Vidéo. CNOPS. Polémique sur les césariennes: les gynécologues du privé s’expliquent

Le360

Dr Saâd Agoumi, gynécologue, revient sur les raisons ayant poussé les gynécologues du privé à décider de ne plus accepter les prises en charge de la CNOPS relatives aux accouchements (par voie basse ou césarienne) et ce, à partir du 1er mai prochain.

Le 20/04/2019 à 15h00

La décision de «boycotter» les prises en charge de la CNOPS concernant les accouchements (par voie basse ou césarienne) n’est qu’une riposte à la nouvelle procédure imposée par la Caisse de prévoyance sociale qui gère l’assurance maladie des salariés du secteur public.

Désormais, pour toute césarienne, la CNOPS exigera un rapport médical justifiant le recours à cet acte médical. A défaut, le paiement se fera sur la base du forfait de l’accouchement par voie basse. L’entrée en vigueur de cette procédure est prévue dès le 1er mai prochain.

La réaction des gynécologues privés ne s’est pas fait attendre. Ils ont décidé à leur tour de ne plus accepter les prises en charge de la CNOPS. «Nous continuons toutefois à assurer le service. Nous allons remplir toutes les feuilles nécessaires avec les documents utiles et c’est aux mamans ou à leurs familles d’aller se présenter à la CNOPS pour demander le remboursement», affirme Saâd Agoumi, gynécologue à Casablanca et président fondateur du Collège syndical national des médecins spécialistes privés (CSNMSP).

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«Les producteurs de soins (cliniques, hôpitaux publics, etc.) ont été invités à joindre à leur dossier de facturation un compte-rendu précisant l’indication médicale du recours à la césarienne programmée ou d’urgence: la raison motivant le recours à cet acte, le rapport bénéfices-risques de l’intervention et les conditions de sa réalisation», a fait savoir la CNOPS dans un communiqué.

La caisse, dirigée par Abdelaziz Adnan, a motivé sa décision par le taux anormalement élevé du recours à la césarienne. En 2017, la CNOPS affirme avoir enregistré 30.583 cas d’accouchement, dont 18.522 réalisés par césarienne (61%). «Ce taux était de 35% en 2006, puis il a bondi à 43% en 2009 juste après le relèvement du tarif national de référence de 6.000 dirhams à 8.000 dirhams», poursuit ledit communiqué.

Autre constat rapporté par la CNOPS: le secteur privé, qui s’accapare 90% du nombre d’accouchements au Maroc, enregistre un taux supérieur du recours à la césarienne, se situant à 66% contre seulement 25% dans le secteur public. Mieux, certaines structures privées d’hospitalisation à Casablanca, Rabat, Fès, Agadir, Kénitra et El Jadida, ont même franchi la barre de 80% en 2017. Elément qui retient l’attention, relève la CNOPS: 72% des femmes césarisées en 2017 étaient âgées entre 20 et 35 ans.

Interrogé sur ce phénomène de «césariennes de convenance», le représentant des gynécologues privés rejette fermement ces accusations qui auraient fait l’objet d’un courrier adressé par le directeur de la CNOPS à l’ensemble des cliniques privées. «En l’absence de preuves, nous prenons cela comme une très grave diffamation. Nous faisons des césariennes suite à une indication scientifique basée sur nos connaissances et notre formation. Il est hors de question de laisser un administrateur décider de nos pratiques, car il y va de la santé des mamans et des futurs bébés», rétorque Agoumi.

Le président fondateur du collège syndical des médecins du privé remet en cause les statistiques avancées par la CNOPS sur l’accouchement au Maroc lesquelles se basent, dit-il, sur les seuls cas déclarés à la CNOPS (près de 30.580 cas en 2017). «Beaucoup de mamans qui accouchent par voie basse ne présentent pas leurs factures à la CNOPS car elles ne veulent pas s’embêter avec une tonne de paperasse pour se faire rembourser un an après à des montants tellement dérisoires», explique Saâd Agoumi.

A noter enfin que ce nouveau bras de fer opposant les médecins du privé à la CNOPS coïncide avec le lancement d’un nouveau round de négociations, impliquant l’ensemble des acteurs du système de soins de santé, pour la révision de la Tarification nationale de référence (TNR) correspondant aux remboursements au titre de l’Assurance maladie obligatoire (AMO).

Par Wadie El Mouden et Khalil Essalak
Le 20/04/2019 à 15h00