Exclu Le360. Affaire «Casablanca Parc»: le promoteur Benhima livre sa version des faits (2/2)

Sadreddine Benhima, co-fondateur du groupe Maprinvest et de sa filiale Treize Huit

Sadreddine Benhima, co-fondateur du groupe Maprinvest et de sa filiale Treize Huit . DR

Dans cette deuxième partie d'interview, le promoteur du projet immobilier «Casablanca Parc» poursuit son argumentaire et assure que le chantier sera mené jusqu'au bout. Entretien.

Le 03/03/2019 à 12h37

Plusieurs plaintes ont été déposées contre vous par les réservataires. La plupart ont gagné les procès civils et se sont ensuite tournés vers le pénal…Je trouve cela absurde. Un jugement civil tient en échec n’importe quel autre jugement pénal. Savez-vous pourquoi ils ont gagné le procès civil ? Parce que je suis quelqu’un d’honnête. Je n’ai pas fait appel du jugement de première instance parce qu’effectivement, ils ont donné une avance et que celle-ci doit être restituée en temps voulu.

Dans la liste des clients qui ont porté plainte au pénal, plus de la moitié ont déjà un jugement en civil.

Maintenant, nous devons attendre les conclusions du parquet.

Les plaignants vous accusent de détournement d’argent, de faux et usage de faux. Avez-vous été auditionnés par les services de police?Le dossier est en cours d’instruction. J’ai été entendu plusieurs fois par la Police judiciaire. Je leur ai fourni tous les documents demandés. J’attends maintenant la décision du parquet.

En attendant, les plaintes au civil ont été gagnées par tous ceux qui se sont dirigés vers le tribunal de commerce. Certains veulent trouver une solution à l’amiable. D’autres attendent leur tour pour s’installer dans leur appartement. D’autres y sont déjà entré et ont oublié leur plainte. Il y a un peu de tout. C’est un grand projet. Il y a eu certes du retard justifié, mais il y a surtout eu une cacophonie, une espèce de vent de panique semé par trois ou quatre personnes. Celles-ci doivent assumer leur responsabilité quand il s’agit de dénonciation calomnieuse à mon encontre.

Certains médias parlent de détournement de quelques 200 millions de dirhams…Oui, et d’autres de détournement de 600 millions à l’aide d'une carte de guichet automatique. Vous comprendrez qu’on puisse avoir du mal à répondre à cela. Les comptes de la société sont clairs et bien tenus. Le coût des ensembles immobiliers de cette envergure ainsi que les infrastructures et les taxes à payer par le promoteur sont très importants. Les gens non-initiés se lancent dans des spéculations spectaculaires. Pour vous donner un ordre de grandeur, les frais d’acquisition d’un tel terrain se chiffrent à près de 15 millions de dirhams et les taxes de l’opérateur du réseau d’assainissement et d'électricité à près de 25 millions de dirhams. Les gens ne sont pas au courant de tout cela. Mais la thèse du détournement est certainement plus vendeuse...

Détournement ou pas, les caisses de Treize Huit sont vides…Si les caisses de Treize Huit étaient pleines, cela serait bien plus problématique. Cela veut tout simplement dire que l’argent est investi. Ce qui est collecté va au remboursement et à l'investissement.

Voulez-vous dire que tout l’argent a été investi dans le chantier?

100% de l’argent a été investi. Contrairement à ce qu’ont rapporté les médias, Maprinvest n’a acheté aucun autre terrain. Les sociétés du groupe n’ont fait aucune acquisition de maisons à la plage ou des appartements à Marbella. La traçabilité des flux d’argent est vérifiable.

Nous avons produit de volumineux grands livres pendant les cinq années de travaux. Feuille par feuille, ligne par ligne, ils décrivent avec précision où l’argent a été affecté.

Y compris l’argent des avances…

L'argent des avances est de 15% du prix de l’appartement. Il participe au plan de financement. Il représente la moitié du coût des gros œuvres. Cela veut dire que lorsque l’acquéreur réceptionne son bien, il lui reste 85% à payer et que le promoteur a supporté cette partie pendant toute la durée des travaux.

Pour certains, les avances-clients ont servi à l’achat d’un terrain sur la route de Fès… Le lotissement de la route de Fès appartient à ma mère et à ses frères. J’ai une seule action dans ce projet, pour pouvoir représenter ma mère en tant qu’administrateur. Le terrain est hérité.

On parle aussi d’un terrain acheté à Bouznika…Je suis aussi curieux que vous de savoir de quoi s'agit-il. 

Des huit blocs prévus par le projet, seuls deux ont été achevés dont un non encore titrisé…La taille des blocs n’est pas la même. Sur les six ensembles (et non huit), il y en a deux qui sont titrés.

Les gros œuvres sont entièrement finis pour les troisième et quatrième blocs. Le cinquième est en haut de rez-de-chaussée (les fondations et le sous-sol entièrement construits). Il ne reste plus que le sixième bloc. Nous avons pris toutes les réservations du sixième bloc et les avons rapproché vers les cinquième, voire le quatrième ou le troisième ensemble.

