Oui, le Maroc vaccine!

Famille Ben Jelloun

ChroniqueDiscipline et résilience. Le peuple marocain se fait vacciner et espère voir le bout de ce tunnel universel. Pendant ce temps-là, la politique française, commentée abondamment tous les jours sur toutes les chaînes de télévision, a quelque chose d’indécent.

Le 15/03/2021 à 11h00

«Le roi Mohammed VI vaccine deux fois plus vie que Macron. Un pays comme le Maroc, un pays sous-développé, un pays émergent vaccine deux fois plus vite que la France, on croit rêver… Si on vous avait, dit il y a cinq ans, qu’un pays comme le Maroc allait vacciner pour une maladie deux fois plus vite que la France, on ne l’aurait pas cru… Il faut sortir du Waterloo vaccinal!»

Voilà comment on parle du Maroc. Qu’importe l’identité de l’individu qui a tenu ce discours dans une émission à la télé. Il voulait surtout critiquer la politique vaccinale de la France. Cependant la vision qu’il a du Maroc est simpliste. Il aurait dû donner notre pays en exemple de manière positive, or là, il rabaisse le Maroc pour mettre la politique de Macron dans l’embarras. Curieuse méthode. «Sous-développé»! On préfère «émergent». Mais le ton condescendant, cachant un mépris subliminal, est insupportable.

Cela me rappelle une anecdote vécue. Enfant, nous avions à Tanger des voisins français. Un jour, le propriétaire de la maison française rencontrant mon père le félicite pour l’éducation qu’il nous a donnée: «vos enfants sont très polis, on ne dirait pas des Marocains!». Mon père, qui avait un sens de l’humour assez pointu, lui répondit: «en tout cas, vous, vous êtes bien français!».

Discipline et résilience. Le peuple marocain se fait vacciner et espère voir le bout de ce tunnel universel. Pendant ce temps-là, la politique française, commentée abondamment tous les jours sur toutes les chaînes de télévision, a quelque chose d’indécent.

Macron prend ses décisions sanitaires en tenant compte de son espoir d’être réélu l’année prochaine. C’est en fonction de sa stratégie électorale qu’il vaccine la France. Il aurait mieux valu gérer la pandémie de manière quasi-militaire, objective et sans arrières pensées. Retard partout. Cafouillage. Improvisation. Cacophonie dans les milieux scientifiques. On ne sait plus que penser ni que faire avec un couvre-feu qui commence à 18 h et dont l’efficacité est aléatoire. Pendant ce temps-là, le virus continue de faire des ravages avec une moyenne de décès de 300 personnes par jour.

On pourrait dire «Pauvre France!», mais la crise économique fait mal. Le secteur culturel est sinistré. Les transports en communs sont bondés aux heures de pointe, les supermarchés ne désemplissent pas, et on ferme les musées, les cinémas et les théâtres. Rien ne va plus. Les artistes protestent. La ministre de la Culture promet de trouver une solution dans un mois ou deux. Bref, c’est une situation qui génère de plus en plus de dépressions, de fatigue et de désespoir. Et la pandémie ne s’en ira pas du jour au lendemain.

La violence actuelle parmi les adolescents est, dans une certaine mesure, générée par cette crise où les jeunes n’ont plus de distractions, ni sportives ni culturelles. Des bandes se font la guerre et des gamins de moins de quinze ans meurent. Des familles sont endeuillées et personne ne remarque que l’origine de cette violence pourrait venir d’une plus grande violence, celle d’un confinement déguisé, celle d’une débâcle grave avec des effets dramatiques.

Le pays souffre d’un manque d’autorité. La police n’est pas respectée, encore moins aimée. Le premier ministre, un brave homme, est ridiculisé chaque jour dans des émissions à la radio ou à la télé. Beaucoup de commentateurs commentent. Beaucoup de spécialistes analysent la situation sans qu’on sache vraiment où on va. Bref, la France est en crise. Les gens n’en peuvent plus d’attendre un rendez-vous pour se faire vacciner. Or c’est le vaccin généralisé qui sauverait le pays.

Regardez la politique du Maroc. Elle est claire, transparente et efficace. Il faut dire, que cela nous le devons à Sa Majesté, qui, encore une fois a su affronter avec intelligence et perspicacité les moments difficiles. Il n’a pas les soucis d’un Macron, de plus en plus obsédé par l’échéance électorale de mai 2022.

Par Tahar Ben Jelloun
Le 15/03/2021 à 11h00