Son retour, ses projets et rêves, "sa" télé et son confinement: tout sur la talentueuse Sanâa Alaoui

Sanâa Alaoui, actrice. 

Sanâa Alaoui, actrice.  . DR

L'actrice marocaine à la carrière internationale Sanâa Alaoui campe le personnage de Ferdaous dans "A Sir Al Madfoune" de Yassine Fennane diffusé sur 2M durant ce ramadan. C'est sa première véritable apparition à la télévision. Elle en parle dans cet entretien.

Le 04/05/2020 à 11h50

Vous faites votre apparition pour la première fois dans une série télévisée marocaine diffusée durant ce ramadan sur 2M. Qu’est-ce qui a motivé ce choix?Yassine Fennane et Mohamed Jamai (de la maison de production Connexion Media) m’avaient donné rendez-vous le 6 août dernier à Casa autour d’un café, accompagnés de Said Mniouli (directeur de casting). Je connaissais Yassine personnellement en tant qu’ami, même si on ne s’était pas vu pendant longtemps.

Nous avons discuté à bâtons rompus et j’ai tout de suite senti une belle énergie et un bon feeling, en plus il faisait très beau ce jour- là. Ils m’ont envoyé la bible du projet et là je suis vraiment tombée amoureuse de mon personnage et de l’histoire. Un des éléments essentiels était cependant de savoir qui seraient mes partenaires de jeu.

Une fois que j’ai su qui allait jouer dans la série, les quatre éléments étaient réunis: bon personnage, bon projet, bon feeling, et bon casting. J’étais alors confiante pour me lancer dans l’aventure. Le tournage s’est d'ailleurs très bien passé. Yassine aime ses acteurs, c’est important, il est respectueux et bienveillant. En plus d’avoir un humour décalé qui a contribué à me détendre pour ma première réelle expérience à la TV. Quant à Mohamed Jamai, c’est le producteur idéal. Je les aime beaucoup tous les deux.

Aujourd’hui, après la diffusion des 7 premiers épisodes, je suis ravie et je félicite toute l’équipe pour son beau travail.

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Vous avez pendant longtemps refusé de jouer dans des feuilletons ou téléfilms au Maroc. Qu’est-ce qui a changé?Je ne souhaitais pas réellement jouer à la télévision au Maroc auparavant, car vivant à Paris à l’époque, j’avais une vision erronée du pays. En France, pendant longtemps, un acteur qui jouait un rôle principal dans une série, même connue du grand public, avait peu de chance d’être contacté par la suite par des réalisateurs et producteur de cinéma pour des projets intéressants. Il était catalogué «acteur télé». Netflix a changé la donne.

Je n’avais pas conscience non plus de deux éléments concernant le Maroc: la diminution des salles de cinéma, et le fait que la télévision marocaine est un vecteur essentiel, tant pour le travail d’un acteur que pour les professionnels du cinéma. C’est à la TV que les acteurs sont repérés.

Donc j’avais beau jouer des rôles principaux dans des films à l’international, cela n’avait que peu d’impact sur ma visibilité et ma carrière au Maroc. Je me suis également achetée une télé! (Rires). Plus sérieusement, j’ai redécouvert la télé au Maroc et je commence à l’apprécier à sa juste valeur. C’est un réel changement de paradigmes.

Vous avez joué des rôles principaux dans plusieurs films étrangers. Où en est votre carrière à l’international aujourd’hui? Oui et c’est une chance. J’ai pu visiter plusieurs pays, apprendre plusieurs langues, découvrir de nouvelles cultures... J’en suis très reconnaissante. Évidemment, je suis toujours en contact avec les professionnels internationaux, en France, en Belgique, en Espagne et ailleurs. Quand un bon rôle et un beau projet se présentent, j’accepte. Rien n’a changé.

Vous vous êtes récemment installée au Maroc, est-ce pour être plus proche du public marocain ou y a-t-il une autre raison?

La France est mon pays de cœur et j’y retourne souvent, mais j’avais envie de revenir aux sources. J’ai ressenti le besoin de revenir à moi, à mon être profond. Un retour à la terre de naissance était donc un chemin logique. Cela n’a d’ailleurs pas du tout été évident.

Parce que très imprégnée de la culture de l’Hexagone, tout me paraissait si différent. J’étais totalement dépaysée. Et je n’exagère pas. Les premiers jours, j’étais fascinée par ce beau soleil, exactement comme une touriste. Habituée à un rythme parisien rapide et des interactions «distantes», je ne comprenais pas pourquoi des personnes que je ne connaissais pas comme la caissière, le monsieur d’un service client, et caetera., me demandait naturellement «comment ça va?». Je me sentais comme une Marocaine étrangère dans son propre pays.

J’ai dû faire un gros travail sur moi pour lâcher mes vieilles habitudes, lâcher prise, ralentir la cadence... Je me suis rendu compte que l’on pouvait être efficace en ralentissant le rythme, ce qui m’a amené naturellement à vivre au moment présent. Je n’y arrive pas encore, mais j’y travaille.

Bref, pour répondre plus exactement à votre question, à la base, quand j’étais en train de quitter la France, j’étais dans une démarche de dématérialisation. J’ai d’ailleurs jeté tous mes meubles et les 3/4 de mes fringues. Je voulais partir en quête spirituelle au Tibet. C’est d’ailleurs toujours mon projet.

C’est ma mère qui a insisté - ayant trouvé mon projet farfelu- pour que je rentre et s’est inquiétée quand elle a entendu le mot Tibet! (Rires). Je la remercie parce que mon retour au Maroc est le début de ma quête spirituelle. Comment aller vers son être profond sans avoir exploré son être incarné ici sur Terre, et par conséquent commencé par revenir aux sources: ses origines, son pays.

Voilà, l’origine de mon retour «chez moi» est avant tout spirituelle. Et comme l’univers est parfait, plus on se rapproche de soi, plus on se rapproche des meilleures choses pour soi.

En plein confinement à Casablanca, qu’est ce qui vous manque le plus et que vous avez hâte de retrouver?Franchement, cela n’a pas changé grand-chose à ma vie. A part le fait que j’ai envie de prendre ma famille dans mes bras. Je ne suis pas une fervente fan des sorties à la base, ni des soirées bruyantes et pleines de monde... Je chéris mon intimité et le calme et j’aime rencontrer peu de personnes, loin du bruit. Peut-être un peu trop...

Le seul truc que je souhaiterais peut-être est de ne plus aller faire mes courses avec un masque, mais j’ai trouvé l’expérience intéressante et même drôle. 

En fait, je fais partie de ces personnes qui voient un côté très positif à cette pandémie. Certes des personnes sont décédées et je prie pour elles et leurs familles, mais des gens meurent tous les jours des choses les plus banales et dont on parle peu. Prenez le sucre par exemple, c’est la plus grosse addiction au monde et l’origine de plein de maladies: diabète, hypertension, obésité, certains cancers... Mais personne n’en parle, car cela fait tourner l’industrie mondiale.

Ce que ce confinement m'a appris en revanche, c'est mon envie de changer. Je souhaite sortir davantage. Cela m’a fait prendre conscience à quel point je vivais perchée dans mon monde, au point où je ne sais presque jamais quel jour nous sommes ... Je fais un réel effort pour m’incarner dans le temps et l’espace. Donc après le confinement, je sors (rires). 

Par Qods Chabaa
Le 04/05/2020 à 11h50