À quand la ruée vers l’or vert du Maroc?

Zineb Ibnouzahir

Zineb Ibnouzahir . Achraf Akkar

ChroniqueEn ne légalisant pas la production de cannabis, le Maroc tourne le dos à un pactole équivalent à 23% du PIB national.

Le 07/12/2020 à 08h46

Il y a quelques jours, la commission des stupéfiants des Nations Unies (CND) annonçait qu’à l’issue d’un vote, et suite aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le cannabis avait été retiré de la liste des stupéfiants à risques où il figurait depuis 1961.

Un retrait approuvé par le Maroc et par 26 autres pays parmi lesquels l’Italie, la Suisse, les Etats-Unis, le Canada, la France, l’Australie, la Belgique, pour n’en citer que quelques uns. Dans le camp favorable à ce changement historique, le Maroc est en fait le seul pays de la région MENA à avoir voté en faveur du retrait du cannabis de cette liste, contrairement à l’Algérie par exemple qui ne voit certainement pas d’un bon œil la possibilité pour le Maroc de faire fructifier son or vert.

On ne peut pourtant que souhaiter à notre pays de légaliser un jour prochain la production et la consommation du cannabis à des fins médicinales et thérapeutiques, dans un cadre réglementé. Car d’ici 2025, on estime que le marché légal du cannabis pourrait peser entre 100 et 200 milliards de dollars au niveau mondial, et ne serait-ce que pour le seul exemple de la France, si le cannabis thérapeutique était légalisé, le marché pourrait osciller dans une fourchette comprise entre 500 millions et 2 milliards d'euros. Par ailleurs, les analystes estiment en moyenne que le taux de croissance annuelle du marché du cannabis devrait atteindre 30% d’ici 2030. Des chiffres qui laissent rêveurs d’autant plus que cette pandémie a mis à mal plus d’une économie.

Ce marché particulièrement juteux est aussi très attractif pour des pays d’Afrique malmenés par la pauvreté. Ils sont ainsi déjà quelques uns à avoir sauté le pas. Le Lesotho a ainsi autorisé la culture du cannabis à usage thérapeutique en 2017, suivi par le Zimbabwe, l'Ouganda, la Zambie et le Rwanda.

Il serait donc plus que temps pour le Maroc de s’imposer sur ce marché mondial et de légaliser ne serait-ce que l’usage thérapeutique de cette plante, car en attendant sa légalisation prochaine, c’est un énorme manque à gagner pour l’économie du pays. En effet, selon un rapport sur l'état du trafic de drogue et de substances illicites du département d'Etat américain, on estime que la production totale de cannabis pour la campagne 2015-1016 au Maroc est de 700 métriques. Un pactole équivalent à 23 milliards de dollars, soit 23% du PIB national lequel avoisinait alors les 100 milliards de dollars.

Par Zineb Ibnouzahir
Le 07/12/2020 à 08h46