Vidéo. Débauchage des ingénieurs IT. Khalid Ziani: «Ce dont souffrent les entreprises marocaines»

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Grand expert IT & Télécoms, Khalid Ziani nous livre son analyse du phénomène de débauchage ciblant, notamment, les ingénieurs informatiques marocains, orchestré par les firmes françaises et canadiennes. Voici la solution qu'il propose.

Le 10/11/2019 à 09h58

Le360: Y a-t-il vraiment pénurie d’ingénieurs IT au Maroc?Khalid Ziani: il y a une réelle pénurie d’ingénieurs IT au Maroc. Les secteurs des télécoms et de l’offshoring sont les plus touchés par ce phénomène et ont du mal à recruter les jeunes diplômés des écoles d’ingénieurs. Ces secteurs font face à la concurrence d’autres pays (essentiellement la France et le Canada) qui sollicitent les jeunes ingénieurs talentueux.

Pourquoi quittent-ils le Maroc?Plusieurs raisons expliquent ce phénomène. D’abord, l’apprentissage post-études est très intense dans les économies avancées. Celles-ci permettent aux jeunes ingénieurs d’exprimer leur potentiel, d’affiner leurs connaissances dans un écosystème professionnel un peu plus favorable. Interviennent ensuite des facteurs liés à la rémunération, aux mécanismes de protection sociale et à la qualité du système éducatif pour les enfants.

A noter aussi l’effet du facteur démographique: l’effectif des ingénieurs est inférieur à celui dont ces économies ont besoin, ce qui les poussent à venir puiser dans les réserves des pays qui connaissent une évolution démographique positive. Le facteur de la langue ainsi que la qualité de la formation contribuent à amplifier le phénomène de débauchage des compétences IT au Maroc.

Quel impact sur les entreprises marocaines?Les entreprises marocaines souffrent de cette pénurie et sont de plus en plus confrontées au turnover. Elles tentent de s’adapter à ce phénomène en requalifiant des diplômés issus d’autres disciplines. Les entreprises IT tendent à recruter des biologistes, des mathématiciens, avant de les reconvertir aux disciplines IT, à travers des formations accélérées.

Quelle solution pour stopper l’hémorragie?Il faut s’attendre à une plus grande concurrence entre les pays. La recherche des talents est un problème qui se pose partout dans le monde. Il importe de repenser les politiques publiques de manière à pouvoir retenir les talents.

Une économie connectée au 21e siècle doit être orientée vers la dématérialisation de tous les process. Nous avons un gap à rattraper dans ce domaine. Les administrations doivent externaliser leurs projets informatiques pour faire émerger de grandes firmes spécialisées, seules à même d’offrir un cadre attractif pour les compétences IT. Nous devons penser à améliorer l’attractivité de la destination Maroc auprès de nouvelles compétences IT issues d’autres pays, notamment en Afrique.

Par Wadie El Mouden et Khadija Sebbar
Le 10/11/2019 à 09h58