Abdelwahab Doukkali: «Les mendiants valent mieux que les artistes»

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Revue de presseKiosque360. Le grand musicien Abdelwahab Doukkali a ouvert le feu sur le Bureau marocain des droits d’auteur, en l’accusant de sous-rémunérer les artistes qui n’ont plus de quoi vivre décemment.

Le 21/03/2015 à 06h41

Une sortie publique qui promet de faire couler autant d’encre … que de larmes. Celle que vient de signer, la mort dans l’âme, «le Messager de l’amour», Abdelwahab Doukkali. Tenez, «les mendiants valent mieux que les artistes», a dégainé le doyen des musiciens marocains, dans une déclaration à Assabah, rapportée dans son édition weekend.

Vrai, faux, le fait est pourtant là. Et il n’y a vraiment pas de quoi être fier. La situation de l’artiste marocain, du chanteur en particulier, est trop peu enviable, déplore Abdelwahab Doukkali, qui pour une fois perd son légendaire sens de l’humour et nomme les choses par leurs noms. «Les artistes sont sous-rémunérés par le Bureau marocain des droits d’auteur », s’indigne l’artiste, en s’étonnant que ces «rémunérations», -une misère !-, aient été dernièrement revues à la baisse par le même BMDA, tant et si bien que le mendiant n’a plus rien à envier à l’artiste.

«Si ces gens-là ne sont pas capables de travailler, eh bien qu’ils s’effacent et laissent les artistes reprendre leur propre destin en main», s’est écrié Abdelwahab Doukkali, en précisant que la situation de l’artiste a empiré au point qu’on ne peut plus garder le silence. «Un mendiant peut récolter jusqu’à 200 dirhams par jour, 10.000 DH par mois, alors que l’artiste se contente de miettes en contrepartie de ses oeuvres artistiques», a-t-il regretté, en marquant sa forte désapprobation pour cette situation devenue insoutenable.

A toutes fins utiles, précisons que l’interprète de «Moul tounobil», l’un des hits inoxydables d’Abdelwahab Doukkali, ne fait évidemment pas partie de cette catégorie. Abdelwahab, on le sait, se passerait des «miettes» du BMDA comme de sa première motocyclette. Mais passons, car qui ne connaît la fibre humaniste du «Messager de l’Amour» ? «Cela me fait de la peine que des artistes ayant fait la légende de la chanson marocaine croupissent aujourd’hui dans la pauvreté», s’est-il ému, sur les colonnes d’Assabah. Au passage, Abdelwahab Doukkali n’a pas hésité à planter une pique aux propriétaires des hôtels, cabarets et autres boîtes de nuit qui veulent bien exploiter les chansons des artistes mais rien payer en retour.

Face à cette situation, surgit la question déconcertante : mais que fait le Bureau marocain des droits d’auteur ? Contacté par Assabah, l’adjoint au directeur du BMDA, Badreddine Radi, a admis que les artistes aient perdu patience et chargent le BMDA, il n’en demeure pas moins que ce dernier ne perçoit que 10% sur ce que les parties concernées devraient verser aux artistes. A cela, semble-t-il, il y aurait une raison. Le BMDA aurait besoin de mise à niveau pour acquérir les attributions juridiques nécessaires à cette fin.

Une question, encore : mais où est passé le contrat-programme sorti des cartons du ministère de la Communication depuis déjà 2011 pour justement concrétiser cette sainte mise à niveau ? Cause toujours, tu nous intéresses !

Par Ziad Alami
Le 21/03/2015 à 06h41