Enquête. Comment l’enseignement de la médecine a été transformé pour favoriser la faculté privée de Marrakech

De g à d: My Hafid Elalamy, Saaïd Amzazi et Mohamed Kabbaj (Photomontage)

De g à d: My Hafid Elalamy, Saaïd Amzazi et Mohamed Kabbaj (Photomontage) . DR

La faculté privée de médecine de Marrakech a été autorisée à ouvrir dans des délais record. Son promoteur continue de bénéficier d’un traitement pour le moins inhabituel qui impliquerait directement deux ministres du gouvernement El Othmani. Enquête sur ce qui s’apparente à un scandale.

Le 12/08/2020 à 10h48

Dimanche 2 août 2020. Un communiqué du ministère de l'Education nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, annonce plusieurs mesures. Une seule retient l’attention et provoque une vive polémique: le seuil de l’accès aux études de médecine, de médecine dentaire et de pharmacie est fixé, ou plutôt rabaissé, à une moyenne de 12 sur 20. Auparavant, il fallait avoir obtenu une moyenne minimale de 14 sur 20 pour espérer embrasser une carrière dans la médecine ou la pharmacie. Cette soudaine accessibilité des concours de médecine n’est pas appréciée de tous, certains craignant que la porte grande ouverte aux admissions ne ratisse la voie à la dépréciation d’un domaine où l’on ne peut, en aucune manière, brader la vie et la santé des citoyens. D’autres affirment qu’en prenant cette décision, le ministère favorise les facultés privées de médecine, qui essaiment.

Le ministère de l’Education nationale a tenté de justifier cette mesure par le souci d’assurer une certaine «égalité des chances» entre l’ensemble des candidats et, aussi, d’augmenter le nombre de médecins dans le Royaume. Mais sans convaincre.

Pour nombre d’observateurs du secteur de l’enseignement supérieur, la baisse du seuil d’admissibilité dans les facultés de médecine servirait d’abord et avant tout les intérêts de l’unique université privée à but lucratif formant des médecins au Maroc: l’Université privée de Marrakech (UPM), à ne pas confondre avec les deux autres universités privées de médecine qui, elles, appartiennent à des fondations à but non lucratif. Il s’agit, d’une part, de l’Université internationale Aboulcasis des Sciences de la Santé à Rabat, créée par la Fondation Cheikh Zaïd Ibn Sultan et, d’autre part, l’Université Mohammed VI des Sciences de la santé (UM6SS) à Casablanca, relevant de la Fondation Cheikh Khalifa Ibn Zaid.

La Faculté privée de médecine de Marrakech avait déjà fait jaser lors de son inauguration, compte tenu des circonstances «mystérieuses» dans lesquelles cet établissement a pu voir le jour, à l’automne 2018.

Son fondateur s’appelle Mohamed Kabbaj. PDG de KMR Holding Pédagogique (KMR), maison-mère de l’UPM, il a pu construire en quelques années un empire de l’enseignement privé au Maroc et au Sénégal, soutenu par des fonds internationaux, dont Development Partners International (DPI), Mediterrania Capital Partners (MCP) et Helios Partners, entre autres. Outre l’UPM, KMR détient aujourd’hui l’Université internationale de Casablanca (depuis janvier 2018), une part minoritaire dans l’école de commerce Sup de Co Marrakech (depuis octobre 2019) et l’Université de médecine Saint Christopher Iba Mar Diop à Dakar (depuis 2015).

Visa express

L’année 2018 a marqué un tournant dans la trajectoire du groupe KMR et de son président. Mohamed Kabbaj a voulu étendre son business en installant une Faculté privée de médecine à l’intérieur du campus de l’UPM, situé au kilomètre 13 au sud-ouest de Marrakech (sur la route menant vers Amizmiz). La vitesse avec laquelle il a pu obtenir un agrément du ministère de l’Enseignement supérieur en a surpris plus d’un, alimentant des soupçons de favoritisme.

