Croissance: les perspectives en demi-teinte pour 2017

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Revue de presseKiosque360. En terme de croissance, 2017 devait être l'année qui allait rétablir la confiance et permettre au pays d'émerger de son marasme économique. Les déficits sont tellement importants que la tâche paraît ardue, voire impossible. Analyse.

Le 04/01/2017 à 01h09

L'année 2017 semble démarrer sous le signe d'un blocage gouvernemental qui risque d’aboutir fatalement à une paralysie économique. D'ailleurs, la Loi de Finances n'a toujours pas été promulguée, ce qui pourrait donc retarder de quatre mois les investissements publics.

Dans un article d'analyse, Economie Entreprises (édition du mois de janvier), rappelle que depuis 2011, le facteur politique est omniprésent dans la sphère économique, impliquant un manque de confiance des opérateurs. En effet, ce ne sont pas moins de trois crises politiques majeures qui se sont succédé ces dernières années. La première en 2011, dans le contexte des Printemps arabes qui a abouti au Maroc à une nouvelle Constitution et à un gouvernement conduit par le PJD, un parti alors novice dans la gestion de la chose publique au niveau national.

Une deuxième crise en 2013 avait débouché sur un remaniement ministériel et l'installation à la tête des ministères clés de technocrates. Puis, une troisième crise a suivi les dernières élections et la nomination de Abdelilah Benkirane pour former son troisième gouvernement.

Autre élément important, la guerre entre le patronat et le PJD. Lors des dernières élections, le patronat s'est positionné contre le PJD en soutenant de manière plus ou moins apparente le PAM. Mais bien avant cela, dès le premier mandat “islamiste”, Miriem Bensalah, à la tête de la CGEM, a croisé le fer avec le chef de gouvernement. En juin dernier, la CGEM s'est carrément alliée avec Bank Al-Maghrib et le Groupement professionnel des banques du Maroc afin de publier un mémorandum où le chef de gouvernement est quasiment tenu pour responsable de la récession économique et de la stagnation des investissements que connaît le royaume. Du jamais vu!

Il faut dire que le landerneau politico-économique est très inquiet face au ralentissement de la croissance au Maroc et surtout le manque de visibilité quant aux pistes de relance. Depuis l'éclatement de la bulle immobilière en 2010, les relais de croissance sont de plus en plus restreints.

La séquence des grands chantiers-investissements publics-croissance semble être rompue. Et le taux d'évolution du PIB non agricole fait du surplace malgré tous les plans sectoriels et leurs corollaires en termes d'investissements publics. Cette réalité est d'ailleurs rappelée par la Banque mondiale qui pointe du doigt la faiblesse de l'investissement privé en comparaison avec l'expansion budgétaire. Et cette faiblesse s'inscrit dans la durée malgré la baisse historique que connaissent les taux d'intérêts bancaires au diapason du taux directeur de Bank Al-Maghrib, qui a été revu trois fois depuis 2014 pour atteindre 2,25% en 2016.

“Durant les deux dernières années, les taux débiteurs moyens ont baissé plus que proportionnellement à la baisse du taux directeur. Ils ont baissé de 95 points de base alors que le taux directeur a baissé de 75 points”. Le taux moyen a atteint 5,08% au troisième trimestre mais sans que cela ne se traduise par une augmentation significative des crédits octroyés par les banques.

De son côté, la Banque centrale reste prudente et table sur une croissance du crédit à hauteur de 3,5% en 2016, avec une relative embellie en 2017 à 4%. Celle-ci sera provoquée par la reprise prévue de la croissance du secteur agricole et les conditions monétaires accommodantes. Des taux trop faibles pour une réelle reprise de la croissance, d'autant plus que les IDE stagnent et stagneront encore en 2017. Le PIB sera ainsi essentiellement soutenu par la croissance agricole, mais quid des autres secteurs? La preuve d'un manque patent d'opportunités et de visibilité!

Même l'activisme royal en Afrique n'a pas en.core trouvé d'échos auprès des opérateurs privés. Les échanges demeurent limités. Le volume global des échanges ne dépasse pas 1,6 milliard de dollars en 2014 contre 206,3 millions en 1999, faisant de l'Afrique subsaharienne le 46ème partenaire du Maroc, contre 41 pour l'Algérie et 38 pour la Tunisie.

Autant d'éléments qui poussent à conclure qu'en 2017, l'activité économique sera condamnée à ronronner sans réelles perspectives de dynamiques solides. Entre-temps, le chômage urbain, notamment celui des jeunes, atteint des sommets et menace, comme toujours, la stabilité sociale.

Par Sanae El Asrawi
Le 04/01/2017 à 01h09