Vidéo. Huiles de table: les prix flambent, les producteurs sur le grill

Huile alimentaire. (Photo d'illustration)

Huile alimentaire. (Photo d'illustration) . DR

Si la hausse du prix des matières premières importées peut justifier un surenchérissement du coût de production de l’huile alimentaire, l’augmentation subite attise la colère des consommateurs. Le spectre du boycott plane de nouveau sur les réseaux sociaux, alors que les producteurs préparent la riposte.

Le 22/02/2021 à 20h41

Les ménages marocains ont eu une mauvaise surprise en allant faire leurs courses ce week-end. Au rayon huile de table, les prix ont considérablement augmenté. Selon plusieurs témoignages, le litre d’huile alimentaire a flambé de 2 dirhams sur certaines marques.

Les images et les propos recueillis, ce lundi 22 février 2021 après-midi, par Le360 auprès des commerçants de proximité de Casablanca, témoignent de la vigueur du choc ressenti par les consommateurs au moment de passer à la caisse.

En réponse à cette hausse, des appels au boycott des huiles de table foisonnent déjà sur les réseaux sociaux. Un début de campagne qui laisse planer le spectre du boycott de 2018, lorsqu’un vaste mouvement avait frappé les marques Danone, Sidi Ali, et Afriquia.

Il faut dire que l’huile alimentaire est un produit indispensable dans la cuisine des Marocains. C’est un produit de première nécessité et toute variation des prix est aussitôt ressentie sur le panier de la ménagère, baromètre du pouvoir d'achat.

Par ailleurs, les prix de l’huile au Maroc sont totalement libres, depuis que le gouvernement a décidé, fin 2000, de ne plus subventionner ce produit, dans le cadre de la réforme de la caisse de compensation. Ainsi, les fluctuations des cours des intrants (notamment ceux du soja, du tournesol et du colza) servant à la production des huiles alimentaires sont, de facto, répercutées sur les prix des produits finis.

Largement dépendant des marchés extérieurs, le Royaume importe 90% des 600.000 tonnes d’huiles de graines consommées annuellement, selon les statistiques du ministère de l’Agriculture. Or, ces derniers temps, les cours mondiaux des matières agricoles ont eu tendance à flamber. D’après la dernière note de la Direction des études et de la prévision financière (DEPF), "les prix du soja ont augmenté de 13% sur un mois et de 49% depuis un an pour se hisser à 576 dollars la tonne en janvier, leur plus haut niveau depuis avril 2013."

Cette hausse intervient également dans un contexte marqué par un resserrement des disponibilités mondiales, des inquiétudes sur les récoltes sud-américaines et par une forte demande à l’exportation. L’Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) souligne que l’indice FAO des prix des huiles végétales s’est établi en moyenne à 138,8 points en janvier, en hausse de 7,7 points (5,8%) par rapport au mois de décembre et son plus haut niveau depuis mai 2012. Cette huitième hausse mensuelle consécutive de l’indice est principalement imputable à l’augmentation des prix des huiles de palme, de soja et de tournesol, indique l’organisation internationale.

Les raisons de cette flambée sur les marchés internationaux de l’huile de soja sont essentiellement liées à la réduction des disponibilités à l’exportation et à des grèves qui perdurent en Argentine, l’un des principaux producteurs mondiaux de soja. Surtout, l’ogre chinois s’est remis à consommer à tout va et procède à des achats massifs de denrées agricoles, notamment de soja. Une distorsion de l’offre et de la demande qui a propulsé les cours à des niveaux record.

Si la hausse des cours mondiaux des produits alimentaires peut justifier la hausse des prix des produits finis, il n’en demeure pas moins que plusieurs questions restent en suspens. La hausse des prix en magasin est-elle proportionnelle à celle des cours mondiaux? Par ailleurs, pourquoi l’augmentation du prix des huiles de tables a-t-elle été si soudaine et brutale? Autant de questions restées à ce jour sans réponses de la part des producteurs d’huile de table au Maroc.

Toujours est-il que le mécontentement grandissant des ménages suite à la hausse des prix de l’huile de table a visiblement secoué les états major au sein des entreprises productrices. Chez le plus important opérateur du marché, les réunions de crise s'enchaînent, selon nos informations, pour préparer la riposte. "Il est question de communiquer très prochainement sur cette affaire", nous affirme notre source. A suivre…

Par Amine El Kadiri
Le 22/02/2021 à 20h41