Entre le dépôt de la demande d’autorisation, le 26 décembre 2017, jusqu’à l’obtention de l’avis favorable de la Commission Nationale de Coordination de l’Enseignement Supérieur (CNCES), le 6 septembre 2018, Mohamed Kabbaj peut se prévaloir d’avoir décroché ce précieux sésame en neuf mois. A titre de simple comparaison, la faculté de médecine privée de Rabat, Aboulcasis, avait déposé sa demande en 2012 et n’avait obtenu son agrément qu’en 2014. Cette faculté est pourtant adossée à un hôpital pluridisciplinaire, fonctionnel depuis 1998.

Que cache cette célérité dans le traitement du dossier de Kabbaj? En octobre 2018, alors que Le360 avait adressé une série de questions à Saaïd Amazazi, ministre de l’Education nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, à propos de l’octroi express de cette autorisation, il avait répondu que «la demande d’autorisation de la Faculté Privée de médecine de Marrakech, contenant 3 dossiers, administratif, technique et pédagogique, a été conforme aux critères fixés par le ministère».

Le document ci-dessous, qui définit la procédure d’autorisation d’une faculté privée au Maroc, est pourtant très contraignant, et s’apparente davantage aux douze travaux d’Hercule qu’à une simple formalité. 

  • procedure_dautorisation_dune_faculte_privee.pdf

Mais il y a plus surprenant encore. A peine autorisée début septembre 2018, la faculté privée de Marrakech a ouvert ses portes quelques jours après. Le concours d’entrée de la première promotion s’est déroulé le 29 septembre 2018. «Le promoteur du projet devait être sûr d’avoir l’aval du ministère. S’il a construit, équipé, recruté, mené les opérations de communication, c’est qu’il était sûr d’avoir l’autorisation pour démarrer ses activités», affirme ce professeur universitaire, très au fait des rouages accompagnant le processus d’octroi des autorisations aux établissements de l’enseignement supérieur.

Le360 a interrogé le ministère sur la quasi-simultanéité des dates de la délivrance de l’agrément et du lancement du concours d’entrée de la première promotion. «Chaque porteur de projet qui soumet une demande d’autorisation d’un établissement d’enseignement supérieur privé prépare, en parallèle de la soumission de sa demande au ministère, les activités de démarrage de son établissement, dont les campagnes publicitaires et les concours. De ce fait, le porteur du projet serait prêt pour démarrer les activités de son établissement dans de bonnes conditions et dans les meilleurs délais après l’obtention de l’autorisation du ministère» a-t-on justifié, de source autorisée. Cette réponse du ministère de tutelle laisserait-elle penser que les différentes commissions chargées d’instruire les dossiers serviraient juste de «chambres d’enregistrement» dépourvues de pouvoirs, et dont le rôle se limite à émettre des avis favorables, y compris lorsqu’il s’agit de facultés de médecine non adossées à un hôpital d’application, comme l’exige la loi? Car il faut le savoir: l’élément-clef d’une faculté de médecine est sa proximité immédiate avec un hôpital pluridisciplinaire auquel elle est nécessairement adossée, lequel constitue le fondement de l’enseignement pratique dispensé aux étudiants.

Un deal win-win

Les dispositions de la loi sont en effet très claires: une université de médecine ne peut exister sans la présence d’un CHU ou d’un grand hôpital qui servent de terrains de stage pour ses étudiants. Dans le cas de l’UPM, jusqu’à la réunion de la CNCES du 26 juillet 2018, Kabbaj n’avait pas encore présenté la moindre preuve justifiant l’acquisition de l’Hôpital privé de Marrakech (HPM). En d’autres termes, à moins de deux mois de l’ouverture de la faculté de médecine de Marrakech, il manquait au dossier une pièce, pourtant maîtresse: la présence d’un grand hôpital. «Il a été demandé à l’UPM de justifier de la présence d’un CHU… Ce justificatif a été présenté par l’université fin juillet 2018 et a reçu par conséquent un avis favorable pour l’autorisation de la Faculté Privée de Médecine de Marrakech lors de la réunion de la CNCES du 6 septembre 2018», reconnaît le département de l’Enseignement supérieur, ajoutant que si cette faculté a été autorisée à démarrer ses activités dès l’année universitaire 2018-2019, c’était pour répondre au «besoin important en médecins au Maroc». Préoccupé par l’urgence de remédier au manque de médecins, le ministère de tutelle accorderait-il donc si peu d’intérêt aux conditions dans lesquelles seront formés les futurs praticiens en médecine du Maroc?

