Décès de l’ancien ministre de la Privatisation, Abderrahmane Saaidi, à l’âge de 74 ans

Abderrahmane Saaidi

Abderrahmane Saaidi . DR

Il était l’un des plus brillants ministres de sa génération. Egalement ancien directeur général de la raffinerie Samir, Abderrahmane Saaidi est décédé dans la nuit du lundi 11 au mardi 12 mai, à l’âge de 74 ans.

Le 12/05/2020 à 12h40

Ministre de la Privatisation de 1993 à 1998, Abderrahmane Saaidi figure parmi les rares compétences ayant accompagné le début du processus de libéralisation de l’économie nationale à la fin du siècle dernier. Il a, à ce titre, participé à la dynamisation de la Bourse de Casablanca et du secteur des télécommunications.

Saaidi a assumé ses fonctions ministérielles à une époque où la privatisation était mal perçue par l’opinion publique et les syndicats qui y voyaient le prélude d’une hégémonie du secteur privé au détriment des acquis sociaux des fonctionnaires. Saaidi ne se souciait guère des critiques qui remettaient en cause le choix stratégique de la libéralisation, enchaînant les cessions de parts détenues par l’Etat dans plusieurs entreprises publiques, dont certaines comptaient parmi les fleurons de l’industrie nationale.

La cession en 1997 de la Samir a sans doute marqué la suite de sa carrière. Le fait qu’il soit coopté cinq ans plus tard par le groupe saoudien Corral pour diriger la raffinerie qu'il lui-même privatisé lui a valu de féroces critiques. Surtout que la Samir a continué à bénéficier d’un quasi-monopole sur le marché des produits pétroliers après que Saaidi ait pu négocier le maintien d’une protection douanière (entre 2002 et 2007) en contrepartie de la réalisation d’une série d'investissements coûteux et à forte intensité technologique (hydrocracker). «J'ai assuré une fonction difficile, il fallait en assumer les risques. J'estime que j'ai été loyal envers mon pays et mon roi. Je n’ai rien à me reprocher», ainsi répondait l'ancien ministre aux journalistes qui sondaient sa réaction en évoquant cet épisode.

Abderrahmane Saaidi est connu aussi pour son savoir-faire dans les domaines du droit des affaires et du droit fiscal, étant lui-même expert comptable et commissaire aux comptes. Son cabinet situé à Place Maréchal (Casablanca) jouit d’une bonne réputation au sein des milieux d’affaires. Il comptait parmi ses associés un certain Mohamed Hdid, plusieurs fois président de la commission fiscale de la CGEM et négociateur attitré des lois de finances et des mesures fiscales qui en découlent au nom de la confédération patronale. 

Par Wadie El Mouden
Le 12/05/2020 à 12h40