Vidéo. L'agriculture de demain vue par l'OCP

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Secteur prédominant au Maroc, l’agriculture se veut désormais vecteur de croissance durable et pourvoyeur d’emplois. Un enjeu qui s’inscrit dans le contexte du renouvellement des générations d’agriculteurs, mais aussi des filières agricoles.

Le 30/01/2019 à 16h10

Initié en septembre 2018, et désormais entré dans sa seconde phase, le dispositif de proximité «Al Moutmir li Khadamat Al Qorb», est un programme mis en place par le groupe OCP, en soutien aux agriculteurs du royaume. 

Ce programme s’inscrit également dans un projet plus vaste, consacré, selon les termes du discours délivré par le roi Mohammed VI à l'ouverture de la session parlementaire, le 12 octobre 2018, «à une consolidation des acquis réalisés dans le domaine agricole, et à la création de nouvelles activités génératrices d’emplois et de revenus, notamment en faveur des jeunes en milieu rural». L'objectif à atteindre est donc tout tracé: renouveler les générations d’agriculteurs et mieux structurer les filières.

Sur ce dernier point, Fatiha Charradi, vice-présidente en charge du développement agricole au sein de l’OCP, confirme que «l’objectif du dispositif est justement d’être une force de proposition pour l’ensemble de la communauté qui agit au profit de cette filière», et rappelle que «dans le cadre de la régionalisation avancée, nous sommes mobilisés avec les acteurs sur le terrain, que ce soient les autorités, les représentations du ministère de l’Agriculture et de la Pêche, la société civile, et les agriculteurs eux-mêmes pour réfléchir avec eux sur les meilleurs moyens de surmonter leurs challenges et ceux de la filière».

Fatiha Charradi se réfère ainsi à des «études socio-économiques ou technico-économiques sur la valeur ajoutée créée par une filière ou par une autre», relevées à travers les plateformes de démonstrations Al Moutmir, qui ont sillonné plusieurs régions du Maroc (Safi, Essaouira, Khouribga, Beni Mellal, Sidi Bennour, Settat, Khemisset, Sidi Kacem, etc.), depuis septembre dernier, et qui ont concerné plusieurs centaines d'agriculteurs.

«Quand on va travailler avec un agriculteur une variété particulière, que ce soit dans les céréales ou les plantes aromatiques et médicinales, et que les agriculteurs voient qu’il fait ainsi plus de bénéfices, cela va les inciter à aller vers des cultures à plus grande valeur ajoutée», indique Fatiha Charradi.

La vice-présidente en charge du développement agricole de l'OCP précise en outre qu'«on parle de cultures, mais ça peut aussi être le business model, une approche ou une technologie. L’idée, c’est d’impacter le maximum [d'agriculteurs, Ndlr] pour qu’on puisse ensemble s’inscrire vers plus de productivité, mais surtout plus de préservation de ressources hydriques». Cette responsable insiste, par ailleurs, sur la nécessité d’intensifier les production agricoles, mais de manière durable et dans le respect de l’environnement.

Sur la question cruciale de la transition générationnelle, Fatiha Charradi temporise: «en toute honnêteté, nous n’avons pas cette ambition à [la] faire seuls. Avec différents acteurs, nous avons un programme dédié aux jeunes leaders dans le monde agricole. Ces leaders sont fiers d’être fellahs, fils de fellahs, et ont la volonté d’aller de l’avant. Le fait d’accompagner cette population et de la placer comme un modèle, va engager d’autres agriculteurs à adopter le même esprit et se projeter sur une agriculture économiquement viable».

Pour Fatiha Charradi, en effet, «l’agriculture n’est pas une action sociale ou quelque chose que l’on fait quand on n’a pas autre chose à faire. L’agriculture est un business qui doit être considéré comme tel. Et charge aux différents acteurs, notamment dans le cadre de la régionalisation avancée, de se pencher sur les fondamentaux de ce business qui sont certes l’accompagnement, la formation, mais aussi la connexion aux marchés, la valorisation, la commercialisation et autres».

Cette responsable de l'Office chérifien des phosphates conlut ainsi que «si nous avons une jeunesse qui s’inscrit et qui se retrouve dans un modèle qui lui sied, elle sera le porte-parole et le "benchmark" de demain par rapport à plusieurs régions, voire [tout] un pays, [et même] une région africaine dans sa globalité».

Par Obadya Khalid et Khadija Sebbar
Le 30/01/2019 à 16h10