Med Paper. Les petits porteurs crient au scandale

Les petits porteurs, qui possèdent près de 8% du capital de Med Paper, accusent à la fois le management de Med Paper et le CDVM. Selon eux, les actionnaires majoritaires ont voulu gagner du temps en faisant de fausses promesses au marché.

Le 16/03/2015 à 14h47

Après la révélation du désengagement de la famille Sefrioui dans le capital de Med Paper, les petits porteurs crient leur colère. Regroupés dans le forum virtuel Maroc-Bourse.org, ils viennent de publier un long article dénonçant tant l’attitude des ex-actionnaires majoritaires que le retard du CDVM, avant d’alerter les minoritaires.

Une quasi-failliteSelon eux, la société est en faillite depuis bien longtemps et ne respecte plus la législation sur les sociétés anonymes. "La situation comptable et financière de Med Paper est chaotique. Sans augmentation de capital pour résorber les déficits, l'entreprise est en faillite depuis plusieurs années, mais elle continue d’être cotée", signalent-ils. Et d’ajouter: "Les reports à nouveau déficitaires dépassent les 400 MDH pour un capital social de 258 MDH". Toujours selon les petits porteurs, "les comptes arrêtés depuis fin 2013 font apparaître une situation nette inférieure au quart du capital, d'où l'obligation de se prononcer sur la continuité de l'activité de l'entreprise ou sa mise en redressement judiciaire. Or, et selon le dernier rapport du commissaire aux comptes, les actionnaires majoritaires entendent apporter leur soutien à l'entreprise et considèrent que la continuité de l'exploitation de l'entreprise n'est pas compromise".D’après eux, quand ils ont contacté Mohsine Sefrioui, PDG de Med Paper, il a simplement affirmé "ne pas être au courant de l'affaire et que le CDVM peut faire ce qu'il veut en vertu des lois", sans oublier de leur rappeler "qu’il ne devait pas être dérangé le samedi matin".

D’incessantes promesses jamais tenuesPendant toutes ces années, le management de la société n’a cessé de faire des promesses pour rassurer le marché. Ainsi, lors de la publication des résultats de 2013, Med Paper affirmait que "la poursuite de la politique de diversification des produits et la production de plus de produits de niche à forte valeur ajoutée, et sur lesquels la Société est moins concurrencée, permettra de redresser les résultats à titre de l’exercice 2014 et de l’exercice 2015". Mohsine Sefroui disait pratiquement la même chose un an auparavant en affirmant que, "s'agissant des perspectives de la société au titre de l'année 2013, avec une conjoncture un peu difficile, Med Paper va pouvoir faire plus d’efforts et programmer des actions au niveau de sa fonction commerciale pour augmenter son chiffre d’affaires à hauteur de 15% en 2013". Malgré les mesures prises par le ministère du Commerce pour réduire l’importation de ramettes de papier, pour protéger Med Paper, aucune de ces promesses n’a été tenue.

Comme toujours, le CDVM en prend également pour son grade. En effet, les actionnaires ont effectué leur déclaration le vendredi 6 mars, mais ce n’est qu’une semaine plus tard, vendredi, en toute fin de soirée, qu’ils ont publié leur communiqué. Entre temps, le titre a perdu 17% durant cette semaine de cotation, ce qui n’a fait qu’accentuer des pertes déjà importantes. Et les actionnaires de se poser la question de savoir pourquoi la CDG Développement, présente dans le conseil d’administration, n’a pas agi à temps pour corriger ce qui pouvait l’être.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 16/03/2015 à 14h47