Leïla Slimani quitte les réseaux sociaux: son coup de gueule contre la haine

La romancière franco-marocaine Leïla Slimani, le 11 janvier 2018 à Paris.

La romancière franco-marocaine Leïla Slimani, le 11 janvier 2018 à Paris. . AFP

L’écrivaine marocaine qui réside en France a annoncé quitter les réseaux sociaux pour de bon. Une décision motivée par le climat de haine ambiant.

Le 20/10/2020 à 14h58

Sur le compte Instagram de celle à qui l’on doit plusieurs bestsellers, à l’instar de «Une chanson douce» ou «Dans le jardin de l’ogre», un dernier post.

Une couverture de livre plus précisément, «Au revoir et merci» de Jean d’Ormesson. Le titre est bien entendu de circonstance et le post qui accompagne cette dernière publication sonne comme un adieu.

«Aujourd’hui j’ai décidé de quitter définitivement les réseaux sociaux, de ne plus utiliser Instagram ou Facebook», annonce ainsi Leïla Slimani.

«Je ne veux plus cautionner des réseaux où la haine s’étale sans filtre, où aucune surveillance n’existe, où c’est le règne de l’impunité et de la démagogie. Et où leurs fondateurs, dans leurs bureaux de la Silicon Valley, n’ont aucun compte à rendre», décrète-t-elle. Des propos lourds de sens et qui ne sont pas sans rappeler l’alerte lancée par le documentaire produit par Netflix, «Derrière nos écrans de fumée», afin de dénoncer les dérives occasionnées par les réseaux sociaux.

«Je ne peux pas faire comme si mes amis n’allaient pas me manquer, leurs posts amusants, littéraires, poétiques m’ont touchée et fait rire. J’ai pu y rencontrer des gens, entrer en dialogue avec eux et je suis sûre que je trouverai de nouveaux moyens de le faire. J’ai pu y parler de mon travail, faire connaître mes livres et rencontrer des lecteurs», tempère ensuite Leïla Slimani, bien consciente de l’importante place occupée par les réseaux sociaux dans la vie sociale et professionnelle de tout un chacun. Toutefois, au lendemain de la mort de Samuel Paty, professeur décapité en France par un fanatique, la haine ambiante semble avoir eu raison des quelques avantages présentés par ce moyen de communication aux yeux de Leïla Slimani.

«Tant que ces réseaux seront une arène où les fanatiques, les haineux, les racistes tordront le concept de liberté d’expression à leur profit, ce sera sans moi. Ces réseaux ne sont puissants que parce que nous y sommes si nombreux. Ce soir je me déconnecte pour de bon, le temps de vous dire au revoir et merci. Ce soir, je fais silence et mon silence est un hommage à ceux que la haine a tués», conclut Leïla Slimani dont le geste fort symbolique pourrait en inspirer plus d’un.

Par Zineb Ibnouzahir
Le 20/10/2020 à 14h58