Zineb Triki
Par Tahar Ben Jelloun (@Tahar_B_Jelloun) le 13/07/2015 à 12h00 (mise à jour le 13/07/2015 à 14h32)
Je voudrais vous signaler qu’une actrice marocaine est née. Elle a du talent, de la présence et du charme dit oriental, alors qu’il est typiquement marocain. Elle s’appelle Zineb Triki.
Cette fois-ci, je consacre mon coup de cœur à une femme. C’est important par les temps qui courent où nous sommes en train de censurer l’intelligence, la beauté, la création, l’audace de l’imagination, les merveilles de la culture. Attention, la régression avance, je veux dire menace de nous ramener vers une époque qui ne fut pas l’honneur de notre pays. Donc, je vais faire l’éloge d’une femme, une jeune actrice.
J’aime bien regarder les séries américaines. Elles sont en train de damer le pion au cinéma d’Hollywood. Les Français font aussi des séries. Par curiosité, j’en vois un épisode ou deux. C’est souvent décevant. Dernièrement, j’ai regardé une série créée par Canal Plus sur le monde mystérieux, étrange et bizarre du renseignement et de l’espionnage : «Le Bureau des légendes», mis en scène par Eric Rochant et auquel a collaboré notre amie Laïla Marrakchi car une partie de la série a été tournée au Maroc. Si je suis allée jusqu’au bout de ce feuilleton, c’est grâce à un visage, un beau visage, celui d’une femme brune à la longue chevelure noire et à l’allure d’une diva. Elle est vie et sensualité. Il s’agit de Zineb Triki, celle qui joue le rôle d’une Syrienne dont l’agent français à Damas va tomber amoureux (joué par Mathieu Kassovitz).
Je ne vais pas vous raconter toute l’histoire et ses rebondissements. Mais je voudrais vous signaler qu’une actrice marocaine est née. Elle a du talent, de la présence et du charme dit oriental, alors qu’il est typiquement marocain.
Je ne la connaissais pas. Normal, elle n’avait pas beaucoup tourné. Là, elle tient un rôle important et on la retrouve dans la quasi totalité des épisodes. C’est pour elle que j’ai poursuivi ma vision. Comment expliquer le phénomène de l’attraction et de la présence ?
C’est quelque chose de mystérieux. Cette actrice m’a fait penser à Ava Gardner dans ses débuts et aussi à Françoise Fabian. La ressemblance n’est pas physique, elle est spirituelle. Ces actrices portent en elles une part de magie inexplicable avec les mots.
Si j’étais cinéaste, j’écrirais un scénario rien que pour elle. Je l’engagerais même sans producteur. Car elle est de la race de ces femmes qui crèvent l’écran et qui font rêver le public. Attention, rien à voir avec ces starlettes toutes fabriquées qui se refont les seins, les lèvres, le menton, le ventre, les fesses, mais qui n’ont rien dans la tête! Zineb Triki est née pour jouer, pour nous faire croire à des histoires étranges et compliquées. Son visage, son regard prennent bien la lumière. Il émane de cette jeune femme quelque chose de profondément humain alors qu’elle a choisi de faire un métier difficile où être humain, c’est-à-dire fragile, est un handicap, une erreur. Heureusement que des actrices comme Zineb Triki n’ont pas été formatées pour que rien d’humain ne transparaisse.
Cette Marocaine née en 1980, mesure 1,78m, a fait de la danse classique (on le constate à sa manière de se déplacer) et a obtenu au Canada un bachelor en sciences politiques. Elle a fait un peu de journalisme avant de se consacrer entièrement à ce qu’elle sait faire le mieux: jouer.
Quand j’aime, je le dis. Et j’espère partager mon enthousiasme avec beaucoup de personnes.