Discours royal: il est temps que l'Administration cesse de bloquer l'investissement

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Dans son discours devant les parlementaires ce vendredi 14 octobre, le souverain a pointé du doigt les défaillances de l'Administration dans son rôle de facilitateur de l'investissement et de l'entrepreneuriat.

Le 14/10/2016 à 17h57

Si le roi Mohammed VI a placé le citoyen au cœur de son discours devant les parlementaires, à l’occasion du lancement de la nouvelle année parlementaire, il n’a pas omis de parler des relations entre les entreprises et les investisseurs avec l’Administration.

Le souverain l’a bien souligné, les entraves que rencontre le secteur privé ne diffèrent pas de celles avec les citoyens. Et à ce titre, un accent particulier a été mis sur le rôle qu’est censé jouer le guichet unique.

En 2002, le roi avait adressé une lettre au gouvernement de l’époque, appelant à la mise en place d’un outil efficace pour la facilitation des démarches d’investissement.

Plus de 14 ans plus tard, force est de constater qu’il demeure encore des lacunes majeures à ce niveau. «Il est vrai que certains investisseurs, dans certains cas, soumettent des dossiers incomplets. Mais au lieu que le guichet leur vienne en aide en leur présentant une liste de solutions pour les motiver, on constate que les choses sont rendues encore plus compliquées pour eux, en les astreignant à une série de restrictions et de contraintes », cite en exemple le roi.

En fait, il est bien connu que dans certains cas, l’administration est défaillante dans son rôle de conseiller et d’accompagnateur des investisseurs.

Une situation qui n’est pas sans conséquence puisqu’elle prive l’économie nationale d’une condition essentielle pour assurer son développement, à savoir l’attractivité auprès des investisseurs.

«Lorsque l’investisseur ne reçoit pas de réponse, et si le problème qu’il affronte n’est pas réglé, il restitue son argent à la banque, et ce, dans le cas où il réside au Maroc. Toutefois, s’il fait partie de la communauté expatriée, et qu’il préfère investir dans son pays, il se voit forcé de rentrer avec son argent à l’étranger», déplore le roi.

Pour lui, ceci est tout simplement inacceptable parce que le pays se trouve privé d’opportunités d’investissement et de développement. Résultat: la perte d’emplois pour les citoyens.

Le message du souverain est donc on ne peut plus clair : il faut que l’Administration joue pleinement son rôle pour encourager l’investissement et, partant, favoriser la création d’emplois.

Ceci passe par la facilitation des procédures, mais aussi par le respect des engagements de l’Etat vis à vis des entreprises. Car là encore, la situation n'est guère rassurante.

Plusieurs entreprises, notamment les PME, se retrouvent asphyxiées par les retards de paiement, à titre de réglement à des prestations fournies dans le cadre de marchés publics.

«Il est tout aussi inconcevable que l’Administration ne rembourse même pas les dettes qu’elle a contractées auprès des petites et moyennes entreprises», rappelle le roi Mohammed VI.

Ceci est en effet en contradiction avec le rôle de locomotive qu’est censé jouer le secteur public, en encourageant les entreprises, non pas en leur accordant des marchés, mais surtout en les réglant à temps.

Si l’économie nationale repose sur la compétitivité des entreprises, il est donc primordial que l’Administration soit un acteur qui leur facilite la vie, à travers un allégement des procédures, mais aussi à travers le respect des engagements financiers.

Par Younès Tantaoui
Le 14/10/2016 à 17h57