Soyons bonobos!

Fouad Laroui. 

Fouad Laroui.  . DR

ChroniqueLa différence, c’est la guerre, qui nous est propre. Les bonobos gèrent leurs conflits d’une façon plus intelligente que nous.

Le 21/06/2017 à 11h57

Un lecteur casablancais me reproche poliment –les lecteurs du 360.ma sont bien élevés– la comparaison que j’ai faite, dans mon billet de la semaine dernière, entre Donald Trump et les bonobos, ces sympathiques singes d’Afrique, comparaison qui, à mon avis, tourne entièrement à l’avantage du singe. Que non pas, me rétorque l’urbain lecteur, que non pas! Trump est certes stupide jusqu’à la moelle, subtil comme un bulldozer, laid comme un bison au brushing raté, mais il n’en est pas moins homme, pourvu de conscience –c’est important, la conscience!–, et en cela il reste au-dessus de tous les animaux.

Cher ami lecteur, j’entends ton argument mais permets-moi de te rappeler que le génome des bonobos ou celui des chimpanzés sont identiques au nôtre à 99%. Autrement dit, nous sommes des bonobos ou des chimpanzés à 1% près.

Ah, me dis-tu, mais ce 1% fait toute la différence. La conscience se loge là! Si Dieu a créé l’homme à son image, comme nous l’assure le Livre, ce n’est pas le chimpanzé qui en atteste, c’est ce 1% qui nous fait homme. Nom de D..., il y a une différence!

Oui, monsieur de Casa. La différence, c’est la guerre, qui nous est propre. Les bonobos gèrent leurs conflits d’une façon plus intelligente que nous. Si deux d’entre eux ont un problème, ils le résolvent en s’enlaçant et en se faisant des câlins. Génial, non?

Ç’aurait eu une autre gueule si le Saoudien et l’Iranien s’étaient fait des câlins, il y a quatorze ans déjà, après la destruction de l’Irak par Georges Bush en 2003, au lieu de se lancer dans cette course à la suprématie régionale qui nourrit toutes ces mini-guerres au Proche-Orient... En regardant, il y a quelques années, Poutine et le président ukrainien (je n’arrive pas à me souvenir de son nom) lors d’une rencontre glaciale arrangée par la mère Merkel et m’sieur Hollande, je priais tous les saints du calendrier pour que ces deux rudes gaillards tombassent dans les bras l’un de l'autre, comme deux bonobos slaves et portant costume. Réglé, l’absurde différend qui oppose ces deux pays frères ! Quant à l’Algérie et au Maroc, conflit encore plus absurde, je te laisse imaginer la scène.

Rien ne m’a autant ému, pour parler de quelque chose de plus récent, que ces images d’Al-Hoceima qui montraient des manifestants faisant la bise à des membres des forces de l’ordre. Si tout le monde était dans les mêmes dispositions, l’affaire rifaine serait déjà réglée.

Alors oui, lecteur casablancais et néanmoins ami, je maintiens ce que j’ai dit. Soyons plus proches de notre côté bonobo que notre soi-disant côté divin et le monde ne s’en portera que mieux.

Par Fouad Laroui
Le 21/06/2017 à 11h57