"Mort à vendre", Bensaïdi fait trembler les écrans et les âmes

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Le dernier long-métrage du réalisateur marocain sort sur les grands écrans de l’Hexagone ce mercredi 21 août.

Le 19/08/2013 à 16h43, mis à jour le 21/08/2013 à 08h18

Si le réalisateur vit en France, il a toujours, jusqu’ici, réalisé ses films dans son pays d’origine. Né le 14 mars 1967, le jeune Faouzi Bensaïdi commence par entreprendre une formation de comédien à l'Institut dramatique de Rabat avant de poursuivre ses études au Conservatoire national supérieur d'art dramatique de Paris. Après s’être d’abord intéressé au théâtre et à la mise en scène, il réalise, à partir de 1997, plusieurs courts métrages dont le plus mémorable restera certainement "La Falaise", récompensé à 23 reprises dans le cadre de divers festivals.Depuis maintenant une dizaine d’années, Faouzi Bensaïdi se consacre au long métrage. Et les films de ce réalisateur, acteur, scénariste et artiste qui cumule donc les talents sont loin d’être passés inaperçus et ont suscité l’intérêt des plus prestigieux festivals de cinéma. Aussi, après avoir, en 1999, co-écrit le scénario du film "De Loin" d'André Techiné, l’artiste présente, en 2003, son premier film "Mille mois" qui sera projeté, la même année, au Festival de Cannes, dans la catégorie "Un certain regard".

Polar, histoire d’amour, drame social ?

Pour "Mort à vendre", Faouzi Bensaïdi a obtenu l’appui du réalisateur de ces inoubliables chefs-d’œuvre du cinéma que seront toujours "Taxi Driver" ou "Raging Bull". Oui, vous l’aurez compris : il s’agit bien de Martin Scorsese en personne ! Et nul doute que les deux réalisateurs se seront reconnu une même sensibilité au monde. A un monde suscitant sentiments mêlés d’amour, de générosité, de colère et d’amertume s’entrechoquant en permanence tant les idéaux restent inatteignables. Et ce n’est pas pour rien que les critiques hésitent à le classer dans le "polar", "l’histoire d’amour", ou "le drame social". Car "Mort à vendre" est tout cela à la fois et se passe de catégorie.

Alors qu’il pensait d’abord tourner son film à Tanger, Faouzi Bensaïdi, après avoir pourtant passé une année dans cette ville mythique du Nord du Maroc, a finalement opté pour la ville de Tétouan, ville de ses parents, qui lui aura offert ses "premiers souvenirs", réveillés au hasard d’une retraversée de cette terre de l’enfance : "Il s'est passé quelque chose. Les souvenirs sont remontés, il est devenu évident que l'histoire de ces trois garçons passerait par une ville comme celle-là, une ville où dès le départ tout rêve est voué à se brûler les ailes", confiera en effet le cinéaste sur TV5 Monde.

Et c’est bien l’histoire de trois jeunes gens que le film met en scène. Trois jeunes gens, Allal, Malik et Soufiane, ou trois âmes à la dérive qui rêvent d’une vie par-delà la frontière suffocante d’une réalité sise entre l’infini de l’horizon méditerranéen et l’étrange bouclier de montagnes sur lesquelles on ne s’adosse que pour mieux rêver autres mondes. Trois jeunes délinquants unis comme des frères et qui rêvent d’autre chose. Allal, l’aîné du groupe, vient à peine de sortir de prison quand il décide de convaincre ses amis de délaisser les petits vols à la tire pour faire un gros coup. Une jeune prostituée, Mounia, offrira à Malik une autre raison de vivre : l’amour deviendra un autre combat pour le jeune homme qui cherchera à sortir la jeune femme de son milieu. Soufiane, quant à lui, se retrouva embrigadé par un groupe islamiste. Et Faouzi Bensaidi de confier à l’AFP : "Le film est très noir, oui, avec cette idée qu'il n'y a pas de sortie de secours, de futur mais en même temps il est traversé par une espèce d'énergie comme une envie de vivre de ces jeunes". Polar, histoire d’amour, drame social ? "Mort à vendre" est tout cela à la fois : une critique sociale, une histoire où l’amour reste porteur d’espoir, un questionnement à la fois tragique, philosophique et sentimental de la condition humaine. Emouvante et poignante, en l’occurrence.

Par Bouthaina Azami
Le 19/08/2013 à 16h43, mis à jour le 21/08/2013 à 08h18