Vivre avec!

Famille Ben Jelloun

ChroniqueJe plaide pour ouvrir les frontières en étant très sévères dans la vérification des certificats de vaccination et de test PCR. Toute falsification sera punie lourdement. On ne plaisante pas avec la santé des autres. Tant pis si cela prendra du temps à l’arrivée aux aéroports et ports du Royaume.

Le 17/01/2022 à 11h00

En général, n’importe quel virus surgit dans la société, fait des ravages durant un temps puis s’éteint. Du jour au lendemain, plus trace de virus.

Ça, c’est la normale. Avec le Covid-19, nous assistons à une nouvelle façon de faire. Non seulement, il a agi, seul au début et a tué des centaines de milliers de personnes qui étaient à risque, mais il s’est tellement plu, qu’il ne cesse de se transformer et de nous envoyer ses variants un par un. On a l’impression qu’il aime tant l’humanité, sans distinction d’âge, de fortune, de couleur de peau, qu’il s’étend démocratiquement. Personne ou presque n’y échappe. Ce fléau est une affaire nouvelle, non prévue et très préoccupante.

Jusqu’à présent, les Etats ont agi comme si la pandémie s’approchait de son terme. Or, ce terme, les scientifiques commencent à en douter. Des médias leur emboîtent le pas et indiquent que tel pays décide de s’installer dans la pandémie. S’installer c’est accepter que nous sommes condamnés à vivre avec ce virus un temps dont on ne peut définir la durée. C’est un constat acquis et peu discuté.

Que faire alors? Vivre dans la vigilance permanente, s’habituer à une nouvelle façon de vivre et banaliser le virus, d’autant plus que le dernier variant, l’Omicron, même s’il est très contagieux, n’est pas pour autant très dangereux.

Le port du masque devrait devenir systématique, et cela pour plusieurs raisons: il protège en grande partie contre le Covid et ses variants, comme il nous met à l’abri de la grippe, du rhume et d’autres maladies saisonnières. Il s’est avéré très utile pour notre santé en général. En Asie, le port du masque est une coutume même quand aucun virus n’est signalé dans le pays.

Qu’en est-il chez nous?

Des informations lues dans la presse doutent de la réouverture des frontières le 31 janvier. D’autres démontrent que la poursuite de la fermeture ne sert quasiment à rien. Ce serait un drame de plus si le Maroc reste totalement fermé, surtout que malgré, toutes ces précautions, le variant Omicron a contaminé des milliers de citoyens, avec peu de décès cependant.

Je plaide pour ouvrir les frontières en étant très sévères dans la vérification des certificats de vaccination et de test PCR. Toute falsification sera punie lourdement. On ne plaisante pas avec la santé des autres. Tant pis si cela prendra du temps à l’arrivée aux aéroports et ports du Royaume. Un contrôle systématique et sérieux, l'obligation du port du masque partout et tout le temps, le respect des gestes barrières, seront la règle.

Avec une politique rigoureuse, le Maroc redeviendra un pays ouvert, car il ne peut pas se permettre de bloquer un pan entier de son économie, le tourisme notamment, sans parler des déplacements des commerçants, des chauffeurs routiers et autres hommes d’affaires.

La vie est dans le mouvement. On peut arrêter cette «vie» quelque temps, mais arrive un moment où il faut affronter la nouvelle réalité tout en permettant aux gens de circuler, de voyager et d’échanger. A partir du moment où la troisième dose a été administrée, accompagnée d’un test PCR de moins de 48 h, le pays réduit considérablement les risques.

Le risque viendrait de ceux qui refusent de se faire vacciner. D’où la promulgation de la vaccination obligatoire pour tous. Car, le non-vacciné est non seulement un danger pour lui-même mais un contaminant pour les autres. Il est à noter que 8 personnes qui décèdent sur dix sont des non-vaccinées. La preuve scientifique est là.

Cette politique que je me permets de proposer demande de la fermeté et du courage. Quand les partisans du No-vaccin manifestent au nom de la liberté, il faut leur rappeler que la liberté de chacun s’arrête à la liberté de l’autre. Nous vivons ensemble. Pour cela, il y a un contrat social, des règles, des lois, des droits et des devoirs. Si on ne les respecte pas, on sort de la société et on devient un élément hostile et dangereux.

Il faut se résoudre à vivre avec le virus tout en l’empêchant de nous atteindre. Pour cela, c’est la fin des embrassades, des bises, des poignées de main, des accolades. Finie la promiscuité dans les hammams, dans les mosquées, dans les salles de spectacle, dans les mariages et autres festivités. Nous allons vivre comme des Nordiques: on se salue de loin, on fait juste un geste de la main, on freine ses envies et on se tient à distance. Ça va être difficile, mais c’est un tournant dans notre civilisation. Quant à la liberté, discutons-en, sans élever la voix ni recourir à des arguments fallacieux.

Par Tahar Ben Jelloun
Le 17/01/2022 à 11h00