Fos-sur-Mer: la cimenterie Sefrioui au cœur d’une bataille politique

Anas Sefrioui, PDG du groupe Addoha.

Anas Sefrioui, PDG du groupe Addoha. . Brahim Taougar Le360

Le Front National s’est attaqué d’une manière virulente au Parti Socialiste et à Christian Estrosi (Les Républicains) les accusant de manque «de patriotisme économique» après que le président de la région PACA ne se soit pas opposé au projet de construction de la cimenterie Sefrioui à Fos-sur-Mer.

Le 15/12/2016 à 15h08

«C’est une catastrophe industrielle». C’est ainsi que le Front National (FN), parti français d’extrême droite dirigé par Marine Le Pen, qualifie le projet de construction, par le groupe marocain Sefrioui, d’un complexe cimentier dans la région de Fos-sur-Mer.

Le360 vient en effet d’apprendre que le parti présidé par Marine Le Pen a fait de ce projet marocain une nouvelle arme de bataille pour s’attaquer, non pas à l’investisseur en soi, mais plutôt au Parti Socialiste (PS) et au président de la Région, affilié au parti de droite Les Républicains.

Dans un communiqué, que le360 a pu consulter, et qui est signé par Marion Maréchal-Le Pen, Stéphane Ravier et Emmanuel Fouqart, tous considérés comme des dirigeants du parti, le Front National considère que le PS, mais aussi des dirigeants du parti Les Républicains, comme Christian Estrosi, président de la région PACA et de la métropole Nice-Côte d’Azur, ne font pas preuve de «patriotisme économique» en ne s’opposant pas au projet de construction de la cimenterie Sefrioui.

Pour argumenter sa position, le parti de Marine Le Pen évoque une crise chez les employés de trois cimentiers installés dans la zone où le groupe Sefrioui prévoit de lancer son unité industrielle, à savoir Vicat, Lafarge et Calcia.

Ces employés se battraient actuellement, selon le communiqué du FN, contre ce projet qui «mettrait en danger de mort l’industrie cimentière française et menacerait des centaines d’emplois».

Cependant, le communiqué s’abstient de rappeler la centaine de nouveaux emplois que devrait générer le projet marocain, comme cela a été démontré dans les différentes études présentées aux autorités françaises et dont le contenu avait déjà été relayé par le360.

Il ne fait pas non plus allusion au montant qui devrait y être investi et qui s’élève à plus de 50 millions d’euros.

Le communiqué du FN se contente seulement d’accuser le projet marocain de bénéficier d'avantages auxquels n’ont pas droit les autres cimentiers concurrents, en recourant au clinker importé du Maroc qui ne serait pas soumis aux mêmes exigences environnementales auxquelles sont contraints les extracteurs français. Ce qui permettrait au groupe Sefrioui de bénéficier de coûts avantageux qui, à terme, menaceraient même les sites d’extraction de la région de Fos-sur-Mer.

C’est dire que le FN n’y va pas par quatre chemins pour «descendre» le projet de construction de la cimenterie marocaine, arguant que sa volonté est avant tout de défendre les intérêts des salariés des usines concurrentes. Il envisage même de déposer une motion dans ce sens auprès du Conseil régional de PACA. Mais à la veille des élections présidentielles françaises, on est en droit de douter des réelles motivations de cette virulente sortie.

D’ailleurs, le communiqué ne fait aucun mystère sur l’idéologie xénophobe qui sous-tend les arguments des trois signataires qui soulignent bien sûr la nationalité du porteur du projet «le Marocain Anas Sefrioui».

Par Younès Tantaoui
Le 15/12/2016 à 15h08