Bâti sur une superficie de 26.000 mètres carrés par le groupe Saham, l’hôpital privé de Marrakech est opérationnel depuis juin 2017. Natif de Marrakech, le PDG du groupe, Moulay Hafid Elalamy (MHE) espérait en faire le vaisseau amiral du pôle santé de Saham, Meden Healthcare, constitué en quelques années au fil d’acquisitions successives de cliniques privées (Ghandi, Yasmine, Centre d’oncologie de Tanger), de centres de radiologie à Casablanca et à Rabat, ainsi qu’une chaîne de laboratoires d’analyses en Egypte, Hassab Labs. L’hôpital privé de Marrakech est le premier projet du genre, voulu par MHE et mené de bout en bout par le groupe Saham dans le secteur de la santé au Maroc. Ses travaux ont duré plus de deux ans.

Mais en fait, l’investissement colossal consenti par Saham s’est révélé être un fiasco. Ses cliniques sont pratiquement vides, ses relations avec les médecins ne sont pas bonnes. Conseillé par la banque d’affaires américaine JP Morgan, MHE a cherché pendant longtemps à vendre ces biens acquis, mais en vain. Il a fini par céder à la découpe les actifs de Meden Healthcare. Le 7 août 2018, il a réussi à écouler les deux centres de radiologie de Casablanca (Blue Park) et de Rabat (Bouregreg), rachetés par le groupe Oncologie et Diagnostic du Maroc (ODM), dirigé par l’ancien DG de Méditel, Mohamed Elmandjra.

La meilleure vente est incontestablement celle de l’hôpital de Marrakech, acquis par Mohamed Kabbaj à travers KMR Holding pédagogique, pour un montant de 500 millions de dirhams (selon des informations véhiculées par plusieurs médias). Quelques jours plus tard, Kabbaj a racheté Coral Park, une filiale de Saham, dédiée à la gestion des cliniques de Meden Healthcare. Kabbaj et MHE se connaissent depuis longtemps et partagent visiblement les mêmes convictions politiques. Le premier a été nommé coordinateur du parti du Rassemblement National des Indépendants (RNI) dans la région Marrakech-Safi en 2017, après que le second ait refusé ce poste, indique un entrefilet paru dans la lettre Maghreb Confidentiel (dans une livraison parue à la fin du mois d’août 2018).

Une question s’impose: MHE, à qui on reconnaît de grandes qualités en tant qu’entrepreneur, se serait-il donc révélé être un incompétent, et Mohamed Kabbaj, se serait-il avéré être un brillant manager, qui allait réussir là où le vendeur a échoué, en transformant un hôpital déficitaire en établissement bénéficiaire? Très peu probable. Pour comprendre les vraies raisons qui prévalaient à cette vente, il convient de la lier à l’édification de la faculté de médecine qui s’apprêtait à ouvrir ses portes, deux mois après la transaction entre les deux hommes d’affaires.

En effet, le deal de la cession du «vaisseau amiral» du pôle santé de Saham et l’obtention de l’agrément de la faculté de médecine sont à la fois consubstantiels et indissociables. Il ne fait pas de doute que Mohamed Kabbaj a acquis cet hôpital à la seule fin d’y adosser une faculté de médecine. Sans la présence d’un hôpital, en effet, il n’est pas possible d’enseigner la médecine.

En achetant cet hôpital à 500 millions de dirhams, Mohamed Kabbaj devait être sûr d’obtenir le Graal tant convoité: l’aval du ministère de l’Enseignement supérieur, qui allait l’autoriser à ouvrir une faculté de médecine. Il n’est donc pas risqué d’affirmer qu’une garantie d’ouverture de la faculté avait très probablement constitué un préalable au deal conclu entre Mohamed Kabbaj et MHE. Cette garantie s’est d’ailleurs concrétisée par une autorisation obtenue quelques jours à peine après le dénouement de la transaction qui a mené au rachat de l’Hôpital privé de Marrakech. 

