Brexit: le coût de l’incertitude

DR

Revue de presseKiosque360. Les trois reports du Brexit consentis cette année ont permis, jusqu'à présent, d'éviter un divorce chaotique. Mais ils ont un coût: celui de l'incertitude qui se prolonge.

Le 05/11/2019 à 21h19

Le divorce était censé avoir lieu le 29 mars dernier. Et il aura lieu, sauf nouveau rebondissement, près d'un an plus tard, le Premier ministre Boris Johnson n'ayant pas réussi à convaincre les députés de suivre la voie qu'il proposait. Mais si ces trois reports consentis cette année ont permis, jusqu'à présent, d'éviter un divorce chaotique, ils ont un coût, celui de l'incertitude qui se prolonge, essentiellement palpable au Royaume-Uni, peut-on lire dans les pages web de rts.ch.

Patrick Artus, chef économiste de Natixis, relève que, depuis trois ans, l'incertitude liée au Brexit a mené à un blocage complet des investissements d'entreprises au Royaume-Uni. "Pour l'instant, le Royaume-Uni, comme il y a moins d’investissements, donc moins de capital, moins d’équipements installés, a perdu un demi-point de croissance à long terme, un demi-point par an de croissance potentielle. Donc le gros choc, c’est celui-là", souligne l'économiste.

Les entreprises britanniques sont devenues frileuses, de même que, surtout, les entreprises étrangères qui produisent au Royaume-Uni. L'industrie européenne est présente, en particulier l’aéronautique, avec Airbus et ses sous-traitants, et l’automobile, avec BMW ou Peugeot, par exemple. Ces constructeurs se demandent s'ils vont continuer à produire au Royaume-Uni, après le Brexit.

Patrick Artus juge toutefois que la plupart des entreprises qui produisent au Royaume-Uni estiment qu'il n'est pas vraiment dans leur intérêt de désinvestir: "Le Royaume-Uni reste un endroit extrêmement compétitif pour produire. Une heure de travail dans l'industrie, y compris toutes les charges sociales qui vont avec, cela coûte 25 euros au Royaume-Uni contre 35 euros en France et en Allemagne."

Pour l'économiste, les multiples reports du Brexit déboucheront sur un divorce ordonné, c’est-à-dire sans rupture immédiate des liens économiques. En attendant, l’économie européenne doit vivre avec l’incertitude. Mais pour les Européens, ce n’est probablement pas le plus problématique, rapporté à l’ensemble des difficultés auxquelles fait face le continent. À commencer par le ralentissement du commerce mondial.

Par Fayçal Ismaili
Le 05/11/2019 à 21h19