Le Nigeria au cœur de l'exposition de Safaa Erruas à Paris

Safaa Erruas, artiste plasticienne.

Safaa Erruas, artiste plasticienne. . Brahim Taougar Le360

Safaa Erruas dévoile ses oeuvres récentes jusqu’au 28 juillet à la galerie Dominique Fiat à Paris. Cette série, résolument africaine, repose sur des rencontres au Nigeria.

Le 08/06/2018 à 13h58

L’artiste plasticienne Safaa Erruas expose ses œuvres récentes jusqu’au 28 juillet pour la deuxième fois à la galerie Dominique Fiat à Paris. Dans cette exposition intitulée «Deep Inside», Safaa Erruas mène une réflexion approfondie sur les liens entre le Maroc et le Nigeria. L’artiste a été influencée par ce pays qu’elle a visité il y a quelques années.

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Elle s’est rendue à un séminaire du Goethe Institut sur le thème «Art et Archives» où s’exprimaient plusieurs intellectuels, des commissaires d’exposition -dont Okwui Envezor-, ou encore des artistes tels que JK Okhai Ojeikere. Safaa Erruas restera profondément marquée par sa rencontre avec ce dernier qui décèdera quelques mois plus tard.

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Ojeikere observait la société nigériane qui l’entourait, rassemblant des images. Son travail portait sur différents thèmes sociétaux, les enfants, le sport, la publicité, la mode, l’architecture, les arts et traditions du Nigeria. 

C’est dans cet esprit qu’il a collectionné plus d’un millier d’images pour sa série consacrée aux coiffures de femmes mariées et de jeunes filles, au quotidien ou pour les occasions spéciales.

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Dans son installation «La Famille, 2017», Safaa Erruas lui rend hommage, car elle a été frappée au cours de ce séjour par des signes impalpables, des rapprochements, des complicités en filigrane qu’elle a ressentis entre Marocains et Nigérians, sans doute des connexions perdues depuis très longtemps, évanouies avec la disparition des routes de l’esclavage entre Afrique sub-saharienne et Afrique du Nord. Sujets tabous dans les familles marocaines, ils n’existent plus que par vagues évocations.

A Lagos Safaa Erruas a également découvert l'existence du grand poète Christopher Okigbo qui a payé de sa vie au combat, son amour de la patrie et la défense de ses valeurs humanistes d’ouverture d’esprit, de liberté. Il est tombé en 1967 au combat pour l’indépendance du Biafra, il avait 35 ans .

Sa petite fille Sofia Dati a remis à Safaa Erruas tout un ensemble de textes et poèmes afin qu'elle puisse réellement découvrir sa pensée et s’en inspirer.

L’artiste a créé pour l’exposition un ensemble d’oeuvres à son hommage et également en hommage à Ahmed Chawqi, écrivain et poète égyptien mort l’année de la naissance d’Okigbo, et animé des mêmes valeurs.

Ahmed Chawqi poète et dramaturge est considéré comme l’un des pionniers de la littérature moderne arabe et l'un des plus importants.

Par Khalil Ibrahimi
Le 08/06/2018 à 13h58