Conseil de Bank Al-Maghrib: la croissance au Maroc revue à la hausse à 6,7% en 2021

Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib.

Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib. . DR

A l’issue de sa réunion ce mardi 21 décembre 2021, le conseil de Bank Al-Maghrib a décidé de maintenir le taux directeur à 1,5%. Croissance, finances publiques, comptes extérieurs, inflation, crédit bancaire... Voici les prévisions macroéconomiques de la Banque centrale pour 2021 et 2022.

Le 21/12/2021 à 13h31

Le conseil de Bank Al-Maghrib a tenu ce 21 décembre sa dernière session de l’année 2021. Lors de cette réunion, il a examiné et approuvé le rapport annuel sur la situation économique, monétaire et financière du pays, ainsi que sur les activités de la Banque au titre de l’exercice 2021.

Retours sur les principaux points du communiqué de la banque centrale.

Lors de cette session, le conseil a analysé l’évolution de la conjoncture nationale et internationale, ainsi que les projections macroéconomiques de la Banque à moyen terme. Il a noté à cet égard que l’activité économique a connu globalement une nette reprise cette année, favorisée par les avancées notables de la campagne de vaccination et le maintien des stimulus budgétaire et monétaire. Toutefois, les nouvelles vagues de la pandémie dans plusieurs pays partenaires et les restrictions que les autorités nationales ont été amenées à mettre en place renforcent les incertitudes qui entourent les perspectives économiques. Le conseil a également pris note des dispositions de la Loi de Finances 2022.

Sur la base de l’ensemble de ces analyses, le conseil a estimé que l’orientation de la politique monétaire reste largement accommodante, assurant les conditions de financement adéquates. Il a jugé en particulier que le niveau actuel du taux directeur demeure approprié et a décidé ainsi de le maintenir inchangé à 1,50%.

Les données disponibles sur les prix à la consommation font ressortir des hausses sensibles ces derniers mois pour certains produits alimentaires et pour les carburants et lubrifiants. Cette évolution résulte essentiellement des pressions externes liées à la flambée de leurs cours sur les marchés internationaux. Elle s’est traduite par une nette accélération de la composante sous-jacente de l’inflation qui est passée de 0,7% en moyenne au cours du premier semestre à 2% au troisième trimestre et à 3,3% en novembre. Elle devrait ressortir, selon les projections de Bank Al-Maghrib, à 1,7% sur l’ensemble de cette année et se situer à 2,7% en 2022 avant de revenir à 1,8% en 2023 avec la dissipation prévue des pressions externes.

Malgré ce net accroissement de sa composante fondamentale, l’inflation devrait rester à des niveaux contenus, passant en moyenne de 0,7% en 2020 à 1,4% en 2021, à 2,1% en 2022, puis reculer à 1,4% en 2023. Sur le plan international, après la reprise de cette année, le rythme de l’activité économique sera largement tributaire de l’évolution de la pandémie, marquée ces dernières semaines par une forte résurgence des contaminations. Ainsi, après une contraction de 3,5% en 2020 et le rebond de 5,9% prévu en 2021, la croissance de l’économie mondiale décélérerait à 4% en 2022 puis à 3,1% en 2023.

Au niveau national, les progrès en matière de vaccination, le maintien des stimulus budgétaire et monétaire et la très bonne campagne agricole vont faire enregistrer à l’économie un rebond de 6,7% cette année, avec des hausses de 18,8% de la valeur ajoutée agricole et de 5,3% de celle des activités non agricoles. Au cours des deux prochaines années, le rythme de l’activité restera largement tributaire de l’évolution de la situation sanitaire aux plans national et international et des restrictions que les autorités seraient amenées à mettre en place. Les projections de Bank Al-Maghrib tablent, dans le scénario central, sur une consolidation de la croissance à 2,9% en 2022 et à 3,4% en 2023. La valeur ajoutée des activités non agricoles poursuivrait son amélioration aux rythmes de 3,2% en 2022 et de 3,4% en 2023 et, sous l’hypothèse de récoltes céréalières moyennes de 75 MQx annuellement, celle du secteur agricole reculerait de 2,8% en 2022 et progresserait de 2% en 2023.

Sur le plan des conditions monétaires, le taux de change effectif réel devrait terminer l’année 2021 avec une légère appréciation de 0,6%, reflétant la hausse en termes nominaux du dirham face particulièrement à l’euro. Il devrait se déprécier sur l’horizon de prévision sous l’effet d’une inflation domestique inférieure à celle dans les pays partenaires et concurrents. Pour ce qui est du taux débiteur moyen global, il s’est quasiment stabilisé à 4,35% au troisième trimestre, avec une hausse trimestrielle de 13 points pour les prêts aux entreprises et une stabilité pour ceux aux particuliers.

Pour sa part, le besoin de liquidité des banques s’est accentué à 83,2 milliards de dirhams au troisième trimestre, traduisant l’augmentation de la monnaie fiduciaire. Il devrait s’alléger sous l’effet du renforcement des réserves de change pour se situer à 64,4 milliards de dirhams à fin 2021, avant de se creuser à 70 milliards à fin 2022 et à 83,6 milliards à fin 2023.

Sur le volet des finances publiques, à un mois de la clôture de l’exercice budgétaire de 2021, la situation des charges et ressources du Trésor fait ressortir un déficit global, hors produit de cessions des participations de l’Etat, de 68,8 milliards de dirhams, en creusement de 9 milliards d’une année à l’autre. Les recettes ordinaires se sont améliorées de 11,1%, tirées par l’accroissement des rentrées fiscales.

En parallèle, les dépenses globales se sont alourdies de 9,3%, en lien notamment avec les augmentations des dépenses de biens et services, de la charge de compensation et des transferts aux collectivités territoriales. Tenant compte d’une réduction de 12,1 milliards du stock des opérations en instance, le besoin de financement s’est établi à 80,9 milliards. Il a été couvert par des ressources intérieures d’un montant net de 69,4 milliards, dont 41,3 milliards sur le marché de la dette intérieure, par un flux net extérieur positif de 6,1 milliards et par des recettes de cessions des participations de l’Etat de 5,4 milliards.

A la lumière de ces évolutions, des données de la loi de finances 2022 et des prévisions de croissance économique, le déficit budgétaire, hors produits de cessions des participations de l’Etat, atteindrait sur l’ensemble de cette année 6,9% du PIB, avant de s’atténuer à 6,3% en 2022, puis à 5,8% en 2023.

Enfin, le conseil a validé le budget de la Banque pour l’exercice 2022, a approuvé la stratégie de placement des réserves de change et le programme d’audit interne, et a arrêté les dates de ses réunions ordinaires au titre de la même année au 22 mars, 21 juin, 27 septembre et 20 décembre.

Par Safae Hadri
Le 21/12/2021 à 13h31