Ikea: l’histoire d’un déblocage

Le360 : Adil Gadrouz

ChroniqueLe timing de l'autorisation délivrée par les autorités locales surprend. Alors que la situation semblait se compliquait en interne, la commune de Ain Harrouda décide soudain de débloquer le dossier. En voici les raisons

Le 12/02/2016 à 17h36

L’autorisation accordée par les autorités à Ikea Maroc pour ouvrir son magasin à Zenata en a surpris plus d’un par son timing. Alors que la situation semblait se compliquer en raison des tensions sociales qui devenaient ingérables, la commune de Ain Harrouda décide soudainement de débloquer le dossier. Récit.

Bien qu’une source proche de la commune concernée, soit Aïn Harrouda, cette petite localité près de Mohammédia, nous indique que «le volet politique de la chose a joué un rôle important dans le déblocage», force est de constater que, si l’autorisation tombe aujourd’hui, c’est surtout grâce à la conjugaison de plusieurs facteurs à la fois.

On ne peut nier que l’éclaircie dans les relations entre la Suède et le Maroc a contribué à cela. D’ailleurs, comme le rapportait en exclusivité le360 en septembre dernier, l’intention du gouvernement de la Suède de reconnaître la chimérique RASD n’était pas étrangère à l’annulation de l’ouverture du magasin Ikea.

Aujourd’hui que ce projet n’est plus d’actualité, du moins à court terme, et que les relations entre les deux pays se détendent, cet argument n’est plus valable pour justifier le blocage.

Déjà à la recherche d’une paix sociale!Par ailleurs, d’autres sources proches de ce dossier soulignent que cette détente des relations marocco-suedoises coïncide également avec une tension sociale de plus en plus exaspérée avec les employés de l’enseigne. Cela aurait également encouragé les autorités locales à accélérer le processus de délivrance du fameux certificat de conformité, pour tenter de sauver les quelques 400 emplois directs (et plus de 1000 indirects) qu’a créés Ikea dans cette commune.

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Certes, ce chiffre peut sembler dérisoire, mais pas pour une commune comme Ain Harrouda, réputée être l’une des plus pauvres de la région de Casablanca-Settat. Le risque de voir ces postes passer à la trappe s’était d’ailleurs renforcé ces derniers jours avec le lancement par Ikea Maroc d’une réflexion autour d’une installation à Tanger, information également rapportée par le360 en exclusivité.La commune a voulu, semble-t-il, éviter un «déménagement» d’Ikea dans une autre ville et perdre ainsi les 400 postes directs qu’elle offrait, d’autant plus qu’au niveau des cahiers des charges, rien ne motivait la poursuite du blocage du précieux sésame.

La loi, c’est la loi!En effet, l’une des raisons qui avait justifié à l’époque la non délivrance du certificat était la constatation par les autorités locales que certains aspects du cahier des charges, sur lesquels Ikea s’était engagé, n’étaient pas encore respectés. C’est le cas par exemple de l’aménagement des voiries sur la desserte de Casablanca et son rond point ainsi que l’éclairage à proximité du site. Aujourd’hui, tout cela est achevé et le magasin devient conforme aux yeux des autorités.

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Des questions sans réponses

Ceci dit, l’obtention de ce certificat ne répond pas forcément à toutes les questions qui entourent l’installation d’Ikea à Zenata. La première est celle de la date à laquelle Ikea a sollicité la première fois l’autorisation de la commune. Dans le certificat de conformité, cette dernière précise bien que la demande ne lui a été adressée que le 18 septembre 2015, alors que l’ouverture du magasin était programmée une dizaine de jours seulement plus tard.

La deuxième question qui reste en suspens renvoie à l’impact, à la fois de la polémique sur le blocage mais aussi des tensions sociales, sur la réussite de ce projet. Enfin, et c’est sans nul doute la question qui taraude le plus les esprits: quand est ce qu’Ikea ouvrira réellement ? Car, faut-il le rappeler, l’autorisation de la commune ne veut pas forcément dire qu’Ikea ouvrira rapidement.Comme l’ont rapporté certains de nos confrères, l’ouverture d’Ikea est conditionnée par l’obtention d’une autorisation de la part d’Inter Ikea Systems, entité en charge des franchises de la marque. Selon les informations qui circulent auprès de sources proches de l’enseigne, ce n’est que dans une dizaine de jour que la commission en charge de la délivrance de cette autorisation se déplacera au Maroc pour constater si oui ou non le magasin répond à ses normes.

Il faudrait donc attendre encore deux à trois semaines au moins avant qu’Ikea n’ouvre définitivement au public.

Par Younès Tantaoui
Le 12/02/2016 à 17h36