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ChroniqueJe suis agacé de constater que la politique est devenue tellement absente, tellement insignifiante que j’ai vraiment peur qu’elle devienne un jour carrément inexistante

Le 29/03/2016 à 11h12

Quand j’ai dit à un ami qui me demandait quel serait le sujet de ma chronique de cette semaine, je lui ai répondu que j’avais envie d’écrire sur les prochaines élections. Il m’a rétorqué aussitôt: «Mais, c’est en octobre, et c’est encore loin…».

En vérité, cette réplique, je m’y attendais un peu. Ce n’était pas la première fois qu’un de mes amis ou de mes proches me faisait remarquer que j’étais quelqu’un de trop pressé et de trop stressé. Pourtant, je ne me sens ni l’un ni l’autre, mais juste un peu agacé.

Je suis agacé de constater que la politique est devenue tellement absente, tellement insignifiante que j’ai vraiment peur qu’elle devienne un jour carrément inexistante.

Je ne sais pas si vous avez remarqué que les gens chez nous parlent de tout, c’est-à-dire de la pluie qui tombe ou qui ne tombe pas, du beau temps qui revient ou qui n’est jamais parti, du foot et des coups de pied qu’on y donne, du prix des oignons qui fait pleurer les ménagères, de nos artistes qui disparaissent les uns après les autres, de l’heure qui n’arrive pas à rester en place, ou même de la télé qui n’arrête pas de les narguer mais qu’ils regardent quand même, bref, ils parlent de tout, mais, de politique, presque pas du tout.

Ce qui est drôle, c’est que je me souviens que même durant les périodes les plus sombres de la répression, on chuchotait parce que les murs avaient des oreilles, et on se cachait parce que les flics avaient des matraques, mais on adorait débattre de la politique. Il faut dire qu’à cette époque-là, on avait de vrais partis et une vraie classe politique. Mais, tout ça, c’était avant. Car, aujourd’hui, la politique ne semble plus intéresser grand monde, à commencer par les politiciens eux-mêmes.

Bien sûr, de temps à autre, on entend ça et là des déclarations tonitruantes de certains leaders de partis ou autres, lesquelles déclarations sont faites plus pour amuser la galerie que pour mobiliser les masses, des masses qui sont démobilisées depuis déjà un bon bout de temps. Justement à propos de mobilisation, je pense à ces fameuses élections dont je parlais plus haut. Je ne sais pas si vous vous rendez compte, mais c’est pour octobre prochain, et donc, c’est pour demain.

En effet, nous sommes pratiquement au mois d’avril. Alors si on enlève mai et juin, qui sont des mois des examens, y compris l’épreuve du ramadan, juillet et août qui constituent la saison des congés payés et des vacances à crédit, et enfin septembre le mois de la rentrée scolaire et des sorties d’argent, on va voir qu’octobre va arriver en courant et à pas de géant.

Pourtant, voyez vous-mêmes, personne ne semble pressé de l’accueillir ni même de préparer son arrivée. Comme me rappelait récemment un de mes amis, la préparation n’a pas beaucoup d’importance puisque dans tous les cas, en fin de compte, on va finir par avoir des élus comme toujours.

Oui, bien sûr, lui ai-je répliqué, mais que valent des élus sans électeurs ? Et là, il m’a ri au nez en me rétorquant qu’une des spécificités du Maroc, c’est qu’on n’a pas besoin de beaucoup de voix pour se faire entendre, et qu’après tout, la démocratie se fait grâce à ceux qui votent et pas ceux qui râlent. Je ne me suis pas du tout senti visé, mais j’avoue qu’il m’a donné un peu à réfléchir.

Au fond, je crois que mes amis ont raison et que je devrais cesser de me prendre la tête et laisser mes concitoyens et ceux qui les gouvernent avancer à leur rythme, c’est-à-dire sans se presser et sans stresser. Et comme dit notre célèbre dicton: “Celui qui veut gagner, l’année est longue”. En attendant, je vous dis vivement un nouveau sursaut politique et vivement mardi prochain.

Par Mohamed Laroussi
Le 29/03/2016 à 11h12