Ce n’est jamais écrit !

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ChroniqueMacron nous bouscule comme Obama l’avait fait en son temps. Je ne parle pas des présidents mais des hommes derrière le costume des présidents. Macron est un jeune marié à une vieille et Obama est un black à la tête du monde.

Le 13/05/2017 à 16h58

Jamais l’élection d’un chef d’Etat étranger n’a autant passionné les Marocains. Ce n’est pas seulement un phénomène «geek», lié à la culture internet et aux médias sociaux. Macron est le héros des ménagères, des chauffeurs de taxi. Et des élites bien pensantes, bien entendu.

Mais il y a Macron et Macron. Le Macron dont je parle ici n’est pas celui que les Français ont installé à l’Elysée. Un monde les sépare. Loin de la politique française, et du contexte propre à ce pays, que reste-t-il ? Des miettes ? Non, pas forcément. Il reste des préjugés, mais ces préjugés sont bons à prendre. Examinons-les rapidement.

Le Macron dont je parle est beau, et il est jeune, très jeune. La jeunesse du nouveau président frappe l’imaginaire collectif. Cette jeunesse renvoie un formidable message d’espoir, bien sûr, mais elle installe aussi le doute. Non, non, ce n’est pas possible, on ne peut pas gouverner une grande puissance mondiale en étant aussi jeune, ce président est une marionnette manipulée par les lobbys d’argent. Voilà ce qu’on dit.

Dans la même veine, on ne comprend pas qu’un homme si jeune, si beau, auquel tout sourit, soit marié à une femme qui est son aînée de 24 ans. C’est une équation difficile à résoudre. On épouse sa mère parce qu’elle est riche ou pour cacher son homosexualité. Voilà ce qu’on dit dans un mélange de misogynie et d’homophobie. On dit aussi qu’un homme doit être fou pour épouser une femme qui ne lui donnera pas d’enfants.

Personnellement, je trouve cela beau. Je jouis littéralement devant cette avalanche d’insanités. Le couple Macron est extraordinaire parce que cela fait des années qu’il affronte les regards, les préjugés, les épreuves. Quel courage, quelle persévérance, et aujourd’hui quel succès, quelle délivrance. Ce couple casse les schémas qui hantent notre imaginaire. Il nous met à mal avec nos certitudes qui sont le résultat d’une éducation religieuse longtemps considérée comme le seul moyen de codifier les choses de la vie.

Eh bien non, l’amour et la procréation ne sont pas synonymes. Et la différence d’âge ne fonctionne pas seulement dans le sens homme – femme. L’inverse existe aussi, messieurs !

Ce Macron populaire nous bouscule comme Obama l’avait fait en son temps. Je ne parle pas des présidents mais des hommes derrière le costume des présidents. Macron est un jeune marié à une vieille et Obama est un black à la tête du monde. Voilà la vision populaire des deux phénomènes. L’image de Macron aidera à établir l’équilibre femme – homme, comme Obama et ce qu’il représente avait combattu le racisme anti-noir. Et c’est tant mieux.

Les élites bien pensantes n’ont évidemment rien à faire de tous ces « clichés ». Ces gens supérieurement informés proposent une autre lecture de l’arrivée de Macron au pouvoir. C’était écrit, programmé et scellé depuis quelque temps déjà. Macron savait qu’il allait gagner au moment où il s’est porté candidat. C’est le favori des banques et des milieux d’affaire qui dominent le monde. Et tout le reste, de l’agitation du Front National au ballet médiatico-politique, n’est qu’une gigantesque pièce de théâtre. Ce n’est pas la volonté populaire ou la démocratie qui a envoyé Macron à l’Elysée mais une poignée de méchants et leurs réseaux maléfiques. Et c’était écrit d’avance. Voilà ce qu’ils disent.

Mouais !

Par Karim Boukhari
Le 13/05/2017 à 16h58