Si l’hôpital était déficitaire, Mohamed Kabbaj avait, lui, la certitude de rentabiliser son investissement grâce aux frais d’études qu’il engrangerait de la faculté de médecine. Il convient de signaler que chaque étudiant, inscrit à l’UPM, paie annuellement une somme de 120.000 dirhams. L’enseignement est dispensé pendant sept ans, comptez donc sept promotions, chacune constituant un contingent de futurs praticiens de la santé, qui s’acquittent, chacun, chaque année, de 120.000 dirhams. En cette rentrée, l’UPM entamera la formation d’une troisième promotion d’étudiants. D’ici quatre ans, la faculté devrait tourner à plein régime, avec sept promotions en cours de formation. Si l’on considère que ses effectifs sont, en moyenne, de seulement 100 étudiants par promotion, il y a là, pour Mohamed Kabbaj, un potentiel de 588 millions de dirhams pour chaque cycle de formation de médecins.

Un hôpital en deçà des normes

Dans le dossier de vente des cliniques de MHE, il est mentionné que l’hôpital privé de Marrakech dispose de 170 lits. Dans les faits, il ne dispose, à proprement parler, que de 140 lits d’hospitalisation. L’établissement doit inclure les lits de jour (pour, par exemple, effectuer des dialyses, ou des brancards pour transporter les patients, etc.) pour arriver à ce nombre de 170 lits. Or, contrairement à d’autres disciplines, les futurs docteurs en médecine doivent aussi et surtout, en plus de leur formation théorique, apprendre leur métier à l’intérieur même des hôpitaux. «L’apprentissage de la médecine se fait au pied des malades et non pas dans les salles de cours», insiste ce professeur de médecine.

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Partout dans le monde, les effectifs des étudiants sont associés aux capacités litières de l’hôpital auquel la faculté de médecine est adossée. Les normes internationales exigent un ratio de 1 étudiant pour 10 lits. Au Maroc, la moyenne dans les Centres hospitaliers universitaires (CHU) du secteur public se situe autour de 1 étudiant pour 5 lits. A titre d’exemple, le CHU Ibn Sina de Rabat compte un effectif de 400 à 500 étudiants, pour 2.000 lits. Or, avec un terrain de stage aussi minime (140 lits), la faculté de Marrakech ne devrait pas excéder 30 étudiants, alors même qu’elle a annoncé un effectif de 80 étudiants pour sa première année universitaire, celle de 2018-2019 (d’ailleurs, cet effectif a atteint 100 étudiants lors de l’année universitaire 2019-2020). Dans ces conditions, l’hôpital privé de Marrakech ne peut pas constituer un vrai terrain de stage pour les apprentis médecins. Et c’est évidemment la qualité de l’enseignement dispensé, et partant, les soins que vont délivrer les médecins formés à leurs patients, qui va en pâtir.

A la mi-octobre 2018, lors d’un entretien avec Le360, Denis Dupont et Toufik Tajmouati, respectivement directeur et directeur médical de l’Hôpital privé de Marrakech, tout en reconnaissant que l’établissement ne répondait pas encore au ratio standard, avaient tenu à rassurer sur le fait que la conformité en capacités litières allait augmenter de manière progressive. Ils avaient alors mis en avant de nouveaux outils pédagogiques qui permettent de compenser cette petite capacité litière. «La volumétrie va augmenter une fois que le rodage aura été fait de part et d’autre. La capacité litière est certes une référence, mais n’est pas déterminante à elle seule. La médecine a considérablement évolué dans ses techniques. Il y a de moins en moins d’hospitalisations», avait affirmé, rassurant, Toufik Tajmouati.

«La médecine se pratique de plus en plus en mode ambulatoire. Les patients arrivent sur leurs deux jambes le matin, puis ils repartent chez eux le soir. Nous avons un service ambulatoire énorme», avait renchéri Denis Dupont.

Il est dès lors étonnant de comprendre comment la commission ministérielle qui avait étudié le dossier de l’Hôpital privé de Marrakech a pu autoriser la faculté de médecine de Marrakech à ouvrir, alors même que la structure fondamentale de cet enseignement n’est pas conforme. Comment le ministère a-t-il pu donner son feu vert à une université présentant un ratio dépassant les 15 étudiants par lit? Comment peut-on former des médecins dans ces conditions-là, au prétexte de répondre aux besoins pressants en ressources humaines médicales? A quoi ressembleront donc les médecins de demain, qui ont été formés dans un environnement où ils se sont agglutinés devant un patient?

