Coronavirus. FMI: la région Mena sous double-contrainte

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Revue de presseKiosque360. La Pandémie de Covid-19 s’accompagne d'une chute des prix du pétrole. Les cours ont baissé de plus de 50% depuis le début de la crise sanitaire. Les plans de sauvetage pour éviter une récession prolongée, une hausse du chômage et les faillites d’entreprises se multiplient.

Le 29/03/2020 à 22h20

«Baisse de la demande intérieure et extérieure, réduction des échanges commerciaux, perturbation de la production, repli de la confiance des consommateurs et durcissement des conditions financières…». Les scénarios catastrophe se suivent pour la région Mena et c’est le FMI (Fonds monétaire international), cité par L’Economiste dans son édition du 30 mars, qui en fait part. Les répercussions du coronavirus (Covid-19) et la chute des prix du pétrole au Moyen-Orient, dans le Caucase et en Asie centrale ont été considérables et pourraient s’intensifier.

«La tâche s'annonce particulièrement ardue pour les pays fragiles et ceux déchirés par des conflits (Irak, Soudan et Yémen…)», déplore Jihad Azour, directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du Fonds monétaire international (FMI). «Il serait encore plus difficile de préparer des systèmes de santé fragiles à l'épidémie en cas de réduction des importations due aux perturbations du commerce mondial, du fait des pénuries de fournitures médicales et d'autres biens et de la hausse sensible des prix qui en découlerait», ajoute-t-il.

Au-delà de ses effets dévastateurs sur la santé, la pandémie provoque de graves turbulences économiques dans la région en causant des chocs simultanés. «Plusieurs secteurs clés comme le tourisme, l'hôtellerie et le commerce sont extrêmement touchés (le Maroc n’est pas épargné). Les pays exportateurs de pétrole de la région subissent le choc de la chute des cours du pétrole. Les restrictions de voyage imposées à la suite de la crise de santé publique ont réduit la demande mondiale de pétrole. Et, faute d'un nouvel accord de production entre les pays membres de l'Opep, l'offre de pétrole est devenue excessive. Les cours du pétrole ont ainsi chuté de plus de 50% depuis le début de la crise sanitaire», lit-on.

Quant aux pays importateurs de pétrole de la région (dont le Maroc), ils seront probablement touchés par des effets secondaires, notamment à travers la diminution des envois de fonds et la baisse de la demande de biens et de services dans le reste de la région.

«La très forte aversion pour le risque à l'échelle mondiale et la fuite des capitaux vers des actifs sûrs ont entraîné une baisse des flux d’investissements de portefeuille vers la région d'environ 1 milliard de dollars depuis la mi-février, avec des sorties de capitaux massives ces dernières semaines», s’alarme le FMI.

Les cours des actions ont chuté et les écarts de rendement des obligations ont augmenté. Un tel resserrement des conditions financières pourrait constituer une difficulté majeure, «compte tenu des 35 milliards de dollars de dette souveraine extérieure qui, selon les estimations, arriveront à échéance en 2020 dans la région», analyse le quotidien.

Dans ce contexte difficile, il faut s’attendre à un fort ralentissement de la croissance cette année, avertit le FMI. Avant la crise du coronavirus, le FMI avait déjà réduit ses projections pour la région Mena en raison de la faiblesse des prix du pétrole, des troubles politiques dans certains pays ou encore des sanctions américaines contre l'Iran. Ces dernières années, la croissance annuelle a oscillé autour de 1% en moyenne.

«Les autorités ne devraient pas lésiner sur les dépenses pour s'assurer que les systèmes de santé et les dispositifs de protection sociale sont suffisamment armés pour répondre aux besoins de leur population, même dans les pays où les budgets sont déjà restreints. Il est également préconisé de mettre rapidement en place des plans de sauvetage afin d'éviter une récession prolongée, une hausse du chômage et des faillites d’entreprises», recommande le FMI.

Par Khalil Ibrahimi
Le 29/03/2020 à 22h20