Une entreprise marocaine sur trois évite le crédit bancaire pour des raisons religieuses (HCP)

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Le HCP vient de rendre publics les résultats d’une enquête sur le climat des affaires auprès des entreprises du Maroc. Il en ressort, entre autres, que l’accès au financement et le système fiscal sont les principaux obstacles à l’investissement et à l’emploi.

Le 19/11/2019 à 12h48

L’enquête du HCP est menée auprès de 2.101 entreprises: 769 représentant l’industrie, 371 la construction, 294 le commerce et 667 les services marchands non financiers. Le HCP explique que l’objectif est d’appréhender la perception des chefs d’entreprises du cadre économique, social et juridique dans lequel ils opèrent.

Voici les principales conclusions de l’enquête du HCP:

- La répartition des entreprises par tranche d’âge fait apparaitre que 75% des entreprises sont de création récente, avec moins de 20 ans d’existence. Près de la moitié d’entre elles ont moins de 10 ans.

- Les entreprises au Maroc présentent un taux d’encadrement de 25% avec une faible disparité selon les secteurs d’activité.

- Seulement 26% des entreprises ont mené des actions de renforcement des capacités au profit de leur personnel.

- Les entreprises ont un faible usage des technologies dans leur fonctionnement. Alors que 31% possèdent des sites web, seules 35% les utilisent dans un cadre professionnel.

- Le management des entreprises est faiblement féminisé. Il est de 8% dans les Grandes entreprises (GE) contre 13% au niveau des TPME.

- Au cours des trois dernières années, 39% des entreprises ont réalisé des investissements. Cette proportion s’élève à 80% pour les GE, 49,5% pour les PME et 29,4% pour les TPE.

- La moitié des entreprises ont déclaré avoir recruté au cours des trois dernières années. Les GE recrutent principalement des profils d’un niveau élevé (ingénieurs, cadres supérieurs) alors que les TPE recrutent principalement des techniciens spécialisés et des ouvriers qualifiés. La majorité des recrutements (71%) sont des recrutements de remplacement ou se font suite à l’expansion de l’activité (64%).

- Globalement, une entreprise sur cinq recourt au financement externe dont la majorité (93%) provient du crédit bancaire. Les TPME sont les plus confrontées aux difficultés d’accès au financement qui constituent un obstacle sévère pour 40% d’entre elles.

- Dans l’ensemble, 58% des chefs d'entreprises sont insatisfaits des services offerts par les institutions financières. Ce mécontentement est plus accentué chez les TPE (63%).

- 35% des entreprises ont demandé un crédit auprès d’une institution bancaire au cours des trois dernières années. Cette proportion est de 56% pour les GE et de 27% pour les TPE. Le taux d’intérêt élevé (40%) ainsi que les garanties exigées par les banques (34%) sont les principaux freins à la demande de crédit.

Près de 33% des entreprises évitent le recours au crédit bancaire pour des raisons religieuses. Selon la perception des chefs d’entreprises, les deux facteurs les plus déterminants pour l’accès au financement bancaire, à savoir les garanties exigées et le taux d’intérêt, se sont davantage resserrés durant la période considérée.

- Sur le plan de la fiscalité, les entreprises se plaignent des contrôles fiscaux et de la multiplicité des redressements. A ce titre, 34% des GE ont fait l’objet d’un contrôle fiscal et 73% ont été redressées l’année dernière.

- Dans l’ensemble, le système fiscal est jugé contraignant par 60% des d’entreprises, un facteur de découragement de l’investissement par 95% d’entre elles, source de méfiance vis-à-vis de l’administration fiscale par 88% et favorisant le recours à des pratiques informelles par 69%. Par ailleurs, le système fiscal est considéré complexe par plus de la moitié des entrepreneurs (51%). Cette proportion est de 63% pour les GE.

- La lenteur de traitement des litiges commerciaux par les tribunaux constitue une contrainte pour 51% des entrepreneurs et la difficulté dans l’application des décisions judiciaires pour 15% des cas.

- 45% des chefs d’entreprises estiment que le monopole de certaines entreprises est l’une des principales raisons qui les empêchent de décrocher une commande publique. Le manque de transparence est évoqué par 56% des PME ayant soumissionné à un marché public.

- Près de 89% des chefs d’entreprises considèrent que les délais de paiement après livraison des commandes publiques constituent un réel frein au développement de l’entreprise.

- En ce qui concerne les principaux facteurs de production, 61% des chefs d’entreprises déclarent que le coût de l’énergie constitue un obstacle pour la compétitivité. Il en est de même pour l’accès au foncier pour 47% des entreprises.

- Les chefs d’entreprises ont globalement une opinion peu favorable de leurs rapports avec l’administration publique. Les deux tiers des entreprises estiment que la complexité des procédures de l’administration est un obstacle au développement de leur activité. Pour la moitié des entreprises, la qualité de service, le délai de paiement et l’accès à l’information sont également des contraintes sérieuses.

- 57% des entreprises déclarent avoir observé des pratiques non éthiques au sein de l’administration publique. Ce phénomène est constaté de manière significative parmi les entreprises de tous les secteurs.

Par Ayoub Khattabi
Le 19/11/2019 à 12h48