Quand Dar Dmana rime avec Nirvana et Ouezzane avec Benkirane

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ChroniqueAvant de commencer, je voudrais vous dire de la manière la plus solennelle que cette fois-ci, je vais être très sérieux. Mais je ne cesserai jamais de le répéter: je ne suis pas journaliste mais billettiste, et je revendique ma totale irresponsabilité éditoriale.

Le 21/03/2017 à 11h57

Chers lecteurs, chères lectrices, l’heure est grave et, une fois n’est pas coutume, je ne vais pas vous raconter n’importe quoi. Sans trop tarder, je vais entrer dans le vif du sujet qui est, bien sûr, la fin précipitée de la mission du chef du Gouvernement le plus populaire et le plus populiste de l’histoire de notre pays. Je ne vais pas trop m’y attarder parce que d’autres collègues m’ont devancé pour la commenter, et parce que c’est déjà une affaire classée.

En effet tout CDG le plus populaire, le plus populiste -et j’ajouterais le plus têtu et le plus obtus- qu’il était, il a été aussitôt remplacé par un de ses frères de confrérie, une confrérie qui avait juré quelques jours auparavant que M. Benkirane étant irremplaçable, personne d’autre de la confrérie ne le remplacerait. Traduction: c’est LUI ou personne. Et bien, comme on dit si bien, seuls les imbéciles ne changent pas d’avis: toute la confrérie a très vite accepté et a applaudi la désignation d’une autre personne, autre que LUI, qui a pris sa place.

Maintenant, je vais laisser le Docteur El Othmani faire son boulot et je ne vais pas le déranger. Je ne vais pas même pas dire tout le bien que je pense de lui pour ne pas que des esprits jaloux et envieux l’interprètent comme un désir de ma part de faire partie de son équipe. Cela dit, si jamais je l’intéresse, certains de ses amis et camarades ont mon numéro de téléphone. Je n’ai pas envie de devenir ministre, mais je me ferais violence pour une seule et unique raison: bosser pour mon cher peuple et pour mon cher pays.

En attendant, je reviens au titre de cette chronique, même si je vais avoir beaucoup de mal à vous montrer le rapport avec le sujet de l’heure. Je vais essayer quand même.

Je viens de passer un très bon week-end à Ouezzane, sur l’invitation d’un grand ami dont c’est la cité de tous ses amours. En vérité, Ouezzane ne m’était pas du tout inconnue puisque mon défunt père y avait vécu il y a très longtemps et c’est là que vivent encore quelques membres de ma famille. J’y vais régulièrement, parfois pour des mariages ou des baptêmes, mais parfois pour des raisons moins agréables comme l’enterrement d’un ou d’une proche. En tout cas, cette fois-si, je m’y suis éclaté. Il faisait très beau et l’air y était plus que vivifiant.

Pour ceux et celles qui ne la connaissent pas, Ouezzane est perchée sur une montagne pas très haute mais assez suffisante pour qu’on se sente ailleurs et... très supérieurs. Si vous ne le savez pas encore, c’est la cité de grands Saints vénérés par quasiment toute la population, y compris par les plus débridés et les plus agnostiques. Moi-même, j’y puise en partie mon énergie spirituelle. En effet, ça ne se voit pas du premier coup, mais si je parais avoir les pieds sur terre et la tête sur les épaules, mon esprit, lui, est souvent dans les étoiles. C’est comme ça d’ailleurs que j’arrive à m’élever au-dessus de certaines bassesses.

Les gens de celle ville, eux, ont d’autres méthodes pour s’élever. D’abord, il faut savoir que durant des décennies, Ouezzane a compté un grand nombre de bars, brasseries, restaurants et autres où l’alcool était servi très naturellement sans que cela ne gêne ni les gardiens des temples ni leurs fidèles. Aujourd’hui, il n’y a plus un seul débit officiel de boissons spiritueuses, la dernière épicerie “spécialisée” ayant été sommée de fermer il y a à peine quelques mois. Il y a eu, m’a-t-on rapporté, deux ou trois “Guerrabs” qui avaient tenté de “rendre service” aux pauvres assoiffés, mais ils auraient très vite été rappelés à l’ordre par les forces dites de l’ordre et les autorités dites compétentes.

Du coup, quand quelqu’un a envie de boire un coup, il n’a plus d’autre choix que, pour les plus nantis, de voyager ailleurs ou de faire venir le stock nécessaire, ou bien, pour les plus démunis, de se rabattre sur une eau-de-vie mortelle vendue sous le manteau plus de 5 fois son prix d’achat. Mais le plus marrant et le plus navrant dans cette affaire, c’est que c’est probablement à Ouezzane où se trouvent les meilleurs artisans qui fabriquent et vendent publiquement les plus belles pipes pour fumer le kif, dont de nombreux champs se trouvent à quelques encablures de cette ville sainte. Il est inutile de vous préciser que ce ne sont pas seulement les touristes, très rares d’ailleurs, qui les achètent pour planer.

Et Monsieur Benkirane dans tout cela? En fait, je ne crois pas qu’il était le seul responsable de ces aberrations, mais peut-être que cela l’arrangeait bien. Dans tous les cas, même maintenant qu’il est parti, je ne crois pas que les choses vont changer. Mais, comme d'habitude, ce sont les plus faibles qui vont continuer de trinquer.

Maintenant, je n’ai plus qu’à vous souhaiter un très bon printemps et vous dire vivement la fin de toute cette hypocrisie politique et sociale.

Et vivement mardi prochain. 

Par Mohamed Laroussi
Le 21/03/2017 à 11h57