Il faut savoir que lorsqu’on invite les gens à venir payer, il y a au moins 25 à 30% des clients qui ne sont pas en mesure de régler le reliquat. Nous procédons ainsi à une reconversion en les orientant vers les derniers blocs. C’est une démarche dynamique et non pas statique.

Que reste-t-il encore à vendre?Il y a encore une dizaine de bâtiments qui n’ont jamais été commercialisés. Cinq ensembles ont été à ce jour commercialisés. Les réservataires du sixième ensemble ont été transférés vers les premiers blocs. Nous n’avons pas arrêté les choses de façon statique. Les clients du cinquième bloc peuvent ainsi habiter dans le troisième bloc du moment que les réservataires de ce dernier n’auront pas encore finalisé leur achat.

Mais le chantier est toujours à l’arrêt!Nous sommes en train de finaliser avec la banque pour pouvoir terminer la construction. Les problèmes administratifs dont je vous ai parlé ne vont pas arrêter la vie du projet.

Vous négociez une nouvelle ligne de crédit?Nous allons restructurer le crédit de manière à pouvoir continuer.

Une restructuration de quelle nature?Je ne peux vous en dire plus. Nous sommes toujours en négociation.

Seriez-vous en litige avec la banque qui a financé le projet?Jamais. La banque est notre partenaire et nous avons des intérêts convergents.

Que répondez-vous à ceux qui disent que le terrain du projet «Casablanca Parc» appartient aux Domaines de l’Etat et que vous en avez bénéficié grâce à une dérogation du wali de la région Casablanca-Settat?Je serais ravi de voir le terrain dont j’aurais bénéficié des Domaines de l’Etat, accompagné de sa dérogation. Je vois qu’on a maintenant déguisé Monsieur le wali de Casablanca-Settat en père Noël. Sur une note plus sérieuse, les actes d’acquisition du terrain de «Casablanca Parc» sont à la Conservation foncière et retracent l'acquisition de parcelles à 100% privées de chez plus de 60 héritiers.

Certains vous décrivent comme «une personnalité influente, se croyant au-dessus de la loi»…Si j’étais une personne au-dessus de la loi, cette interview n’aurait pas eu lieu.

Le gouverneur des arrondissements de Aïn Chock ne vous a-t-il pas reçu avec les honneurs, au point qu’on vous a laissé rentrer avec votre véhicule à l’intérieur de la Préfecture?

Le gouverneur est un monsieur courtois qui a reçu un collectif d'acquéreurs avant de me convoquer. Le gouverneur m’a reçu 15 minutes et n'a tenu ni propos diffamatoires ni dénonciations calomnieuses à mon égard. Il a posé des questions d'ordre technique avec courtoisie et professionnalisme. Voici les égards auquel j’ai eu droit... Quant au reste... Je me suis fait conduire pour ne pas avoir à chercher une place de parking et me suis fait déposer devant l’entrée du bâtiment à la demande d'un agent de la préfecture. Je n'ai effectivement pas été accueilli par un jet de tomates, contrairement a ce qu’auraient aimé mes détracteurs.

Comment s’est passée la rencontre avec le gouverneur?Le gouverneur m’a reçu pendant une quinzaine de minutes, me demandant ma version des faits. Ensuite, il a fait rentrer tous les services de la Préfecture (Police, Forces auxiliaires, etc). Il y avait sept ou huit personnes lors de cette réunion qui a duré une heure et demie. Je leur ai dit que les problèmes étaient en voie d’être résolus et qu’il n'y avait ni problème juridique ni technique. Je leur ai fait part des négociations que nous étions en train de mener avec notre principal bailleur de fonds. Idem pour le problème que nous sommes en train de résoudre avec l’entreprise de construction.

Certains évoquent un «litige» qui vous a opposé à une personnalité influente et n’hésitent pas à faire des rapprochements avec le projet «Casablanca Parc». Qu’en dites-vous?C’est une affaire privée, résolue et classée depuis bien longtemps. C’est une personne qui a tout mon respect et qui est à des années lumières du sujet que nous traitons aujourd’hui.

La restitution des avances est-elle conditionnée par la reprise des ventes?La restitution des avances n'a aucun rapport avec la reprise des ventes. Elle fait d'ailleurs partie des premiers ingrédients de la reprise d’activité qui est programmée prochainement.

Quand allez-vous rouvrir le point de vente?La réouverture du bureau de vente est aussi prévue très rapidement. Sa fermeture forcée pour des raisons sécuritaires a créé une rupture très contraignante dans la relation client. Nous présentons nos excuses à la totalité de nos clients et particulièrement à l'écrasante majorité d’entre eux qui croient en notre projet commun et qui, comme nous, ont dû subir les désagréments de ces dernières semaines. Ce projet va suivre son cours et tenir ses promesses. Nous sommes encore une fois solidaires de nos clients et partageons avec eux un but commun;

Par Wadie El Mouden
Le 03/03/2019 à 12h37