Accord d’Agadir: le Maroc à la traîne

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Revue de presseKiosque360. Le royaume ne profite pas pleinement des potentialités offertes par cet accord qui a instauré une zone de libre-échange avec la Tunisie, l’Egypte, le Liban, la Palestine et la Jordanie. Le Maroc est largement déficitaire vis-à-vis de certains partenaires comme l’Egypte ou la Tunisie.

Le 14/03/2019 à 20h30

Le Maroc serait-il en difficulté face à ses partenaires en ce qui concerne l’Accord d’Agadir? Oui, répond La Vie Eco dans sa livraison en kiosque ce vendredi. Rappelons que cet accord signé en 2001 par le Maroc, la Tunisie, l’Egypte, le Liban, la Palestine et la Jordanie, et entré en vigueur en 2007, avait pour objectif de créer une zone de libre-échange euro-méditerranéenne. Le journal précise qu’il visait notamment, à terme, à accroître les capacités d’exportation de ces pays vers l’Union Européenne. Mais, aujourd’hui, ces six pays se livrent plutôt une concurrence féroce sur leurs marchés respectifs, et le Maroc se retrouve vraiment en mauvaise posture, principalement par rapport à l’Egypte et à la Tunisie. En effet, le déficit commercial entre le royaume et l’Egypte ne fait que s’accentuer, enregistrant une progression de 192% en 2017 par rapport à 2016, pour ainsi s’établir à 3,8 milliards de dirhams contre 3,1 milliards de dirhams à fin septembre 2018.

La Vie Eco indique aussi que la situation avec la Tunisie est similaire, puisque le Maroc avait un déficit vis-à-vis de ce pays voisin de 1,1 milliard de dirhams en 2017 et 1,2 milliard de dirhams à fin septembre 2018. Le tableau est le même avec la Jordanie, alors que le Maroc était excédentaire jusqu’en 2017.

L’hebdomadaire souligne que la situation commence à inquiéter beaucoup d’opérateurs, alors que le ministère de l’Industrie et du commerce essaie de temporiser. Aujourd’hui, les opérateurs souhaitent que les raisons de cette situation soient identifiées. La Vie Eco pointe d’emblée du doigt le fait que les différents accords de libre-échange signés par le Maroc ont été mal ficelés et totalement improvisés. «Avec des pays comme l’Egypte et la Tunisie, le Maroc se bat sur les mêmes marchés avec les mêmes produits, en l’occurrence la confection, l’agro-industrie et le textile. Les produits potentiellement exportables vers ces pays sont difficilement acheminés: voitures, électroménager… C’est après avoir signé l’accord qu’on s’est rendu compte que nous ne disposions pas d’offre exportable et qu’il fallait d’abord la constituer», déplore un économiste, cité par le journal, qui fait remarquer que des boîtes à pizza sont importées d’Egypte, puisque ce pays a des coûts énergétiques bas et une main d’œuvre bon marché lui permettant de proposer des produits à des prix attractifs. «Nous ouvrons notre marché dans la logique de suivre une dynamique mondiale. Mais dès que le produit qui vient de l’extérieur est plus compétitif, les lobbys intérieurs demandent l’activation des clauses de sauvegarde pour protéger le produit national, ce qui crée une ambiance malsaine», fait aussi remarquer un analyste, cité par La Vie Eco, qui se demande d’ailleurs si les industriels marocains ne seraient pas mauvais joueurs.

Par Ismail Benbaba
Le 14/03/2019 à 20h30