Il faut, à l’évidence, plus de médecins au Maroc. C’est l’argument massue du ministère de tutelle et c’est ce qui expliquerait l’abaissement du seuil d’admission dans une faculté de médecine, à une moyenne de 12 sur 20. Là encore, cette mesure arrange bien les affaires de la faculté de médecine de Marrakech. Il faut savoir que pour les universités publiques, la note la plus basse exigée lors de l’année universitaire 2019-2020 a été repérée à la faculté d’Oujda, avec un 14,18/20. Du côté des facultés privées de médecine, celle de Rabat (Aboulcassis) a toujours exigé une moyenne obtenue au baccalauréat supérieure à 15/20. Il est très peu probable que les facultés publiques et privées du Maroc acceptent des étudiants ayant obtenu une moyenne de 12/20. En revanche, cette mesure va probablement augmenter le nombre d’étudiants à l’UPM.

En 2019, dans la foulée de la grève qu’avaient tenue des étudiants des facultés publiques de médecine, dans un geste d’apaisement, Saaïd Amzazi avait demandé aux facultés privées de s’aligner sur le seuil minimum des établissements publics (soit une moyenne de 14,18/20). Toutes les facultés s’y étaient conformées, à l’exception de celle de Marrakech. Celle-ci, confie l’un des étudiants de sa première promotion, que Le360 a pu contacter, a trouvé une astuce lui permettant de contourner cette mesure: l’UPM justifie l’abaissement de la moyenne au bac par sa volonté de remplir les places vacantes, suite à des défections de candidats qui figuraient sur la liste principale des candidats présélectionnés.

Avec cette décision prise un dimanche 2 août, abaissant le seuil d’admission à 12/20 pour l’ensemble des facultés de médecine, l’UPM n’a plus besoin de trouver des expédients pour accueillir des étudiants ayant obtenu une moyenne inférieure à 14/20. Le ministère lui a désormais taillé un cadre légal sur mesure pour augmenter la liste des inscriptions.

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Lors des réunions de la commission interministérielle chargée d’examiner les revendications formulées par les étudiants en médecine (la dernière rencontre a eu lieu début juillet dernier), il n’a pourtant jamais été question de ramener la moyenne minimale à 12/20. «Il y a eu des propositions de certains doyens de facultés privées pour augmenter le nombre de candidats et améliorer les chances d’accès, mais aucun seuil n’a été cité ou n’a fait l’objet de discussions entre les membres de la commission. Nous nous attendions à ce que le seuil soit réduit à 13,5 voire à 13, mais jamais nous n’aurions pensé à un 12», révèle Oussama Bouayad, coordinateur de la Commission des étudiants en médecine, médecine dentaire et pharmacie, et siégeant dans cette commission interministérielle.

Dans le microcosme médical, la faculté de médecine de Marrakech fait beaucoup jaser et les interrogations fusent de toutes parts. Pourquoi le ministère a-t-il accordé tous ces avantages à cette université, au mépris des normes, des règles déontologiques et, surtout, de la santé des Marocains? Comment Mohamed Kabbaj a-t-il réussi à obtenir toutes ces facilités, alors que son établissement ne répondait manifestement pas au cahier des charges demandé? Comment MHE a-t-il réussi à revendre son investissement déficitaire, à la somme astronomique de 500 millions de dirhams?

Toutes les faveurs dont fait l’objet cette université auraient pu continuer à alimenter les conversations dans les salons de Rabat et de Casablanca, mais le sujet est bien plus sérieux que cela, parce qu’il est au cœur de la qualité de la formation dispensée aux futurs médecins du Maroc. Quelles compétences auront les médecins de demain, qui auront été formés dans ces conditions? Seront-ils en mesure de bien soigner leurs patients et de sauver des vies?

En tout cas, notre ministre de l’Education nationale semble avoir une petite idée bien précise sur le sujet. La fille de Saaïd Amzazi poursuit ses études de médecine…en Espagne.

Par Wadie El Mouden
Le 12/08/2020 à 10h48