Comment stimuler l’investissement privé au Maroc? Mohcine Jazouli livre sa recette au patronat

Mohcine Jazouli (à gauche) ministre délégué chargé de l'Investissement, et Chakib Alj, président de la CGEM, lors d'une rencontre organisée au siège de la Confédération patronale, à Casablanca, le 8 novembre 2021.

Mohcine Jazouli (à gauche) ministre délégué chargé de l'Investissement, et Chakib Alj, président de la CGEM, lors d'une rencontre organisée au siège de la Confédération patronale, à Casablanca, le 8 novembre 2021. . CGEM

Se montrant rassurant et à l’écoute des doléances des chefs d’entreprises, le ministre délégué chargé de l'Investissement, de la Convergence et de l'Evaluation des politiques publiques a décliné, ce lundi 8 novembre 2021, les actions que son département compte entreprendre afin de stimuler l’investissement privé au Maroc. Les détails.

Le 08/11/2021 à 14h55

Mohcine Jazouli était l’invité, ce lundi 8 novembre, de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). Au menu de cette rencontre, la problématique cruciale de l’investissement privé au Maroc, qui peine à décoller et à jouer son rôle de moteur de la croissance.

Avant de décliner les actions que son département compte entreprendre afin de stimuler l’investissement privé au Maroc, Mohcine Jazouli a dressé un diagnostic sans détour de la situation actuelle. Ainsi, malgré l’un des taux les plus élevés au monde, qui se situe à environ 30% du PIB, l'investissement au Maroc est caractérisé par un réel manque d’efficience.

«A niveau d’investissement similaire, l’économie marocaine enregistre une croissance moyenne de 4% par an quand l’économie de certains pays concurrents croit à plus de 6% par an», a souligné le ministre, qui explique cette situation par au moins deux facteurs. D’une part, l'investissement au Maroc est majoritairement porté par l’Etat, puisque le public représente 2/3 des investissements alors qu’il représente la plupart du temps moins de 15% ailleurs; d’autre part, l’investissement privé n’est pas assez orienté vers les secteurs créateurs d’emploi et de valeur ajoutée.

«Au sein du gouvernement, nous sommes tous alignés et fortement mobilisés pour répondre à cette problématique», a assuré le ministre, affirmant que des signaux forts traduisant cette volonté ont d'ores et déjà été envoyés aux chefs d’entreprises. Mohcine Jazouli a cité en premier lieu le niveau record de l’investissement public prévu par le projet de loi de finances 2022 et qui se situe à 245 milliards de dirhams, ce «qui permettra de relancer la dynamique économique et servir de locomotive au secteur privé national».

Il a cité également l’amélioration permanente de l’environnement des affaires à travers notamment la promulgation «très prochainement» de la nouvelle Charte de l’investissement qui aura pour objectif d’offrir un nouveau cadre incitatif aux opérateurs privés.

Mohcine Jazouli a par ailleurs mis en exergue les efforts entrepris par le gouvernement pour faciliter l’acte d’investir, à travers notamment la simplification et la digitalisation des procédures administratives, et pour accompagner le financement des projets d’investissement à travers, entre autres, l’activation du Fonds Mohammed VI pour l’investissement.

Lever les obstacles à l’acte d’investirMais il faudra en faire plus, au regard des entraves qui freinent l’investissement privé au Maroc. Des entraves que Chakib Alj, président de la CGEM, n’a pas manqué d’énumérer: un accès limité au financement, une fiscalité peu incitative, des coûts de production élevés, un accès difficile à du foncier industriel de qualité et compétitifs… Autant d’obstacles à l’investissement des entreprises privées que la CGEM propose de corriger d’urgence, à travers une série de recommandations compilées dans un livre blanc, présenté il y a trois semaines, et qui visent à instaurer un environnement des affaires plus compétitif, «qui donne envie d’entreprendre», selon la formule utilisée par le patron des patrons.

Parmi ces recommandations, figurent la création d’une banque publique d’investissement orientées TPME, l’injection de quasi-fonds propres dans des entreprises affectées par la crise et opérant dans les secteurs stratégiques, la baisse du coût de l’énergie à travers la libéralisation du marché de la moyenne tension et la promotion de l’autoproduction en énergie propre, la mise en place du crédit-impôt investissement, ou encore l’assouplissement du Code du travail.

Mohcine Jazouli s’est dit à l’écoute de ces doléances, assurant que l’équipe gouvernementale est «décidée» à lever ces entraves, en s’appuyant sur une démarche participative. «Le gouvernement est parfaitement conscient des principales problématiques que rencontrent les investisseurs, que ce soit en termes d’accès au foncier, de coût de l’énergie ou encore de procédures administratives», a-t-il affirmé. «Je suis là pour que l’on définisse ensemble la feuille de route qui fait de vous, opérateurs, les principaux acteurs de la dynamisation de notre économie», a-t-il ajouté.

«Grâce à de nombreux atouts, notre ambition commune doit être celle d’ériger le Maroc comme une destination phare pour les investissements nationaux et internationaux. Pour ce faire, nous devons nous fixer des objectifs ambitieux et atteignables», a fait savoir le ministre. L’un de ces objectifs consiste à inverser la répartition actuelle entre les investissements public et privé pour atteindre 2/3 d’investissement privé et 1/3 d’investissement public à horizon 2035.

Mais, a prévenu le ministre, ce travail ne pourra être réalisé qu’à travers une concordance parfaite et une concertation avec l’ensemble des intervenants ayant un rôle à jouer en matière d’investissement. «Il existe aujourd’hui un réel besoin de convergence, mais aussi une exigence d’évaluation et d’efficacité de l’action publique. Mon ministère veillera à tout mettre en œuvre pour relever les défis qui se présentent à nous et assurer un dialogue permanent entre les pouvoirs publics et le secteur privé, que vous représentez», a conclu Mohcine Jazouli.

Par Amine El Kadiri
Le 08/11/2021 à 14h55