soutenu par Bank of Africa et vise à mutualiser les achats de climatiseurs des agences de BOA, afin d’opérer des achats groupés de climatiseurs nouvelle génération conformes au protocole de Montréal et consommant moins d’énergie que les climatiseurs disponibles aujourd’hui sur le marché.

A noter que des experts de renom ont participé à cette rencontre, comme Amory Lovins, inventeur de l’unité de mesure négawatt et fondateur du Rocky Mountain Institute, un des laboratoires de recherche en efficacité énergétique reconnus mondialement. Figuraient également Benoît Lebot, directeur général de l’Agence internationale pour la coopération en efficacité énergétique de 2014 à 2020 et spécialiste des politiques publiques pour la promotion de l’efficacité énergétique, ou encore Mohamed Youbi Idrissi, président de l’Association française du froid et Souhir Hammami, experte en efficacité énergétique auprès du Programme des Nations unies pour l’environnement.

Par Amine El Kadiri et Khadija Essabbar
Le 28/05/2021 à 11h28